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Charente (16) Vues anciennes - 463

        colonnettes sont isolées par un tronçon de mur alors Champagne, Linars, présentent deux voire trois niveaux
        que,  dans  l’axe,  l’unique  fenêtre  empiète  sur  le d’arcatures, une grande simplicité structurelle caractérise
        soubassement. L’extérieur est en revanche laissé lisse. Saint-Denis  de  Lichères.  La  façade  est  strictement
        Les  absidioles  de  plan  carré,  encadrées  de  colonnes rythmée par de vigoureux contreforts qui raidissent le
        engagées tant vers le transept que vers l’abside, sont, mur et délimitent les vaisseaux de la nef. L’accent est
        elles, sobrement traitées : sur le mur de fond, un oculus naturelle ment porté sur la partie centrale où, sous une
        ourlé d’une nervure, à l’extérieur exclusivement, est le baie, s’ouvre un portail sculpté tandis que deux fausses
        seul élément qui rompt la nudité de la paroi (fig. 6). portes à tympans décorés occupent toute la largeur des
        Rappelons que ces ouvertures circulaires abondent dans travées latérales, selon une tradition bien implantée dans
        les édifices charentais où elles apparaissent en façade la  région  et  plus  largement  dans  les  pays  de  l’ouest.
        occidentale  (Châteauneuf,  Saint-Amant-de-Boixe, Conçue de la sorte, la façade occidentale est comparable
        Lignières...),  aux  bras  du  transept  (cathédrale à celles, plus ou moins articulées, de Fléac, La Rochette
        d’Angoulême, Moulindars), à la coupole de la croisée et  Mouton.  Deux  colonnes  engagées,  qui  reçoivent
        (Cellefrouin,  Mouton)  ou  au  cul-de-four  de  l’abside actuellement un bloc de pierre en attente, encadrent le
        (Plassac-Rouffiac).                                          portail central. Elles étaient probablement destinées à
                                                                     soutenir des supports verticaux comme, par exemple, à
        À l’intérieur, les surfaces murales du transept s’opposent
                                                                     Châteauneuf ou à Mouton. Le portail central, avec son
        par leur sobriété à celles du chevet: outre les chapiteaux
                                                                     linteau  surbaissé,  extradossé  d’un  tympan  et  d’une
        sur lesquels nous reviendrons, le seul élément de décor      voussure en plein cintre, et ses piédroits à ressauts dans
        est constitué par un cordon orné de pointes de diamant
                                                                     lesquels  viennent  se  loger  des  colonnettes  en  délit
        et de torsades qui épouse le contour des pendentifs de
                                                                     implantées sur un soubassement s’apparente à celui de
        la  coupole  (fig.  4)  ;  les  baies  (portail  ou  fenêtres),
                                                                     la  façade  occidentale  de  Champagne-Mouton .
                                                                                                                              26
        dépourvues  d’encadrement,sont  conçues  comme  de
                                                                     Soulignons la rareté des tympans et des linteaux aux
        simples  ouvertures.  En  revanche,  à  l’extérieur,  les
                                                                     portails principaux des églises de l’Angoumois où l’on
        fenêtres hautes percées légèrement en retrait à l’occident
                                                                     préfère généralement les portes encadrées de voussures.
        sont inscrites dans une arcature. Signalons, enfin, la très
        étroite fenêtre à claustra de la façade principale du bras                       Le décor sculpté
        sud du transept, formée de deux dalles jointives percées
        de  cercles  superposés  encadrés  d’ajours  de  forme       L’abondant décor sculpté de Saint-Denis de Lichères
        allongée.  À  l’époque  romane,  ce  type  de  baie  ne  se  s’inspire de solutions communes en Angoumois tout
        retrouve guère qu’aux flancs de la nef des églises de        comme l’architecture.
        Fenioux et de Petit-Niort, en Saintonge, et de Saint-
                                                                     Une centaine de chapiteaux couronnent les différents
        Rémy- sur-Creuse, en Limousin.
                                                                     supports des parties romanes de l’édifice, d’entre eux,
        Pour  leur  part,  les  baies  des  collatéraux  de  la  nef,  notamment au chevet, sont taillés par paire et disposés
        doublement ébrasées pour optimiser la diffusion de la        symétriquement selon un usage e durant le haut Moyen
                                                                     Âge mais qui régressa au XI  siècle puis revint en force
                                                                                                   e
        lumière, sont encadrées de colonnettes en délit dressées
                                                                                                                              27
        dans un angle rentrant de la maçonnerie tant à l’intérieur   durant le deuxième quart et le milieu du siècle suivant .
        qu’à l’extérieur (fig. 2 et 3). D’une manière générale,
                                                                     Par leur austérité, les chapiteaux des grandes arcades de
        celles-ci sont moins richement décorées dans les nefs
                                                                     la nef, de même que ceux de la croise colonnes engagées
        charentaises  du  XII   siècle:  soit  elles  sont  seulement
                              e
                                                                     du  transept,  s’apparentent  aux  œuvres  issues  d’un
        dotées  de  colonnettes  à  l’intérieur  (Saint-Cybard  de
                                                                     courant  stylistique  qui  se  développa  en  Poitou
        Plassac-Rouffiac...),  soit  elles  sont  dépourvues
        d’encadrement  (Saint-Denis  de  Montmoreau,  Saint-         26 A Champagne-Mouton, deux voussures et une archivolte au
        Sébastien de La Rochette...).                                profil brisé encadrent le tympan, très restauré, et le linteau sur
                                                                     baissé. De part et d’autre, l’ensemble repose sur trois colonnettes
        Enfin, la façade occidentale se distingue par sa simplicité plus élancées que celles de Lichères.
        (fig.  7).  Alors  que  la  façade  occidentale  de  Saint-  27 Au sujet des paires de chapiteaux, voir E. Vergnolle, “Le rôle
        Amand-de-Boixe, Saint-Pierre de Châteauneuf et Saint-        architectural  des  chapiteaux  du  haut  Moyen  Âge  occidental  :
                                                                     remploi,  paires,  groupes”,  dans  Capiteles  preromanicos  e
        Denis de Montmoreau, de même que celle des églises
                                                                     islamicos  (siglos  VI-XII)  en  la  peninsula  iberica,  Colloquio
        plus  modestes  de  Plassac-Rouffiac,  Moulindars,           intemacional de Capiteles, Madrid, 1987, p. 53-69.

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