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Charente (16) Vues anciennes - 238

        On peut dire que l’état de sa conservation est à peu près l’intervention  du  feu,  continuée  et  modifiée  par  le
        intact, si l’on ne considère que le nombre et l’aspect christianisme.
        extérieur  des  appareils.  Mais  cet  état  de  choses
        commence  à  se  compromettre  sérieusement  par             Mais le document le plus ancien et le plus pré cieux
                                                                     relatif à l’origine de ces monuments est un passage de
        l’écartement  des  pierres  qui  s’est  déjà  produit  et  se
                                                                     Pierre le Vénérable , auteur du XIIe siècle, qui rapporte
                                                                                         3
        produit de jour en jour d’une manière très visible.
                                                                     qu’ils sont d’origine chrétienne, et nous apprend que:
        Un rejointoiement complet de l’édifice serait nécessaire
        pour  en  assurer  la  consolidation.  De  plus,  le         “la  lampe  allumée  à  leur  sommet  avait  pour  but
                                                                     d’honorer les morts dont elle éclairait les tombes, de
        soubassement aurait besoin d’être un peu déblayé d’un
                                                                     porter  au  loin  leur  souvenir,  en  sollicitant  dans  les
        côté  et  d’être  dégagé,  sur  toute  sa  surface,  do
                                                                     ténèbres la prière des fidèles.”
        l’envahissement des plantes parasites, dont il faudrait
        opérer la destruction radicale.                              Nous trouvons aussi dans les Annales du Limousin, faisant
                                                                     suite à Y Histoire de saint Martial par le Père Bonaventure,
           NOTE SUPPLÉMENTAIRE EN FORME DE
                                                                     un autre passage éminemment précieux sur ces petits
                           POST-SCRIPTUM.
                                                                     édifices et leur destination.
        Le  département  de  la  Charente  possède  un  autre
        monument du même genre; il est situé dans l’ancien           —  “Au  cimetière  dudit  Saint-Michel  de  Pistorie  à
                                                                     Limoges, devant l’église, il y a une pyramide faite en
        cimetière  de  Pranzac  mais  il  est  beaucoup  moins
                                                                     clocher à la pointe, ou dedans anciennement on mettait
        intéressant, au point de vue de sa structure, que celui de
                                                                     des lampes allumées aux vigiles qu’on célébrait. Il y en
        Cellefrouin.
                                                                     avait à Saint-Paul, à Saint-Gérald et à Saint-Cenade, et
        La  lanterne  de  Pranzac  consiste  en  une  colonne le plus beau qui reste encore est celui de Saint-Martial.
        cylindrique d’environ 6m 50 d’élévation, reposant sur Les autres ont été démolis.” (Tome III, p. 182.).
        une base de quatre gradins et terminée par un cône uni
                                                                     Le même auteur apprend que, Lan 1187, Bernard de
        surmonté d’une croix. Une porte de 80 centimètres sur
        49 s’ouvre au-dessus de la deuxième assise et donne          Radulphe de Secheira, avec sa femme Aiceline et ses
                                                                     enfants Bernard de Radulphe et Foucaud, laissèrent 6
        accès  dans  l’intérieur  du  fanal.  Une  petite  corniche,
                                                                     livres  pour  entretenir  une  lampe  durant  la  nuit  au
        faisant  saillie  au  sommet  du  fût  et  ornée  d’étoiles
                                                                     cimetière de Dalon.
        sculptées, sépare la colonne de son faîte, qui se trouve
        percé de petites fenêtres en carré-long par lesquelles la    La forme de ces édicules consiste généralement en une
        lumière se répandait tout autour. La construction de ce      colonne cylindrique, ou carrée, ou polygonale, creuse à
        fanal doit être rapportée au X IIe siècle.                   l’intérieur,  surmontée  d’un  sommet  ou  clocheton

                                                                     conique ou pyramidal, plus ou moins ornementé, plus
        Les lanternes des morts que nous pouvons observer
        maintenant en France datent de la fin du XIe siècle, du      ou  moins  ajouré.  Quelques-unes  de  ces  colonnes,
                                                                     comme celles d’Antigny, de Giron, d’Oradour Saint-
        XII° et du XIIIe siècles. Mais on est autorisé à croire
                                                                     Genest, sont munies d’une table d’autel destinée à la
        que l’usage dé ces sortes d’édicules était antérieur à ces
                                                                     célébration de la messe.
        époques.
                                                                     Le nombre de ces petits édifices, qui aient sur vécu à la
        On ne saurait aujourd’hui prendre au sérieux l’opinion
                                                                     destruction, se trouve fort restreint et paraît avoir été
        de certains auteurs, qui ont cru voir dans ces édifices
                                                                     durant  Je  cours  du  moyen  âge  •  beaucoup  plus
        des monuments des Gaulois, opinion qui doit paraître
                                                                     considérable. Un savant article publié sur les Fanaux du
        moins  étrange  lorsqu’on  se  rappelle  que  le  grave
                                                                     Limousin, par l’abbé Leclerc, dans le Bulletin de la Société
        Montfaucon attribuait aux druides la construction de la
                                                                     archéologique  et  historique  du  Limousin  (t.  XIII,  1863),
        chapelle  funéraire  octogone  de  Montmorillon.
                                                                     mentionne  l’existence  de  vingt  et  une  lanternes  des
        Cependant M. Viollet-le-Duc, au dictionnaire duquel on
        fera bien de recourir pour plus amples renseignements,       3 a ..... Obtinet medium cæmeterii structura quædam lapidea, «
        serait disposé à voir dans ces édicules une tradition des    habens in summitate sui quantitatem unius lampadis capacem,
        anciennes coutumes de la Gaule, relative au culte ou à       a quæ ob reverentiam fidelizm ibi qiiiescentiwn > totis noctibus
                                                                     a fulgore suo locum ilium sacratum illustrât....» (Revue archéolo gique
                                                                     de la Haute-Vienne, par l’abbé /ïr bel lot. — Limoges, 1354.)

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