Page 456 - Canton_Mansle-0-wn
P. 456

Charente (16) Vues anciennes - 456

                           L’ANCIENNE ÉGLISE-PRIORALE SAINT-DENIS DE LICHÈRES

                                                 par Laurence CABRERO-RAVEL



          La  date  et  les  circonstances  de  la  fondation  de    Le  parti  originel  a  subi  des  transformations.
          Saint-Denis  de  Lichères  sont  inconnues.  Au  XII    e  L’écroulement de la tour de croisée, qui intervint autour
          siècle,  l’église  abritait  un  prieuré  de  l’abbaye     de 1752, entraîna la perte de la coupole de la croisée et
          bénédictine  de  Charroux;  elle  avait  pour  prieur      l’effondrement  du  bras  nord  du  transept,  de  son
          Bernard  en  1176 .  En  1471,  quatre  moines             absidiole  orientée  et  du  mur  nord  de  la  chapelle
                               1
          desservaient ce prieuré dont les revenus, estimés à        contiguë,  de  même  que  la  disparition  du  flanc
          300 livres en 1450 , passèrent à 200 livres à la fin du    septentrional et des voûtes de la nef . Bien qu’aucun
                              2
                                                                                                              5
          XV  siècle ou au début du siècle suivant . En vertu        texte  n’apporte  de  précision  sur  les  dommages  alors
                                                      3
              e
          de  l’ordonnance  épiscopale  du  8  février  1714,  le    subis  par  l’édifice,  on  peut  supposer,  avec
          prieuré fut supprimé et ses droits, fruits et revenus      vraisemblance, que le pignon de la façade occidentale
          furent affectés au séminaire d’Angoulême à charge          s’écroula  ou  fut  détérioré  consécutivement  à  ces
          du  droit  de  mésage  à  l’abbaye  cédante .  Les         destructions.  A  la  veille  des  restaurations  des
                                                           4
          renseignements historiques que nous avons sur l’un         Monuments historiques, l’architecte Ballu signalait, en
          des plus intéressants édifices romans de l’Angoumois       effet, qu’il avait été remonté en moellons . Pour sa part,
                                                                                                                 6
          sont donc bien maigres.                                    le flanc nord de la nef avait été remplacé par un mur
                                                                     dépourvu d’ouvertures tandis que le bras du transept,
                         Critique d’authenticité                     non reconstruit, avait été fermé par une cloison aveugle
                                                                     au-delà  de  sa  première  travée.  En  témoignent  des
          L’église  comporte  un  assez  ample  chevet  à  cinq
                                                                     photographies anciennes, un plan de Martin (1902) et
          chapelles  orientées  dont  le  plan  dessine
                                                                     une description de Ballu . La nef avait été recouverte
                                                                                                7
          alternativement une courbe ou un carré, un transept
                                                                     d’une  charpente  et  un  plancher  avait  remplacé  la
          très débordant - près de 7  en saillie par rapport à la
                                      m
                                                                     coupole  de  la  croisée  du  transept .  Le  dallage  en
                                                                                                             8
          nef - et une nef à trois vaisseaux de cinq travées,
                                                                     “pichat” qui recouvre actuellement la nef pourrait aussi
          longue  d’environ  14   (fig.  1).  Ainsi  les  parties
                                  m
                                                                     avoir  été  établi  à  cette  époque,  à  la  suite  de  la
          orientales de la construction contrastent-elles par leur
          développement en plan avec la nef qui apparaît peu         surélévation  du  sol  peut-être  provoquée  par
                                                                     l’entassement des décombres issus de l’écroulement .
                                                                                                                               9
          profonde.
                                                                     Quelques  autres  transformations  n’ont  guère  altéré
          1 Bernardus de Licheriis apparaît dans un jugement arbitral  l’intégrité du monument. Le portail ménagé sur la paroi
          du 24 juin 1176 par lequel Pierre, évêque d’Angoulême, règle  5  En  mars  1752,  “la  charpente  dudit  clocher  [...]  est  depuis
          les  différends  entre  l’abbé  de  Charroux  et  ses  moines  de  plusieurs années sans couverture et entièrement gâtée et [...] il est
          Saint-Claud,  d’une  part,  et,  d’autre  part,  Jean  de  Tolac,  à craindre que la ditte charpante n’entraîne par sa chute la voûte
          chapelain de Saint-Claud, au sujet du droit de nomination du  de l’église”. Cf. Arch. dép. Charente, G 685, n° 354.
          chapelain et du partage des oblations entre lui et les moines.  6 Dans son rapport sur l’état de l'église de Lichères, en date du
          Cf.  D.-P.  Monsabert,  Chartes  et  documents  pour  servir  à  20  juillet  1903,  Ballu  attire  en  effet  l’attention  sur  la  partie
          l’histoire de l’abbaye de Charroux, dans Archives historiques  supérieure  de  la  façade  occidentale  “qui  a  été  remontée  en
          du Poitou, L 39, 1910, p. 156-160.                         moellons et qui est particulièrement dégradée”. Cf. Médiathèque
          2  J.  Nanglard,  Fouillé  historique  du  diocèse  d’Angoulême,  du patrimoine, Lichères, Église Saint-Denis, n° 499, 1 er dossier
          Angoulême, G. Chasseignac, L 1, p. 639.                    (1903-1908).
          3 D.-P. Monsabert, Chartes et documents..., op. cit., XXXII.  7 Médiathèque du patrimoine, Lichères, Église Saint-Denis, n°
          4  Toutefois,  l’union  au  chapitre  d’Angoulême  ne  fut  499, 1 er dossier (1903-1908), rapport de Ballu du 20 juillet 1903.
          prononcée qu’à l’issue de l’enregistrement, le 8 Janvier 1734,  8 Dans son rapport sur l’état de l’édifice, Ballu précise que « les
          des  lettres  patentes  approbatives  signées  en  1721.  Cf.  J.  voûtes  de  la  nef  et  des  bas-côtés  n’existent  plus  »,  que  “la
          Nanglard, Pouillé historique..., op. cit., p. 639 et Un prêtre de  couverture de la nef est en très mauvais état: [...] tout le voligeage
          la Mission, Mémoire historique sur le séminaire d’Angoulême,  et la plupart des pièces de la charpente sont pourris” et que “la
          Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  la  Charente,  L  6,  coupole centrale a été remplacée par un plancher”. Cf. n. 8.
          1868-69,  p.  313.  Le  20  juillet  1713,  Charles  Frottier  de  la  9 Nous exprimons ici l’hypothèse séduisante de Yannick Comte,
          Messelière, abbé de Charroux donnait son consentement à    documentaliste à la Conservation des monuments historiques de
          l’union du prieuré de Lichères au séminaire d’Angoulême. Cf.  la région Poitou-Charentes, qui a réalisé le dossier sur l'église de
          D.-P. Monsabert, Chartes et documents..., op. cit., p. 441.  Lichères.

                                                           © CatillusCarol.Corp
   451   452   453   454   455   456   457   458   459   460   461