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Charente (16) Angoulême arrondissement - 169
amont. Grâce aux clauses de baux passés en Limousin, choisissent le plus souvent de quitter Ravaud, pour les
nous savons que le prieur se réservait un pré pour élever bâtiments en meilleur état de leur annexe de Badeix
des poulains et entretenir son cheval lors de ses séjours. quand ils ne résident pas à Grandmont. Les prieurs
Les taillis qui font encore partie de la réserve du prieuré continuent néanmoins à recevoir l’hommage pour leurs
fournissent sans doute son bois de chauffage. La matrice domaines et à percevoir leurs rentes et leurs agriers, le
du cadastre n’est pas toujours précise: la surface des fermier à faire le vin jusqu’à la disparition de l’ordre en
vignes est comptée avec celle des terres; les terres avec 1787. Le domaine de Ravaud est vendu à la Révolution.
les vignes, bois, taillis, prés ou jardins. Malgré les L’église en bon état est démolie au début du XIX siècle.
e
difficultés pour évaluer les surfaces, les vignes seules
occupent 16 % du territoire de Ravaud, les terres seules
27 %, terres et vignes globalement 63 %. Les bois Bulletin de la société archéologique et historique de la
Charente, 2007-2008, p. 41-54.
forment 15 % du territoire et les taillis 6%. Les prés dans
la vallée s’étendent sur 5 %, les chaumes sont peu
répandues, 3% comme les jardins. L’importance des
vignes apparaît à travers des délibérations du conseil
municipal. Encore en 1824 et 1825, il fixe la date de
“l’ouverture des vendanges dans toutes les vignes” non
closes, avec défense de vendanger avant cette date, ou
de conduire dans les vignes “aucune espèce de volailles,
ni autre bétail”, de glaner ou “grapiller”, jusqu’à la
clôture des vendanges .
67
En somme, vers 1170, l’ordre de Grandmont a réussi
son implantation dans la Boixe en dépit de la présence
de la puissante abbaye de Saint-Amant et de la densité
des fondations religieuses. L’installation se fait dans la
châtellenie de Montignac, dans les arrières- fiefs de
l’évêché. En l’absence de cartulaire, les actes récemment
découverts révèlent des possessions ou des droits
étendus à d’autres paroisses. Les Grandmontains en ont
obtenus dans les paroisses de Vars et Vouharte. D’autres
recherches diront s’ils ont des biens ailleurs. Le site de
Ravaud est favorable à la culture de la vigne et des
céréales. Proche de voies fréquentées, il est
convenablement doté dans les environs immédiats avec
des droits d’agrier et de dîmes sur les tenanciers, un
domaine important à Villesion complété par un moulin,
quelques taillis.
Pour couronner le tout, les Grandmontains disposent
d’un quartier en ville qui rapporte des rentes, mais
permet certainement d’échanger des produits ou de se
réfugier si besoin. Un terroir relativement riche, une
position centrale conduisent à choisir Ravaud comme
prieuré lors de la réorganisation par le pape Jean XXII.
A partir de 1317, le prieur ajoute à ses revenus ceux des
anciennes celles, affermées, devenues ses annexes. On
ignore la raison de la ruine avant le XVII siècle de l’aile
e
du chapitre et du réfectoire. Pour ce motif, les prieurs
67 Registres municipaux, 3 octobre 1824 (vendanges le 14) ; 18
septembre 1825, vendanges le 19 (loi du 6 octobre 1791).
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