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Charente (16) Vues anciennes - 147
sous-sol et les combles du logis n’étant pas aménagés.
La gaine est donc un organe de distribution plus
spécifique à la tour, lui-même desservi sur trois de ses
quatre niveaux par une cage d’escalier en vis particulière,
logée dans un saillant carré qui occupait l’angle rentrant
sur cour entre a façade du logis et la courtine disparue.
Un petit escalier mural assure le relais entre le quatrième
niveau de la gaine et le cinquième niveau de la tour,
formé d’une chambre polygonale ceinturée par le
couronnement défensif à mâchicoulis. De même, la
gaine correspondant au sous-sol de la tour est traitée en
escalier et débouchait côté cour dans la courtine derrière
la petite vis. -
Il y a donc deux organes de circulation verticale,
concurrents et hiérarchisés (fig. 3) : d’abord, la « grande
vis » formant tourelle octogonale sur cour, avec une
porte “traitée” à décor gothique, affichant les armes du
seigneur au tympan. Cette vis majeure dessert les
appartements de la résidence seigneuriale, répartis sur
les deux niveaux du logis. Ensuite, la petite vis, plus
discrète avec sa porte à simple linteau délardé en
accolade, distribue plus spécifiquement la tour par
l’intermédiaire de la gaine, non sans communications
secondaires vers les appartements du logis.
Actuellement, l’arrachement en creux de la courtine
disparue derrière la petite vis est refermé par deux pans
de mur modernes au carré; la structure intérieure de
cette minuscule travée “bricolée” parait révéler que la
gaine se prolongeait dans la courtine au-delà de la vis
aussi aux étages. Rejoignait-elle aussi le supposé ouvrage
d’entrée saillant sur cette courtine ? Une telle disposition
ne se justifierait guère qu’à un niveau, pour une
circulation de type “chemin de ronde”. On peut
dans l’Angoumois. Le logis de ce château (fig. 7),
formuler une autre proposition : cette gaine aurait abouti remarquable pour ses ornements gothique flamboyant,
peu après son extrémité actuelle à des latrines intégrées est dans son parti général très comparable au plus sobre
dans la courtine à chaque étage habitable, ce qui aurait
Bayers, l’analogie allant jusqu’à la topographie du site et
le mérite de donner un emplacement à cet aménagement
au fait troublant que le logis, seul conservé aujourd’hui,
d’hygiène qui fait anormalement défaut par ailleurs dans réoccupait une enceinte antérieure de plan elliptique
le programme résidentiel. comportant une ancienne tour-maîtresse.
Cette articulation complexe entre logis et courtine en
La tour ronde de Bayers et la mode des logis castraux à
retour du front d’entrée, avec gaine murale au mur-
grosse tour.
pignon, liée à une grosse tour d’angle fortifiée parait a
priori trop particulière pour ne pas être exceptionnelle. A Bayers, ce qui rend remarquable la grosse tour d’angle
ronde du XV siècle est sa forte valorisation individuelle
e
On en trouve pourtant un succédané au château de
dans le programme. Par son diamètre de 9,70 m, cette
Crazannes, et surtout une reproduction presque iden-
tour est très imposante à l’échelle des bâtiments, et du
tique, à la seule exception de la petite vis, au château de noyau castral auquel elle s’intègre. De plus, elle dépasse
Neuvicq, situé à la pointe de la Saintonge la plus avancée en largeur la tour carrée romane à laquelle elle fait en
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