Page 231 - Canton_Mansle-0-wn
P. 231

Charente (16) Vues anciennes - 231

                                        A la Recherche du Fondateur de l'Abbaye

                                                           de Cellefrouin

                                                              E. Béquet



        Il  me  semble  que  nos  historiens  locaux  se  copient Nous lisons dans le Cartulaire de l’abbaye K. 26:
        mutuellement. Ils disent, après l’abbé Nanglard (Pouillé
                                                                     “...  et  dominus  Arnuldus  episcopus  qui  proedictam
        1, 411):
                                                                     ecclesiam, constituit et fondavit”.
        “L’abbaye  de  Cellefrouin  fut  fondée  vers  1025,  par
                                                                     La  charte  n’est  pas  datée;  elle  ne  mentionne  ni  de
        Arnaud de Vitabre, évêque de Périgueux”, et cela sans
        aucune référence donc sous bénéfice d’inventaire.            Vitabre, ni de Périgueux.
                                                                     Le qualificatif d’évêque peut faire impression; mais:
        J.-F.-E.  Castaigne,  dans  son  Essai  de  Bibliothèque
        historique l’Angoumois (Soc. Arch. 1845-46), dit que         1- Ne pourrait-il être évêque in partibus?
        Sainte-Marie de Cellefrouin fut créée au commencement
        du XII  siècle et que l’abbé Michon a tort en indiquant 2-  Ne  pourrait-il  jouir  des  insignes  et  des  honneurs
                e
        1125 comme date de fondation.                                réservés aux évêques et n’être appelé évêque que par un
                                                                     scribe de monastère?
        Vigier de la Pile écrit, dans son Histoire de l’Angoumois:
                                                                     3-  L’église  de  l’abbaye  de  Saint-Cybard  fut  bien
        “On  commença  du  temps  de  ce  prélat  (Gérard.  II,      consacrée par Saint Fredeberf, évêque de France; il est
        101-1136)  à  bâtir  les  abbayes  de  Bournet  et  de       vrai que c’est antérieurement.
        Cellefrouin.”
                                                                     4- Dans mie dispense des droits de synode accordée à
        Et Corlieu, dans Recueil en forme d’histoire, 1576:          l’abbaye  après  1047,  par  amitié  pour  Arnaldi,  de  la
                                                                     famille  des  Taillefer,  il  n’est  pas  question  du  titre
        “Du temps de ces deux évêques (Gérard II, 1101-1136,.
        et Lambert, 1136-1149), furent bâties trois abbayes an       d’évêque; mais est-ce le même Arnaud? La Révolution
                                                                     grégorienne n’est-elle point passée par là?
        Angoumois: Le Bournet par le sieur de Montmoreau,
        de la Frenade. par celui de Cognac et de Cellefrouin par     Dans tous les cas, c’est un personnage important chez
        les bienfaits des habitants du lieu”.                        nous et si c’est notre fondateur, il ne faut pas attribuer
                                                                     la fondation à A. de Vitabre, puisque ce dernier est mort
        La Gallia reproduit seulement la phrase ci-dessus de
                                                                     en 1037.
        Corlieu.
                                                                     5- Pour trancher la question, il faudrait comparer des
        Toutes ces dates - moins celle de M. Nanglard - sont
                                                                     signatures. Dans la charte 2 de l’abbaye de Celle, on lit:
        indiscutablement fausses, quant à la fondation, parce
        que le Cartulaire de notre abbaye renferme deux pièces       “domino episcopo Arnaldo qui pre esse videtur...”,
        avec la mention “Aenri rege”. L’abbaye existait donc
        avant 1060.                                                  et au bas:

        Pour 1025, il me semble que l'auteur du Pouillé, croyant “signum... necnon Domino Arnaldo episcopo...”
        à A. de Vitabre comme fondateur, a retenu cette date
                                                                     Au bas de cette pièce, il semble donc qu’on trouverait
        parce que, à ce moment, on perd l’évêque de vue dans
                                                                     la signature de notre fondateur.
        sa biographie.
                                                                     Il faudrait trouver quelque part la signature du vrai A.
        Mais avons)nous affaire à Amaud de Vitabre?
                                                                     de Vitabre. Cela ne doit pas être impossible, mais moi
        Ce qui est sûr, c’est que les biographes de La Gallia n’ont je ne trouve pas.
        point signalé l’intervention de cet évêque chez nous.
                                                                     Après avoir taillé il faudrait coudre.
        Ce qui est sûr aussi; c’est que notre fondateur s’appelait
        Arnaud, était évêque ou en portait le titre.

                                                           © CatillusCarol.Corp
   226   227   228   229   230   231   232   233   234   235   236