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Charente (16) Vues anciennes - 460

        de la nef alors que les arcs précédents sont à rouleau La coupole de la croisée du transept dont ne subsistent
        unique” , l’unité du plan s’impose (fig. 1 à 3).             que  les  pendentifs  implantés  sur  des  arcs  à  double
                 18
                                                                     rouleau d’égale hauteur - formule très usitée en Charente
                         Le parti architectural                      - était contrebutée par la profonde voûte en berceau

                                                                     légèrement  brisée  des  bras  du  transept  dont  les  arcs
        Le chevet de Lichères avec ses “annexes” de plan carré,
                                                                     doubleaux déterminent trois travées inégales, tandis que
        voûtées en demi-berceau, intercalées entre l’abside et
                                                                     sur l’enveloppe de larges contreforts répartis tant sur la
        les absidioles des bras du transept, couvertes d’un cul
                                                                     façade principale que sur le mur occidental, apportaient
        de  four,  se  rattache  à  un  type  que  l’on  retrouve  en
                                                                     un épaulement supplémentaire (fig. 4). La souche de
        Charente,  à  Sainte-Eulalie  de  Champniers,  à  Saint-
                                                                     plan  carré  qui  surmonte  actuellement  la  coupole  est
        Hilaire  de  Mouthiers  et  dans  les  parties  romanes  de
                                                                     l’unique vestige de la tour de croisée qui comportait
        Saint-Pierre de Châteauneuf (fig. 1) . Ces “annexes”
                                                19
                                                                     peut-être un ou plusieurs niveaux d’ouvertures réelles
        qui s’ouvrent sur l’abside par une arcade rappellent, dans
                                                                     ou feintes comme celles de Plassac-Rouffiac, Marthon,
        une certaine mesure, les couloirs intra muros étroits et
                                                                     etc.
        obscurs  qui,  dans  d’autres  églises  de  la  région
        (Montbron,  Nonac,  Saint-Protais  de  Pérignac,  Saint-     Le parti de la nef, avec ses trois vaisseaux de hauteur
        Gilles  de  Puypéroux...),  contournent  la  croisée  du     sensiblement  égale  voûtés  à  l’origine  et  son  absence
        transept et conduisent non seulement vers l’abside mais      d’éclairage direct sur le haut vaisseau, connut une grande
        encore vers la nef  . À Lichères et à Châteauneuf, où        fortune dans les pays du sud de la Loire, notamment en
                             20
        la  nef  compte  des  bas-côtés  qui  annulent  l’utilité  de  Poitou, jusqu’à une date tardive de l’art roman (fig. 5) .
                                                                                                                              21
        passages  occidentaux,  aucune  “annexe”  n’existe  à        Il est, certes, assez peu diffusé en Angoumois où les
        l’ouest. Si elles sont aussi absentes à Mouthiers où la nef  maîtres  d’œuvre  adoptèrent  plus  volontiers  des  nefs
        est unique, à Champniers, en revanche, où la nef compte      uniques, mais on le rencontre tout près de Lichères à
        également un seul vaisseau, des “annexes” de plan carré
                                                                     l’ancienne abbatiale de Saint-Amant-de-Boixe et, non
        inscrites aux points de jonction du transept et de la nef    loin de là, à Saint-Pierre de Cellefrouin et à Saint-Pierre
        communiquent avec cette dernière par une arcade. Des         de Châteauneuf notamment. Des témoins encore en
        parentés de fonction rapprochent donc nos “annexes”          21 Dans les régions voisines de l’Angoumois, on retrouve ce parti,
        et lesdits couloirs. Les annexes de plan carré ne peuvent par exemple, en Poitou (Notre-Dame la Grande et Saint-Jean-
        cependant  pas  être  réduites  à  de  simples  lieux  de de-Montiemeuf  à  Poitiers,  Saint-Savin-sur-Gartempe,  Saint-
        circulation, la présence d’autels à Lichères suggère d’y     Pierre  de  Chauvigny,  Civaux,  Saint-Nicolas  de  Civray,  Saint-
        voir également des chapelles.                                Pierre  et  Saint-  Hilaire  de  Melle),  en  Saintonge  (Saint-Pierre
                                                                     d’Aulnay, Saint-Eutrope de Saintes), en Vendée (Champdenier,
                                                                     Sainte-Croix et Saint-Pierre de Parthenay-le-Vieux, Nierre-sur-
                                                                     Antize) et en Limousin (Saint-Pierre de Beaulieu-sur-Dordogne,
                                                                     Le Dorat, Saint-Junien).
        18 Atypique, ce type d’arc permet de raccorder les colonnes de la
        nef aux piles composées de la croisée du transept.
        19 Seul le bras sud du transept de Mouthiers présente une annexe
        de plan carré entre l’abside et l’absidiole. Elle avait été initialement
        prévue au nord, ainsi que l’atteste un assez large passage vers
        l’abside, mais le projet fut abandonné en cours de construction.
        Le chevet de Châteauneufa été reconstruit au XV e siècle. Il ne
        subsiste  que  l’annexe  et  l’absidiole  du  bras  sud  du  transept.
        L’annexe  a  été  voûtée  d’ogives  lors  de  la  transformation  du
        chevet. Peut-être qu’à l’origine elle était également voûté d’un
        demi-berceau.  Cf.  Ch.  Daras,  Angoumois  roman,  op.  cit.,  p.
        159-167.
        20  Ch.  Daras,  “Une  particularité  de  Part  monumental  en
        Angoumois  au  XII e  siècle,  les  passages”,  dans  Bulletin  de  la
        société des antiquaires de l’Ouest, 1949, p. 41-45; P. Dubourg-
        Noves, « Passages latéraux dans les églises en Val-de-Charente »,
        dans Bulletin archéologique du comité des travaux historiques et
        scientifiques, p. 16-50 et J. George et A. Guérin-Boutard, Les
        églises de l’ancien diocèse d’Angoulême, Paris, de Larps, 1928,
        p. 197.

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