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Charente (16) Vues anciennes - 142
spécialement de tours carrées élancées du Poitou ou du Bayers suffit à l’apparenter à un shell-keep, en
sud de la Touraine comme Auxances, Château- l’occurence avec tour maîtresse intégrée. Cette tour
Guillaume, Moncontour, Le Grand-Pressigny, mais présumée carrée paraît avoir fait partie d’un premier état
aussi, dans un contexte historique et géographique plus du “donjon” de Bayers, dans lequel le périmètre clos de
proche, de celles de La Rochefoucauld et Marthon. On murs pouvait être plus réduit et fondé sur la plate-forme
peut aussi trouver des parentés avec la tour barlongue de la motte, avant que la muraille actuelle ne vienne se
de Montignac. On note cependant que ses dimensions raccorder à la face extérieure de la tour en enveloppant
en plan font de la tour de Bayers, dont on peut admettre la motte à la base. On notera dans cet ordre d’idée que
qu’elle était carrée , la plus petite de la série. Cette faible certaines tours carrées romanes nettement plus hautes
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monumentalité, et la curieuse implantation de cette tour que larges, au nombre desquelles Marthon et Le Grand-
non vers le milieu de la plate-forme de la motte, mais à Pressigny déjà citées, ne constituent pas une
sa périphérie, plongeant sa base dans le fond du fossé, construction isolée, mais se calent dans un angle d’un «
ne correspondent pas aux critères hiérarchisés qui donjon » plus spacieux de même plan, bâtiment sans
définissent le plus souvent les « donjons » romans cour ou petite enceinte quadrangulaire très resserrée,
résidentiels prenant la forme d’une grosse tour dont elles constituent l’élément vertical.
quadrangùlaire. Cette tour était donc plutôt un élément,
La portion restante de la muraille annulaire de Bayers,
en l’occurence l’élément vertical, d’un donjon annulaire
décrivant cinq pans, et comportant une petite tour de
occupant la totalité de l’emprise de la motte.
flanquement rectangulaire de même mise en œuvre,
Les donjons annulaires que les Anglais, plus familiers fortement talutée , n’est pas facilement datable, faute
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de cette forme plutôt anglo-normande, nomment de critères architectoniques bien typés. Il est possible
shell-keep consistent précisément en une muraille que la cave voûtée en berceau brisé avec arc doubleau
circulaire ou polygonale modérément élevée couronnant qui existe sous la motte au revers d’un pan de cette
ou chemisant une motte, et circonscrivant un diamètre muraille lui soit homogène, vue la similitude des
variant de 25 à 50 environ. Cette muraille abrite des matériaux et de leur mise en œuvre. Il serait alors
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locaux adossés selon une disposition annulaire plus ou difficile de dater cette muraille antérieurement à la fin
moins régulière et continue, autour d’une petite cour du XII sinon au début du XIIIe siècle . On ne peut
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centrale. Ils peuvent comporter une tour verticale que supposer que la porte de ce donjon annulaire était
toujours à la périphérie, adossée ou chevauchant la au même endroit que l’accès actuel, commandée à droite
muraille, le plus souvent une tour-porte de plan carré, par la tour maîtresse carrée. Cette position est logique
parfois une tour maîtresse, ou encore des tours de si l’on considère la topographie du site et l’absence de
flanquement. La diffusion en France de cette forme trace de porte dans ce qui reste de la muraille ancienne,
spécifique de donjon, plus spécialement romane, entièrement tournée vers le village, du côté dominé. On
commence seulement à être étudiée , mais ce qui n’imagine pas que la porte ait pu s’ouvrir du côté de la
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subsiste de la muraille polygonale ceignant la motte de vallée plutôt que vers le plateau, ou s’organise le
peuplement. Elle devait être précédée d’un pont
12 Un petit bâtiment moderne à usage de garage qui occupe franchissant le fossé. On observera à titre de
l’emplacement de la partie détruite de cette tour doit reposer sur
comparaison que la porte du château de La
les fondations du XII e siècle : sa façade se superpose au côté cour Rochefoucauld est ménagée du côté du plateau, et
restitué du plan carré supposé de la tour (8,20 m de côté).
dominée par la haute tour carrée romane chevauchant
13 Je me suis assigné cette tâche dans le cadre plus large de ma
thèse soutenue en 1998, pour les exemples estimés antérieurs à
1200. En l’attente d’une publication de fond, voir: C. Corvisier,
“Les Shell-keeps ou donjons annulaires, un type architectural 14 Le donjon annulaire saintongeais de Balanzac, assez
anglo-normand?”, Bull. tnm. de la Soc. Géologique de Normandie et des comparable à ce qu’on observe à Bayers, comporte le même type
Amis du Muséum du Havre, t. 84, facs. 3 et 4: actes des rencontres de flanquement rectangulaire, répété à quatre exemplaires
“La Normandie et les échanges”, année 199/ (1998). Une enquête régulièrement espacés sur le circuit de sa muraille.
serait à poursuivre en Poitou et Saintonge, où j’ai repéré, dans 15 Par son doubleau à arêtes abattues retombant sur de gros
l’actuelle Charente- Maritime, les exemples de Balanzac et Pizany, corbeau à trois ressauts, cette cave n’est pas vraiment atypique.
sûrement XIIe siècle, le cas probablement plus tardif du Elle ne peut guère être comparée qu’à des celliers d’établissements
“château” d’Ardennes, paraissant tous dépourvus de tour monastiques. Il faudrait un examen plus approfondi pour
maîtresse intégrée. Le cas de Bayers semble a priori isolé en proposer une datation fiable et une chronologie sûre entre cave
Angoumois. et muraille.
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