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Charente (16) Angoulême arrondissement - 287
étaient des bourgeois très pourvus de biens qui se sont “laquelle Léonor, rapporte Duchesne, étant effrayée du supplice
trouvés dès le siècle suivant en possession de se dire qu’on fit souffrir à Poltrot pour avoir occis François de Lorraine,
écuyers, et qu’on doit voir une veuve riche, mais sans duc de Guise, l’an 1563, cheut toute pasmée et mourut incontinent
défense, dans la victime de 1569 . après, sans laisser enfans.”
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C’est à cette date que nous croyons devoir reporter les D’une seconde alliance avec Anne de Lalain (1581)
violences de la soldatesque huguenote. Le recueil où naquit une fille, Madeleine, qui épousa en 1597 Henri de
nous avons puisé la scène reproduite ci-dessus a été Luxembourg, duc de Piney. La dernière baronne de
rédigé dans un esprit de polémique plutôt que de Montbron du nom de Montmorency eut à son tour deux
relation historique; aussi ne s'attache-t-il pas à filles. L’aînée, Marguerite-Charlotte, eut aussi, d’un second
déterminer les dates précises des faits rapportés, se mariage avec Charles- Henri de Clermont-Tonnerre, une
bornant à énoncer qu’ils se sont produits “depuis l’an fille, Madeleine-Charlotte, qui devait épouser en 1661
1662”. Angoulême ayant été occupé par les protestants Henry de Montmorency-Bouteville, le futur et très illustre
de 1568 à 1570, c’est dans ce laps de temps qu’il parait maréchal de Luxembourg (1628-1695), fils posthume de
légitime d’exercer nos investigations. Or, d’Aubigné Bouteville, de la branche des Fosseux, lequel avait été
raconte de nombreux assauts de châteaux, à Chabanais exécuté en 1627, pour s’être, bravant les édits portés
notamment, “avec meurtre de deux cents hommes en 1569” . contre le duel, battu en plein jour sur la place Royale.
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C’est pourquoi nous avons approximativement attribué Quant à la seconde fille de Madeleine de Montmorency,
à cette même année les violences commises par la Liesse (ou Luce) de Luxembourg, elle avait épousé, encore
“garnison” protestante de Montbron. toute jeune, Henri de Lévis, due de Ventadour qui fut, en
1627, avec le Capucin Philippe d’Angoumois, le promoteur
IV
de la Compagnie du Saint-Sacrement; et voilà que, près
Les Montmorency-Luxembourg d’arriver à l’âge de dix-huit ans, d’accord avec son mari,
qui de son côté allait se dépouiller de sa duché-pairie et
Un seul des fils du connétable, Henri de Damville, laissa se démettre du gouvernement du Languedoc pour ne
lui-même un fils. Or, cet unique héritier de la maison s’occuper que d'œuvres de piété et de charité, elle entra,
de Montmorency, Henri II, amiral et maréchal de France, en 1629, aux Carmélites d’Avignon.
pour avoir pris parti contre Richelieu en faveur de Gaston
Dès 1624, les deux sœurs s’étaient vues obligées de
d’Orléans qui l’abandonna, fut condamné à mort et
vendre les baronnies de Montbron et de Manteresse. En
décapité à Toulouse en 1632. Ses biens confisqués
effet, à la suite d’un procès qu’avait soutenu leur père
d’abord furent ensuite attribués à sa sœur Charlotte,
et aïeul contre la nièce et cousine de ceux-ci, Marie (alias
femme d’Henri II de Condé. L’ancien duché de
Louise) de Luxembourg, comtesse de Briennne, veuve de
Montmorency prit le nom d’Enghien, de sorte que:
Bernard de Béon, seigneur du Massez, lieutenant général
“ce duché n’a plus, écrivait-on au XVIII siècle, qu’une vieille d’Angoumois, Saintonge, Aunis, Haut et Bas-Limousin, elles
e
tour où l’on tient les archives et où l’on reçoit l’hommage des se trouvaient redevables d’une grosse somme; et, pour
vasseaux.” 22 se libérer envers leur tante, elles vendirent leurs
Situation anormale, qui présente, en grand, ce que la seigneuries d’Angoumois à son gendre, Henri-Auguste
Baronnie de Manteresse nous montrait au petit pied. Loménie de la Ville-aux-Clercs, devenu comte de Brienne
par son mariage, moyennant 210,000 livres, dont elles
Thoré était mort en 1594. Il avait épousé en premières 23
noces (1561) Léonor d’Humières: déléguèrent le prix à leur parente et créancière .
Loménie, d’origine roturière, comme tant d’autres
20 Une branche de la famille de Marendat (ou Marandat) qui
ministres de la monarchie , étant devenu à cette même
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habitait le Panisson, autre hameau de la paroisse de Montbron,
acquit la seigneurie voisine de Varaignes. Les Marendat se date de 1624 secrétaire d’Etat, fit ériger en comté la
trouveraient, paraît-il, désignés comme "gentilshommes" dés 1590 Baronnie de Montbron. Son fils lui succéda dans sa
et 1594; mais ils ne paraissent faire officiellement partie de la charge, où il rendit de grands services. Mais la mort de
noblesse qu’en 1712.
sa femme, fille du ministre Chavigny, lui fit perdre la
Armes: d’or à la croix d’azur (Armorial du Périgord, A. de
raison:
Froidefond de Boulezac, n. 343, p. 327. - voir aussi Jug. du Trib. civ.
D'Angoulême, du 11 avril 1911).
21 Hist. univers. Ed. de la Soc. d’Hist. de Fr. T. III, p. 77. 23 Arch. dép. E. 47.
22 J.-J. Rousseau, Confessions, partie II, liv. X. 24 Hist. de Fr. de Lavisse, T. VI, 2e partie, p. 160.
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