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Charente (16) Vues anciennes - 144
Neuvicq et de Crazannes. Au logis
de Bayers ce déséquilibre est exagéré
puisque l’autre angle de la façade
extérieure y est seulement pourvu
d’une grêle échauguette à cul-de-
lampe , comme à Crazannes, mais
16
avec une disproportion plus
choquante. Ce qu’il faut retenir de
ces exemples dissymétriques, c’est
précisément la hiérarchisation de la
grosse tour, qui renvoie dans une
certaine mesure à la tour maîtresse
des châteaux antérieurs. Avant de
développer ce thème qui fait le
principal chef d’intérêt du
programme du XV siècle à Bayers,
e
il convient de présenter plus avant
les dispositions générales.
Un logis-type du XV siècle
e
Le corps de logis comporte deux
niveaux résidentiels semblables
percés de fenêtres à meneaux et
vis qu’abrite une tourelle saillant hors-œuvre de la divisés en trois pièces par des murs de refends à
façade sur cour (fig. 3) . Non moins classique est la cheminées. Ces volumes intérieurs se décomposent en
présence d’une tour circulaire à un angle de la façade une salle centrale rectangulaire, que dessert directement
extérieure, concentrant l'appareil défensif (fig. 4). la tourelle d'escalier sur cour, salle encadrée de deux
pièces plus petites à peu près carrées, plutôt qualifiables
Il est fréquent dans ce type de plan, que deux tours
de chambres. Les salles bénéficient de deux travées de
semblables occupent symétriquement les angles de cette
fenêtres dans la façade extérieure, une travée sur cour
façade, comme au proche manoir, non fortifié, de
à côté de la tourelle d’escalier, et d’une cheminée de
Moutonneau, ou au logis plus imposant du château de
grandes dimensions. Les chambres du côté de l’accès, à
Montmoreau, pour ne citer que des exemples
gauche dans la cour, ont une travée de fenêtres vers la
charentais. La formule à une seule tour d’angle n’est
vallée, et une demi-travée sur cour; de plus elles
pas exceptionnelle et peut se justifier par le fait que la
communiquent avec les chambres carrées contenues
tour ne marque pas seulement un angle du logis, mais
dans la grosse tour d’angle cylindrique. Les chambres
aussi un angle majeur d’une enceinte qui englobe ce
de la dernière partie du logis, dont le mur-pignon se
logis, comme à Bayers ou au château de Barbezières. Il
confond avec un pan de l’ancienne muraille annulaire
existe à ce modèle dissymétrique une variante plus rare
du donjon primitif, ont une travée de fenêtres vers la
ou la tour n’est pas à un angle, mais adossée à la façade
vallée. On ne peut plus rien dire de la portion de façade
extérieure: c’est le cas à la maison-forte du Bouchet à
sur cour correspondante, dont le rez-de- chaussée était
Lupsaut, ou encore, hors Charente, à celle de
aveugle et le premier étage détruit avant la restauration
Montpensier à Vézières (Vienne), pourvue d’une tour
de Pierre Bonnard qui l’a reconstruite avec des fenêtres
énorme. Plus près de Bayers, le manoir de Chenon en
à meneaux. Il est probable qu’il ne s’agissait pas d’une
offre un autre exemple, avec un compromis: une
travée de façade, mais d’un mur de refend commun à
seconde tour, plus petite, existe aussi à un angle. On
une aile de dépendances formant retour d’équerre en
retrouve dans des formes plus classiques à tours bien
fond de cour, qui abritait notamment la cuisine. i )e cette
placées à l’angle, le déséquilibre entre une tour forte et
aile adossée à la muraille et couvrant la cave déjà citée,
un flanquement faible. On peut citer le manoir de La
Barre à Villejoubert, les châteaux saintongeais de 16 Le corps et la poivrière de cette échauguette ont été construits
par P. Bonnard sur le cul-de-lampe qui seul restait en place.
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