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Charente (16) Vues anciennes - 233

                                         La Fondation de l'Abbaye de Cellefrouin

                                                         Chanoine Chevalier



        “L’abbaye  de  Cellefrouin,  dit  l’abbé  Nanglard,  fui La solution de la question par comparaison de signatures
        fondée vers 1025 par Arnauld de Vitabre, évêque de devient donc impossible.
        Périgueux”  1
                                                                     Dès lors, le mieux, semble-t-il, est d’étudier les trois
        .Mais celui-ci étant mort en 1037 , et l’exemption du textes du cartulaire dans lesquels il est parlé d’Arnauld,
                                             2
        droit de synode ayant été accordée à l’abbaye seulement évêque, et de voir ce qu’on peut en déduire.
        après  1043,  à  la  demande,  semble-t-il,  de  l’évêque
                                                                     Voici ces trois textes:
        Arnauld, son fondateur, il s’ensuivrait que ce fondateur
        ne pourrait être l’évêque de Périgueux.                      1  Texte - Guillaume Taillefer, évêque d’Angoulême
                                                                      er
                                                                     (1043-1075), dispense l’abbaye de Cellefrouin du droit
        Le  cartulaire  de  l'abbaye  mentionne  bien,  en  effet,
                                                                     de synode:
        comme fondateur et protecteur de l’abbaye “le seigneur
        Arnauld, évêque, mais sans spécifier qu’il fut évêque de     “mû par la crainte de Dieu et son amour pour le très
        Périgueux.  A  cela  rien  de  très  étrange,  car  on  voit  doux pontife Arnauld, son parent, qui l’avait, élevé.”
        pareillement, dans deux chartes du cartulaire de Saint-
        Amant-de-Boixe, au sujet du don de la terre de Guissalle “Timore  Dei  et  amore  dulcissimi,  pontificis,  sui
        à  cette  abbaye,  figurer  à  côté  de  Rohon,  évêque consanguinei, Arnaldi, qui eum nutriverat, victus.”
        d'Angoulême, donateur, Islon, évêque, Itier, évêque, et
                                                                     2   Texte  -  Foucauld  (qui  parait  1019-1047),  fils
                                                                      e
        Arnauld, évêque, sans qu’il soit fait mention du siège
                                                                     d’Adémar et d’Alaaïz, donne le mas d’Enord à l’abbaye:
        épiscopal que chacun d’eux occupait, à savoir Saintes,
        Limoges et Périgueux .                                       “et  au  seigneur  Arnauld,  évêque,  qu’on  voit  y  être
                                3
                                                                     préposé.”
        Mais enfin le fait est que, dans le cas en litige ici, Arnauld
        n’est point qualifié évêque de Périgueux.                    " ...necnon domino episcopo, Arnaldo, qui prae esse

                                                                     videtur. Signum, domino Arnaldo, episcopo.”
        Aussi, M. Béquet, instituteur honoraire Cellefrouin, a-t-il
        pu écrire dans les Etudes locales un article intitulé “A     3  Texte. - Itier de Villebois, qui fit naufrage et mourut
                                                                      e
        la recherche du fondateur de l’abbaye de Cellefrouin”     4  en allant à Jérusalem, vint au monastère de Cellefrouin,
                                                                     et, en présence de Pierre Toschin, alors abbé, donna
        . Sa conclusion est:
                                                                     certains revenus à l’abbaye:
        “qu’il ne faut pas attribuer la fondation à Arnauld de
                                                                     "en outre il confirma tous les dons en terres et aumônes,
        Vitabre,  puisque  ce  dernier  est  mort  en  1037.  Pour
                                                                     que son père et le seigneur Arnauld, évêque, qui institua
        trancher  la  question,  dit-il,  il  faudrait  comparer  des
                                                                     et fonda cette église, et tous ses ancêtres avaient faits."
        signatures”, c’est-à-dire la vraie signature d’Arnauld de
        Vitabre  avec  celle  mentionnée  au  cartulaire.  Mais  le  "Insuper  dedit  et  concessit  omnia  donai,  terras  et
        seing, signum, du cartulaire de Cellefrouin, dont parle      elemosinas,  quas  pater  suus  et  dominus  Arnaldus,
        M. Béquet, n’est qu’un rappel de signature et non une        episcopus,  qui  predictam  ecclesiarn  constituit  et
        signature autographe. Il ne faut pas oublier en effet que    fundavit,  et  tota  sua  retro  progenies  fecerant  et
        le  cartulaire  de  Cellefrouin,  comme  la  plupart  des    dederant."
        cartulaires d’ailleurs, est une sorte d’inventaire de pièces
        fait  d’après  des  titres  authentiques,  mais  dont  les   De ces textes, il résulte que le seigneur Arnauld, évêque,
        originaux signés et scellés n’existent plus aujourd’hui.     fut  le  protecteur,  le  fondateur  et  le  bienfaiteur  de
                                                                     l’abbaye de Cellefrouin. Mais de quel Arnauld, évêque,
        1 1 Pouillé, t. I, p. 611.                                   s’agit-il? Toute la question est là.
        2 Gallia, t. II, p. 1459 B.
        3 Cartulaire de Saint-Amant, manuscrit Arch. dép. H IV 2, chartes  Il  s’agit  d’un  parent  "consanguineus"  de  l’évêque
        7 et 120.                                                    Guillaume Taillefer, parent aussi d’Itier de
        4 Etudes locales, N. 81, mai 1928.

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