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Charente (16) Angoulême arrondissement - 288
“Sa famille, dit St-Simon, a encore moins duré et n’a pas fini “Fort peu après mourut Montbron, que le servage à Louvois avoit
plus heureusement” . élevé et porté même dans la familiarité du roi par la petitesse des
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détails. C’étoit un petit homme de mine chétive, d’esprit médiocre
Enfin, en 1599, le comté de Montbron était vendu avec
mais tourné à tout faire, grand vanteur, parleur impitoyable,
la Baronnie de Manteresse, moyennant 150,000 livres, à
toutefois point mal-honnête homme, assez bon officier et brave, que
Etienne Chérade, maire d’Angoulême, héritier de riches
le roi eût volontiers fait maréchal de France, s’il eût osé, Montbron
marchands “de draps de soie” de cette ville.
portoit en plein les armes de cette grande et ancienne maison fort
Appendice tombée depuis longtemps, et qu’il (le roi) le laissa faire, parce qu’on
fait là-dessus tout ce qu’on veut en France.
La Fin de la Maison de Montbron.
Il venoit de père en fils d’un chevalier de Montberon, général des
Nous ne quitterons pas Montbron sans relater ici finances en 1539, qui étoit son trisaïeul, et qui portoit de
comment finirent ceux qui, après avoir aliéné leurs Montberon, brisé d’un filet de barre. Cette marque qui est d’un
droits sur cette terre, en avaient retenu le nom bâtard, et son emploi, sont parlants dans un homme de ce nom.
patronymique. Ici aussi, il y a lieu soit de compléter, soit Sa postérité ne fit guère plus de figure en biens et en emplois. Le
de rectifier ce qui a été écrit à ce sujet. Or, les derniers père de celui dont il s’agit ici fit ériger son méchant petit fief de
représentants de la maison de Montbron eurent une assez Sourd en vicomté sous le nom de Montberon en 1654. servit en
triste destinée qui contraste avec l’étalage de grandeur de petits emplois, fut gouverneur de Bray-sur-Seine, et parvint à
qu’on leur a complaisamment prêté. faire deux de ses fils chevaliers de Malte. L’aîné dont on parle ici,
Nous avons vu que l’unique héritière de la branche aînée se fourra dans la confiance de M. de Louvois... Il devint lieutenant
de la famille qui la première posséda Montbron était général et successivement gouverneur d’Arras, Gand, Tournai et
entrée dans la maison de Bourdeilles. Cambrai et seul lieutenant-général de Flandre, où il demeuroit
toujours. M. de Louvois le fit chevalier de l’ordre de la promotion
Deux branches collatérales eurent un sort analogue: les
seigneurs de Fontaine-Chalendray en Saintonge , et de 1688, où il mit tant de militaires et tant de gens de bas aloi.
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Montbron conserva toute sa vie ses cheveux verts, avec une grande
d’Auzances en Poitou . L’une et l’autre de ces deux
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calotte, qui figuroit fort mal avec son cordon bleu.
branches étaient issues de Louis, troisième fils de François
II de Montbron (mort en 1476) et de Louise de Clermont, Il venoit voir le roi tous les ans, et en étoit toujours bien traité et
vicomtesse d’Aulnay. Ce Louis avait eu, d’un premier lit, distingué. Il s’avisa d’être médecin et chimiste; il mit un remède à
avec Radégonde de Rochechouart, autre Louis, dont la la mode qui tua la plupart de ceux qui en usèrent, tous par des
descendance finit sans postérité à la cinquième cancers. Il lui en vint un à la main, dont il mourut aussi...”
génération; et, d’un second mariage avec Guione Ce dernier rejeton plus ou moins authentique de la race
Morichon, deux fils: Louis, seigneur d’Auzances, qui des Montbron avait un fils auquel il survécut.
épousa Madeleine de Mareuil, dame de Montmoreau, et
Saint-Simon en donne aussi le portrait: 30
dont la fille fut mariée à Louis Prévost, seigneur de Sansac;
et Jacques, aussi seigneur d’Auzances, gouverneur de Metz, “Je ne puis passer sous silence une aventure fort ridicule qui arriva
père de Louise de Montbron qui mourait en 1595 . au même homme à tous les deux (à deux bals de la Cour). C’étoit
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le fils de Montbron, qui n’étoit pas fait pour danser chez le roi,
Pourtant, on retrouve des Montbron au XVII siècle. Le
e
non plus que son père pour être chevalier de l’ordre, qui le fut
bon Marvaud les donne comme appartenant à une
pourtant en 1688, et qui étoit gouverneur de Cambrai, lieutenant
branche cadette, sans pouvoir dire laquelle. Saint-Simon
général et seul lieutenant général de Flandre, sous un nom qu’il
les désigne comme issus d’un bâtard, et montre les
ne put jamais prouver être le sien. Ce jeune homme, qui n’avoit
derniers descendants de “cette grande et ancienne famille”
encore que peu ou point paru à la cour, menoit Mlle de Mareuil,
péniblement déchus.
fille de la dame d’honneur de Mme la Duchesse (les bâtards de
Nous n’avons qu’à lui laisser la parole: 29 cette grande maison des Mareuil), et qui, non plus que lui, ne
25 Mémoires, année 1698. devoit pas être admise à cet honneur. On lui avoit demandé s’il
26 Canton d’Aulnay, arrondissement de Saint-Jean-d’Angély (Ch.- dansoit bien, et il avoit répondu avec une confiance qui donna envie
Inf.) de trouver qu’il dansoit mal: on eut contentement. Dès la première
27 Paroisse de Saint-Pierre-de-Migné près Poitiers.
révérence il se déconcerta. Plus de cadence dès les premiers pas.
28 Moréri. - P. Anselme.- Hist. généalogique de la Maison de
Villebois-Mareuil. Angers, 1909.
29 Mémoires du duc de Saint-Simon, année 1708. 30 Mémoires du duc de Saint-Simon, année 1692.
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