Page 150 - Canton_Mansle-0-wn
P. 150
Charente (16) Vues anciennes - 150
l’orifice est de plus petit calibre que
celui qui élargit la base de la fente. Vu
de l’intérieur, il est manifeste que cette
organe adapté à un tube léger pouvant
être épaulé a été soigneusement serti
après coup dans la partie supérieure
de l’archère-canonnière d’origine, qui
n’était adaptée qu’à un petit canon de
type couleuvrine, posé au sol de la
casemate. Les autres ouvertures de tir
de la tour sont de simples trous circu-
laires percés dans l’allège des fenêtres
en demi-travée des étages résidentiels
(fig. 8). Ces éléments défensifs actifs
sont d’un usage courant entre les
années 144( • et 1480 environ,
supplantés ensuite par la diffusion
fulgurante de l’embrasure à la française.
Cette caractéristique tend à créditer
l’attribution de la reconstruction du
château de Bayers à Guillaume de La
Rochefoucauld, marié en 1434 et
supposé vivant au moins jusque vers la
fin de la décennie 1470 . Ce fait a son
21
importance, car Guillaume est plus âgé
(Charente), dont le logis est séparé de la grosse tour qu’un Jean Bourré d’au moins dix ans, et la période la
d’angle à mâchicoulis par un vide que ferme un court plus active de sa carrière se situe davantage sous le règne
segment du mur d’enceinte, et qui était franchi par un de Charles VII que sous celui de Louis XL
pont-levis piéton raccordant le second étage de la tour
Au plus tard contemporaine des premiers chantiers des
avec celui du logis (fig. 9). La construction de ce
grands châteaux ligériens à grosse tour liée au logis,
remarquable ensemble peut remonter à l’époque où
peut-être un peu plus précoce, la reconstruction du
Pierre de Fontlebon en fait hommage au seigneur de La
château de Bayers pourrait avoir été une des premières
Rochefoucauld, soit en 1486. Là, comme au château de
manifestations de cette mode architecturale. Il fait en
Neuvicq (fig. 7), construit après 1478 pour François de
tout cas incontestablement figure d’archétype en
La Rochandry, aux maisons- fortes du Bouchet et de La
Angoumois et Saintonge, et l’on ne peut guère douter
Barre, les embrasures défensives adoptent la forme “à
qu’il ait directement servi de modèle pour le château de
la française” pour la petite artillerie à feu portative, ce
Neuvicq, construit environ une vingtaine d’années plus
qui témoigne d’une date postérieure à celle des grands
tard.
châteaux ligériens.
Christian CORVISIER, “LE CHATEAU DE
Il n’en va pas de même à Bayers, où les embrasures de
BAYERS”, in Congrès archéologique de France,
la salle-basse de la tour sont d’un modèle plus ancien,
1995, p. 111-123;
l’archère-canonnière, ou arbalétrière-canonnière (fig.
20
10-11). Curieusement, au-dessus de la fente de chacune
21 A contrario, l’unique représentation un peu précise du château
des trois est ménagée aussi, en double emploi dans la
d’Aunac, détruit après 1840, montre un Châtelet d'entrée monu-
même casemate, une embrasure à la française dont mental à deux tours percées de canonnières à la française, parti
architectural qu’on retrouve à Barbezieux, et qu’on serait tenté
20 La position de l’embrasure en partie basse de la tour, la largeur d’attribuer aux années 1480, soit probablement trop tard pour
de son ébrasement formant niche ou casemate, la médiocre Guillaume de La Rochefoucauld. Ce château avait lui aussi une
hauteur de la fente paraissent plus spécialement adaptées à grosse tour, sur laquelle on manque malheureusement
l’arbalète qu’à l’arc. d’informations.
© CatillusCarol.Corp