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Charente (16) Vues anciennes - 192
qu’on ne doit s’attendre à voir remplacés que dans un 1150. Depuis cette époque jusqu’en 1235, deux ou
temps fort éloigné. Le terrain est communément si froid peut-être trois Pierre gouvernèrent le monastère, sans
et si aride dans les lieux où ces arbres croissaient qu’on qu’il soit possible de les distinguer. — Jean, 1258. —
n’a pu y faire rien venir depuis, ce qui est cause qu’une Étienne, 1280. — Jean, 1336. A cette date, l’archevêque
partie du pays est inculte .” La plupart des maisons du de Bordeaux, visitant le diocèse d'Angoulême, cet abbé
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bourg tombaient en ruines. promit, sous peine de cent marcs d’argent, de se sou
mettre au jugement d’un arbitre nommé par l’évêque
Vers 1775, une ressource s’offrit aux paysans; mais ils
pour les crimes dont il était accusé. — Pierre 1361. —
ne l’acceptèrent que bien lentement. Un sieur Sardain
Étienne, 1400. — Hélie, 1445. — Étienne, 1468. —
de l’Augerie, qui possédait plusieurs domaines dans la
Guillaume, 1473-1494. — Guillaume Lériget, 1503,
paroisse, prit à faire semer dans chacune de ses fermes
la huitième partie d’un, journal en pommes de terre. Il probablement le même que Guillaume qui précède.
en laissa tout le produit à ses colons, soit qu’il estima COMMENDATAIRES:
qu’il ne valait pas la peine d’en prendre sa part, soit
— Louis de La Rochefoucauld, 1509- 1525.
plutôt qu’il voulut encourager ainsi cette nouvelle
— Guy de Montalembert, 1547-1554.
culture. Elle s’étendit, en effet; mais alors l’abbé en — Gaston Mosnier de Planeau, 1613-1626.
réclama la dîme. Les habitants refusèrent ; de là un
— David de la Grange. 1653-1658.
procès qui, engagé en 1783, durait encore en 1786. Un
— Claude Vigier de la Grange, 1669-1680.
mémoire en faveur des cultivateurs nous apprend en
— Guillaume Crozat, 1682-1710.
quelle pauvre estime on tenait alors le précieux — Jean-Charles-Hubert de La Vieuville, 1710-1712.
tubercule: “La pomme de terre pourrait, y est-il dit, dans
— Pierre-François de Chauvigny de Blot, 1715-1750
des cas de dernière disette, être mêlée avec de la farine
—Jean-Baptiste-Olivier- Placide de Meray de Mongazin,
pour les pauvres gens pour faire du pain, ce qui en
1760-1786.
grossirait le volume, quoique en diminuant la qualité. Il
peut se faire que ce serait une ressource en pareil cas, CHÂTELLENIE
comme la racine de fougère, ce qui ne peut arriver que Simple celle d’une famille encore existante au XI siècle,
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dans un temps d’une famine cruelle .” Cellefrouin n’a pas dû être à l’origine de la féodalité le
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e
Un auteur a résumé ainsi l’état de Cellefrouin et de La siège d’une châtellenie, mais il l’était au XII siècle et
Tâche, son annexe, en 1789, d’après les cahiers des appartenait, vers 1180, à la maison, déjà puissante, de
assemblées de la province : « Paroisse écrasée d’impôts, La Rochefoucauld.
relativement à son mauvais sol ; aucun commerce; En 1249 Guy de La Rochefoucauld fait hommage à
impossibilité d’en introduire, parce que les chemins sont l’évêque, comme ses prédécesseurs, pour le château, la
impraticables; 20,000 livres dépensées pour la réparation châtellenie et “tout l’honneur” de Cellefrouin et pour la
de l’église; 3,000 livres à dépenser encore pour cet objet; haute et basse justice.
5,500 livres portées sur un rôle pour réparations qui
Cette châtellenie comprenait, en 1565, les paroisses de
s’exécutent aussi mal que possible au presbytère. Le
Cellefrouin, La Tâche, Beaulieu et Ventouse.
peuple manque de pain ; les plus aisés ne font que vivre
médiocrement. Leurs vœux tendent à ce qu’un nouveau Louis Prévost de Sansac devint à cette époque
régime les indemnise du passé et les soutienne pour l’a propriétaire des deux tiers de Cellefrouin, au moyen
venir . » d’un échange avec Louis de La Rochefoucauld, seigneur
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de Montendre, et de l’achat des droits de Joachim de
ABBÉS: Adémar de Chambes, 1048-1076. — Foucauld,
Chabannes, baron de Curton. Le 17 décembre de la
1109. — Foucher, 1130. Il était d’Angoulême. Lors du
même année, il rendit aveu pour les « deux tierces parties
schisme, il prit parti pour Innocent III et fut persécuté
par indivis de la baronnie de Cellefrouin, consistant en
par l’évêque Gérard, partisan d’Anaclet. Il partit pour
tout droit de seigneurie, justice et juridiction haute,
la Terre-Sainte, fut nommé évêque de Tyr, dont il
moyenne et basse, exercice, cens, rentes, dîmes, terrages,
occupa le siège pendant douze ans, et devint ensuite
béans et courvées, bâtiments, moulins, étangs, rivières,
patriarche de Jérusalem . — Pierre Tronchin, vers
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pêche ries, prés, bois, terres, fuie, garenne, droit de
17 Gervais, Mémoire sur l’Angoumois, 96 et 112.
foires, marchés, etc. (1). » Cellefrouin, dès lors, ne fut
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18 Archives de la Charente, fonds de l’abbaye .de .Cellefrouin.
19 C- de Chancel, U Angoumois en 1789, p. 373. 20 Gallia Christiana.
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