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Charente (16) Angoulême arrondissement - 102

Les plus anciens habitants d’Anais semblent avoir perdu indiquée par l’histoire. Restait à déterminer sa nature, la
le souvenir de toute décoration intérieure autrefois cause et la date précise de son apposition.
existante dans leur église, et c’est au hasard seul que nous
C’est le résultat complet et satisfaisant de nos recherches
sommes redevable de la découverte qui fait l’objet de
qu’il nous reste à faire connaître.
cette note.
Après avoir constaté que le bandeau noir armorié
Dès 1884, notre attention avait été attirée par la présence
s’étendait à droite et à gauche du point exploré, sur une
d’une tache noire apparente sur le mur de l’ouest, dans
hauteur régulière et sans ornementation, nous pûmes
un endroit où le badigeon avait été fortuitement enlevé.
conclure que nous venions de mettre au jour ta litre ou
A l’observation que nous fîmes alors au sujet de cette
ceinture funèbre d’un gentilhomme défunt .
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remarque, on nous répondit que les ouvriers avaient à
diverses époques relevé sur les murs les traces d’un Dès lors, nous appuyant sur les règles mêmes qui
incendie qui, d’après la tradition, aurait détruit l’église à régissaient sous l’ancien droit l’apposition de
une date indéterminée. semblables monuments, nous nous mîmes en devoir
de rechercher “de douze pieds en douze pieds” la
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Nous constatâmes cette année que la tache placée à la
reproduction des blasons sus indiqués; l’épreuve fut
tribune s’était agrandie en raison de la dégradation
convaincante, et bientôt nous pûmes mettre au jour
croissante du badigeon écaillé. Poussé par la curiosité,
cinq écussons identiques au premier, brochant sur la
nous soulevâmes la couche de plâtre déjà “soufflée”,
même ceinture noire qui courait sur trois des murs de
et bientôt quelques traits nettement définis apparurent
l’église, à une hauteur constante de 4 mètres environ au
à nos regards. A n’en point douter, nous étions en
dessus du sol.
présence de fresques plus ou moins anciennes.
Seul, le sixième écusson nécessaire pour la symétrie
Muni des autorisations nécessaires, nous commençâmes
faisait défaut; mais nous remarquâmes que son absence
bientôt à dégager le motif décoratif que nous venions
s’expliquait naturellement par la présence d’une des
de découvrir, en soulevant avec précaution le plâtrage fenêtres récemment ouvertes, comme nous l’avons dit
épais de plusieurs millimètres qui le cachait aux regards.
plus haut, et précisément à la place qu’il devait occuper.
Il nous fut aisé de constater que cet enduit se composait
En arrivant près du sanctuaire, les deux extrémités de
d’environ neuf couches superposées et de teintes
la litre se terminent par deux grands panneaux
diverses appliquées à des époques successives.
décoratifs rectangulaires à fond noir, ne mesurant pas
Bref, voici ce qui apparut à nos yeux: moins de 1.44 de hauteur sur 1.92 environ de largeur.
m
m
Ces deux pièces, absolument semblables entre elles,
Sur une large bande noire, mesurant 62 centimètres de
représentent le blason des de La Rochefoucauld dans
hauteur, se détachait un double écusson d’alliance,
surmonté d’une couronne ducale ornée d’une Mélusine toute sa majesté.
en cimier, et abrité sous les plis d’un manteau d’hermine Au centre apparaît l’écu Burelé et chevronné, seul,
aux revers armoriés. entouré des colliers des ordres de Saint-Michel et du
Saint-Esprit et apposé sur le manteau d’hermine; la
Le premier écu (celui du mari) portait: Burelé d’argent
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et d’azur, à trois c/terrons de gueules, le premier écimé, couronne ducale, ornée de son cimier naturel (la
Mélusine hissant d’un baquet rempli d’eau, tenant un
qui est La Rochefoucauld.
peigne dans la main gauche et un miroir dans la main
Le second (celui de la femme), d’hermine au chef de
gueules, qui est de Vivonne . 3 En droit, la litre d’un simple seigneur ne pouvait avoir qu’un
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pied et demi de hauteur (0,4325 mm); seule, celle des princes
Il nous fut aisé de reconnaître que nous étions en
pouvait atteindre deux pieds et demi (environ 0,539.
présence d’un monument intéressant la personne de Voir Maréchal des Droits honorifiques, chap. V.
François VI de La Rochefoucauld, prince de Marsillac, 4 Voir Maréchal, chap. V déjà cité.
baron de Verteuil, époux de dame Andrée de Vivonne. 5 Sans vouloir sortir ici de notre cadre, nous rappellerons que les
tous deux vivants au milieu du XVII siècle; le style du de La Rochefoucauld sont une branche cadette des de Lusignan,
e
ainsi que l’indique d’ailleurs leur écusson, dont le champ est formé
monument était en parfaite harmonie avec la date
par l’écu plein des de Lusignan, chargé de trois chevrons, dont
2 Voyez Gourdon de Genouillac. - c’est à l’obligeance de M. de le premier est écimé en témoignage de branche cadette le premier
Fleury que nous devons les premiers renseignements qui nous Foucauld, vivant en 980, était petit-fils de Hugues de Lusignan.
aidèrent dans ce travail. Voilà pourquoi la Mélusine se retrouve dans les armoiries précitées.

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