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Charente (16) Angoulême arrondissement - 286

        Il était le préféré de sa mère:                              cette ville. Voici le texte, traduit de l’original latin en
                                                                     français des Flandres:
        “Madame La Connétable, dit Brantôme, l’aimoyt uniquement
        et plus que tous ses autres fils ensemble.”                  “La garnison de la ville de Montbron, reçus et traités par une
                                                                     honnête et vertueuse Damoiselle en sa maison de Marendat; puis,
        Après la mort, à 74 ans, du Connétable tué à la bataille
                                                                     avec des paeles (pelles) de fer rougies au feu lui brûlent la plante,
        de Saint-Denis en 1567, Thoré, suivant l’exemple de son
                                                                     des pieds et lui arrachent la peau des jambes par éguillettes. Enfin,
        frère Damville, se joignit au duc d’Alençon, Monsieur frère
                                                                     pillent sa maison.”
        du roi, qui prenait la tête des politiques et des malcontents.
        C’est  de  concert  avec  le  roi  de  Navarre,  chef  des La victime est dite “damoiselle”, ce qui semble indiquer
        huguenots, qu’il défendit contre les seigneurs de Mayenne qu’elle était fille noble épouse ou veuve d’un bourgeois:
        la cause de Henri III. Ce n’est donc pas sans raison qu’on tel est le sens rigoureux du terme employé ici, à une
        l’a glorifié d’avoir été:                                    époque où le langage féodal était encore observé.

        “fidèle au roi contre les rebelles durant les troubles de la Ligue” Du reste, le registre des Cens et rentes perçus au profit du
        (Duchesne),                                                  seigneur de Montbron de 1568 à 1572, date à laquelle il
                                                                     faut  placer  le  fait  relaté,  ainsi  que  nous  le  verrons
        parce qu’:
                                                                     tout-à-l’heure,  nous  donne  des  indications  qui  ne
        “il deffit fort les affaires de la Ligue et bastit très-bien celles du  supposent pas l’existence d’une maison noble:
        roy” (Brantôme).
                                                                     “François  de  Marendat  et  Minet  Paulhe,  pour  terres
        On n’en est pas moins quelque peu déconcerté de voir         labourables; Junien du Rousseau, Perrot de Marendat et Théry
        les fils de Montmorency alliés des réformés: aussi bien,     Marendat,  pour  son  clos;  Maistre  Jehan  du  Rousseau
        Thoré fut-il fortement suspecté de protestantisme . Le       docteur en droit, etc.” .
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        vrai est peut-être que les Montmorency se souciaient peu
                                                                     Plus tard, dans un Mesurage de la tenue et village de Marendat,
        de servir les intérêts de la maison de Lorraine.
                                                                     fait en 1633: “à la requête des tenanciers de la ville de Montbron”,
                                                                     il est dit:
        Quoiqu’il en soit, on comprend sans peine que lorsque
                                                                     “... Le surplus, le dit seigneur de Marendat le tient et possède.” 18
        les réformés, en 1568-1569, commirent en Angoumois
        les  cruels  excès  dont  nous  allons  relater  un  épisode, Mais, qui est “seigneur”? N’est-ce pas celui de Montbron
        Thoré  n’était  point  occupé  à  défendre  contre  eux  sa même? En 1679, l’Etat des cens et rentes dues au seigneur de
        Baronnie de Montbron.                                        Montbron   est  plus  explicite:  on  y  trouve  Junien  du
                                                                              19
                                                                     Rousseau, écuyer, sieur de Marendat, tenu d’ailleurs de payer
        Au surplus, il semble que Guillaume pas plus que Gabriel
                                                                     des rentes au seigneur de Montbron, pour des “jardrins près
        n’aient, même après la mort du Connétable, possédé
                                                                     la porte de l’Aumônerie de cette ville”, et pour un pré qu’il
        autre chose que le seul nom de Montbron. On voit encore
        en 1580, "Madame la Connétable, duchesse de Montmorency",    possède avec son frère Jacques du Rousseau, aussi écuyer,
                                                                     sieur de la Vue. Mais on y trouve encore un autre Jean
        qui devait décéder seulement trois ans plus tard, prendre
                                                                     du Rousseau, dit également écuyer et sieur de Marendat en
        le titre de “dame de Montbron et Manteresse” et en cette
                                                                     même temps que de Ferrières, lequel doit des rentes pour
        qualité nommer des commissaires à l’effet de visiter le
        pont  de  Montbron  dit  Pont-en-Roulx,  et  d’estimer  les  terres labourables et pour la permission à lui baillée et à
                                                                     ses auteurs de faire bâtir une forge à fer et éclusage près
        réparations à y faire .
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                                                                     le village de La Vaud sur la rivière de la Tardoire. On
                                    III                              trouve  enfin  dans  le  même  document  un  Jean  du
                                                                     Rousseau,  maître-tailleur  d’habits,  entre  François  du
             Le Supplice de la Demoiselle de Marendat
                                                                     Rousseau,  écuyer,  seigneur  de  Fayolles,  et  François  du
        Le “Théâtre des Cruautez des Hérétiques”, publié à Anvers    Rousseau, écuyer, sieur de la Cour et de Coulgens.
        en  1588,  rapporte  une  scène  de  sauvagerie  qui  se     De sorte que l’on doit conclure en définitive que les
        produisit quelques années auparavant à Marendat, tout        possesseurs de “la maison de Marendat”, au XVI  siècle,
                                                                                                                        e
        proche de Montbron, en la paroisse de Saint-Maurice de

        15 voir Hist. de Fr. de Lavisse. T. VI, part. I, par M. Mariéjol, pp.  17  Arch. dép. E 54.
        138, 297.                                                    18 Arch. dép. E 50.
        16  Arch. dép. E 47.                                         19  Arch. dép. E 56.

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