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Charente (16) Angoulême arrondissement - 284
Les Montmorency Barons de Montbron
Daniel Touzaud
Brantôme dit, de la Baronnie de Montbron, qu’: “on la tient effort qu’elle put faire en faveur de sa Baronnie en effet,
pour la première d’Angoumois”. elle dirigea les affaires de son domaine avec si peu de
succès qu’en 1477 la terre de Montbron était saisie, à la
Il exagère. On sent bien que sa famille est alliée à celle
qui posséda Montbron. Effectivement, la dernière requête d’une dame de Graville, sur la comtesse
d’Angoulême. Cette Marie de Graville était veuve de Louis
descendante des anciens seigneurs du lieu, Jacquette, avait
de Clermont et dame de Chef-Boutonne; elle administra un
épousé en 1558 Antoine de Bourdeilles, sénéchal du
certain temps ces biens, puisque, l’année suivante
Périgord, frère du mémorialiste. Aussi bien, malgré sa
déchéance, cette “grande et ancienne famille” (comme la (1478), elle était appelée par ordonnance de Philippe de
Commynes, Chambellan du roi Louis XI et sénéchal du
qualifie encore Saint-Simon), qui compte dans son passé
Poitou, à comparaître par devant son lieutenant à Poitiers,
un maréchal de France, a retenu toute l’attention de
François de Corlieu “pour s’informer de l’état des ponts et
notre Marvaud, lequel, dans sa Notice sur les seigneurs de
Montbron , consacre à peine quelques lignes incomplètes passages de Montbron”, et ce à raison du “péage jadis introduit
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pour ce faire” . Mais, lorsque
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aux autres possesseurs de cette terre. Ceux-ci ne sont
pas moindres pourtant qu’une comtesse d'Angoulême, la belle-fille de Marguerite de Rohan, Louise de Savoie,
Marguerite de Rohan, une régente de France, Louise de veuve elle-même depuis 1495 de Charles de Valois, eut
Savoie, et, après elles, le fameux connétable de charge d’administrer, elle s’en acquitta tout autrement.
Montmorency et successivement deux de ses fils. Il faut
En 1508, cette femme avisée se rend adjudicataire des
malheureusement reconnaître que les Montmorency,
seigneuries de Matha, en Saintonge, d’Aulnay, en Poitou,
occupés d’autres soins durant les terribles agitations du
et de Maulévrier, en Anjou, saisies sur ce malheureux
XVI siècle, ne paraissent pas avoir apporté une grande Eustache qui n’a guère conservé de son ancienne
e
sollicitude au gouvernement de cette terre; ils n’ont pas
grandeur que le nom de Montbron. Finalement, en 1517,
su, notamment, conjurer une scène tragique qui s’est
le fils d’Eustache, Adrien, devenu par sa femme baron
déroulée tout proche du chef-lieu de leur Baronnie.
d’Archiac et resté soi-disant “seigneur de Montbron”,
Néanmoins, l’éclat d’un grand nom vaut bien qu’on le transige après procès avec la duchesse d’Angoulême (on
salue dans la mesure où il projette des rayons sur notre
sait que François 1 . à son avènement, avait érigé
er
province.
l’Angoumois en duché au profit de sa mère) Louise de
Le Connétable de Montmorency Savoie demeure vicomtesse d’Aulnay, mais abandonne
Matha avec 24,000 livres à son besogneux adversaire. 4
S’il fallait en croire, ici encore, Brantôme, “feu M. le C’est peu après, en 1526, qu’elle constitue en dot à
Connétable aurait eu (la Baronnie) des biens du seigneur et baron Madeleine de Savoie la terre de Montbron . Madeleine de
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de Montbron, ayeul de Madame de Bourdeilles.” Il n’en était Savoie, qui épousait le connétable Anne de Montmorency,
rien. Dans ses Additions aux Mémoires de Castelnau, Le était la nièce de Louise de Savoie fille de Philippe de Savoie
Laboureur déclare Brantôme “mal informé”. C’est, en effet, et de Marguerite de Bourbon; elle-même était fille, légitime
des mains de Louise de Savoie que le Connétable reçut, aussi, de René, fait comte de Villars et grand-maître de
en 1526, la Baronnie de Montbron. Nous allons dire France, mais qui, lui, était un bâtard légitimé de Savoie,
comment. à ce titre frère consanguin de Louise .
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Dès 1471, l’infortuné baron François II et son fils Deux ans plus tard, en 1528. le Connétable rachetait
Eustache se voyaient contraints de vendre leur terre à la cette autre Baronnie dite de Manteresse qui, après avoir
comtesse d’Angoulême . Celle-ci, Marguerite, seconde fille fait originairement partie intégrante de la Baronnie de
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du vicomte de Rohan, avait perdu son mari, le “bon comte Montbron, avait été formée a deux reprises (1281-1456)
Jean”, en 1468, et devait lui survivre jusqu’en 1497. Elle
3 Archiv. départ., même liasse.
commença par rebâtir le château de Montbron, édifice 4 Arch. dép. E. 46, 47.
médiocre qui existe encore aujourd’hui. Ce fut le seul 5 Le Laboureur, Addit. aux Mém. de Castelnau. Paris, 1659, t. II,
1 Soc. Arch. et hist. de la Charente, 1851-1852 p. 91.
2 Archiv. départ. E 45. 6 Op. cit., p. 108.
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