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Charente (16) Vues anciennes - 234

        Villebois,  puisque  celui-ci  confirme  les  dons  que un autre, aussi nommé Ithier, - prénom très fréquent
        l’évêque Arnauld avait faits à l’abbaye au même titre que dans les X  et XXI  siècles et suivants, eut la seigneurie
                                                                                         e
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        ceux faits par son père et ses ancêtres. Or, Arnauld, de  La  Rochebeaucourt.  Ces  deux  Ithier  furent
        évêque de Périgueux, est le seul parmi les évêques de ce vraisemblablement  la  tige  de  deux  races  qui  se
        nom,  vivant  à  cette  époque,  qui  soit  connu  comme perpétuèrent  pendant  plusieurs  siècles  avec  ces
        apparenté aux Taillefer et Itier. Et c’est ce qui reste à appellations terriennes, mais en conservant les armes
        montrer.                                                     des comtes d’Angoulême, losangé d’or et de gueules”       7

        On sait qu’Arnauld de Vitabre visita, durant sa dernière Et donc, si Arnauld, évêque de Périgueux, avait pour
        maladie, le comte Guillaume II et que, le 8 avril 1028, neveux les Itier, lesquels, d’après Audiat, descendaient
        il présida ses funérailles avec l’évêque d’Angoulême. Il de Guillaume Taillefer, comte d'Angoulême, il s’ensuit
        semble bien qu’en ces deux circonstances, il agit plutôt qu’il était en même temps parent de Guillaume Taillefer,
        comme parent que comme évêque. Il est. vrai qu’il était évêque d’Angoulême, et partant le fondateur de l’abbaye
        très lié avec le comte, lui ayant même prêté main-forte de Cellefrouin.
        pour combattre les Normands en Aquitaine. Le Gallia
                                                                     Il se peut, il est même très probable pour ne pas dire
        rapporte en effet, d'après la Chronique d’Adhémar de
        Chabannes, qu’Arnauld avait pris part à cette guerre,        certain, - et là nous sommes entièrement d’accord avec
                                                                     M.  Béquet,  que  le  seigneur  Arnauld  était,  sinon
        “huic betto Arnaldum inter fuisse”    5
                                                                     originaire,  du  moins  possessionné  en  Cellefrouin,
        A l’égard des Itier de Villebois, la parenté est nettement notamment à Casternaud “Castrum Arnaldi”, comme
        établie.  Dom  Estiennot  a  produit  une  charte  dans l’étaient. les Itier de Villebois eux-mêmes. Ne voit-on
        laquelle il est dit qu’Arnaud, évêque de Périgueux, vint pas,  dans  le  cartulaire  de  Cellefrouin,  un  Itier  de
        à Cognac en 1031 et y fonda, d’accord avec ses neveux, Villebois confirmer comme suzerain la donation de la
        Itier  (1   du  nom)  et  Arnauld,  le  prieuré  de  l’église terre de Biarge, faite à l’abbaye par le chevalier Aman,
                er
        Saint-Léger .                                                lequel déclare tenir de lui cette terre en fief?
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        Or, les Itier de Villebois et de Cognac appartiennent à Cellefrouin n’était pas éloigné de Nanteuil-en-Vallée,
        la  même  famille.  Celle-ci  possédait  encore  ces  deux dont  l’abbaye  jouissait  d’une  renommée  justement
        grandes terres au début du siècle suivant, si bien que célèbre; et c’est sans doute cette proximité qui porta
        Hélie de Cognac et Itier III de Villebois étaient frères, Arnauld à faire profession en cette abbaye où il reçut,
        et  frères  ennemis,  puisque  Itier  s’était  emparé  par  la en 1010, la consécration épiscopale des mains de Seguin,
        force de Cognac et qu’il fallut l’intervention armée du archevêque de Bordeaux          8
        comte d’Angoulême, assiégeant Villebois, pour amener
                                                                     Malgré ce qui vient d’être dit, il n’en reste pas moins que
        à composition l’usurpateur.
                                                                     le premier des trois textes cités peut, suivant la manière
        D’autre part, au sujet des liens de parenté qu’on cherche dont on l’interprète, laisser subsister un doute contre
        à établir, voici comment s’exprime un érudit charentais, Arnauld de Vitabre comme fondateur de l’abbaye, du
        Louis Audiat, archiviste de la Charente-Inférieure:          fait  que  celui-ci  mourut  en  1037  et  que  Guillaume
                                                                     Taillefer n’occupa le siège d’Angoulême qu’en 1043.
        “Les  anciens  seigneurs  de  Villebois,  (écrit-il)  étaient
        issus  des  comtes  d’Angoulême.  Guillaume  Taillefer, Certes, si l’on entend que ce dernier accorda à l’abbaye
        comte d’Angoulême, outre son fils aîné qui lui succéda, l’exemption  du  droit  de  synode  à  la  sollicitation
        eut  d’autres  fils  apanagés  de  fiefs  secondaires  selon d’Arnauld de Vitabre en personne, il est évident que
        l’usage féodal, et qui prenaient dès lors pour eux et leur l’écart de six années entre la mort de l’un et l’avènement
        postérité le nom de ces fiefs. L’un de ces puînés, Ithier, à  l’épiscopat  de  l’autre  constitue  un  anachronisme
        eut la seigneurie de Villebois et aussi celle de Cellefrouin; flagrant,  anachronisme  qui  n’a  point  échappé  à  la
                                                                     sagacité de M. Béquet, ruais le texte ne dit pas cela. Il
        5 5 Gallia, t. II, p. 1458 D.
                                                                     dit que l’évêque d’Angoulême accorda ce privilège, mû:
        6  “Anno  ab  Incarnatione  MXXXI...  quidam  nobilissimus
        episcopus  Petragoriciae  urbis,  nomme  Arnaldus,  una  cum
        nepolibus suis, Iterio nomme et Arnaldo... statuerunt communi
        decreto ut oedificarent ecclesiam in foro castri quod vulgariter  7 Revue de Saintonge et d’Aunis, t. XX, p. 198, N. de mai 1900.
        nuncupatur Cogniacum...” (M. Antîq. Bened., p. 408).         8 Dom Fontenauci Recueil de chartes, vol. LXVIII.

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