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Charente (16) Vues anciennes - 198
coupole sur trompes. Un clocher carré sur monte la La croisée du transept est couverte d’une coupole sur
croisée du transept. trompes, reposant sur une travée délimitée par des arcs
fourrés à double rouleau intérieur. Les piles de la croisée
A l’intérieur, le sol a été surhaussé de 1,30 , ce qui
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sont cruciformes, avec des demi- colonnes engagées sur
alourdit les proportions de l’élévation d’origine.
les quatre faces. Elles sont construites en grand appareil
Les supports de la nef (fig. 3) sont de puissants piliers à joints larges et semblent avoir été construites pour
carrés cantonnés de demi-colonnes engagées sous les recevoir dès l’origine un couvrement lourd et sans doute
grandes arcades et de simples pilastres du côté du un clocher. Les techniques de construction semblent
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vaisseau central et des collatéraux. encore indiquer le XI siècle.
Des pilastres engagés dans les murs latéraux reçoivent
également les doubleaux des collatéraux. A l’extérieur,
des contreforts plats renforcent ces mêmes murs au
droit des pilastres. L’importance des supports de la nef
et le renforcement des murs montrent que l’édifice a été
construit pour être voûté dès l’origine.
Les joints larges des supports intérieurs en grand
appareil, comme le caractère un peu irrégulier du petit
appareil des murs latéraux conduisent à dater cette nef
simple et austère de la deuxième moitié du XI siècle.
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L’examen des maçonneries révèle cependant l’existence
d’un décrochement dans l’épaisseur du mur de la façade,
des murs latéraux et même du bras sud du transept juste
au-dessus du niveau des tailloirs des chapiteaux de la
nef, décrochement qui dénote une reprise de la
construction du mur, dont on a diminué l’épaisseur dans
les parties hautes. On peut également observer une
rupture de niveau dans les grandes arcades de la dernière
travée où, des deux côtés de la nef, les départs d’arcs
sont plus élevés sur la face orientale des supports que
sur leur face occidentale, comme s’il s’agissait de mieux
contrebuter la croisée ou, du moins, de racheter la
différence de niveau entre les chapiteaux des piles de la
croisée du transept et ceux des grandes arcades.
Ce changement de parti en cours de construction est
également visible au revers de la façade, où deux
contreforts intérieurs, qui appartiennent à l’église
romane, flanquent le portail gothique. Leur glacis
s’arrête précisément à la hauteur du décroche ment dans
l’épaisseur des maçonneries, au niveau des tailloirs des
chapiteaux de la nef. Ces anomalies semblent indiquer
une interruption des travaux, avec une nef restée
inachevée pour une raison inconnue qui n’est
probablement par le manque de moyens: les donations
à l’abbaye sont continues de la fin du XIe siècle au début
du XII siècle.
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