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Charente (16) Angoulême arrondissement - 266

Une Confrérie de Charité à Montbron

J-F. Chevalier

Les archives de l'évêché possèdent un exemplaire — enfants, etc., etc., et se reporter par la pensée à trois
unique, je crois —, des règlements d'une confrérie de siècles en arrière.
charité établie à Montbron dès 1634, précédés d'une Aujourd'hui les indigents sont secourus en vertu de lois
épître à Charlotte-Jacqueline Brulard, Comtesse de Brienne
établies; c'est pour eux un droit, et ils ne l'ignorent pas.
et de Montbron, et suivis du procès-verbal d'approbation
A l'époque où se place l'institution de la confrérie de
des dits règlements par l'autorité ecclésiastique .
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charité dont nous parlons (début du XVIIe siècle), rien
Cette confrérie de charité est la plus ancienne de celles de semblable n'existait; les miséreux devaient compter
— peu nombreuses d'ailleurs — qui se fondèrent en uniquement sur la charité de leurs semblables; mais on
Angoumois; puisque les confréries de Blanzac, Confolens, verra comment cette charité sut se montrer ingénieuse
Lanville datent respectivement de 1638, 1657, 1665. sous des formes diverses.
Comment se fait-il donc que notre savant collègue, M. Chacun sait que l'établissement des confréries de charité
l'abbé Nanglard, qui mentionne ces trois dernières en
est dû à l'initiative de “Monsieur Vincent”, alias Saint
son Pouillé historique, ne parle pas de celle de Montbron?
Vincent de Paul. La première confrérie de ce genre fut
Pur oubli sans doute, car il serait étonnant qu'il n'ait pas
fondée à Châtillon en 1617, et la deuxième à Paris en
connu le document que nous signalons ici. 1629. La confrérie de Montbron procède de la même

La fonction crée l'organe, a-t-on dit. De fait, ce sont les source, puisqu'elle eut pour fondatrice Louise du Massez,
malheurs des temps qui firent éclore ces œuvres d'utilité femme d'Henri-Auguste Loménie de Brienne, comte de
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publique qu'étaient les confréries de charité. Montbron , et que cette dame était de l'entourage de M.
Vincent: “Mme de Brienne, écrit le P. Coste, prit une part
En 1632, le froment était monté à un prix auquel on ne
active, comme dame de charité, aux bonnes œuvres de
l'avait pas vu depuis plus d'un demi-siècle, 9 livres 15
saint Vincent et de Louise de Marillac” .
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sols l'hectolitre . En 1634, la contagion était dans nos
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murs; la population fuyait la ville ou bien se réfugiait Le nom de la pieuse fondatrice de la confrérie de
dans les églises . En 1636, éclatait la révolte des Montbron nous est connu par une lettre que la supérieure
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Croquants, et beaucoup de terres restaient en friches. de la confrérie écrivait, le 27 mai 1691, à la dernière
La famine, la maladie, la misère sous toutes ses formes comtesse de Montbron, du nom de Brienne, Charlotte-
régnait dans le pays. Jacqueline Brulard, pour lui offrir la présidence de
l'œuvre . Cette lettre commence ainsi: “Madame. La
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Née en de telles circonstances, l'œuvre très opportune
confrérie de la Charité de Monberon est l'œuvre de Dieu:
que nous allons étudier prend la valeur, pour notre
c'est une source de bénédictions et de grâces en cette
région, d'une véritable page d'histoire sociale. Pour en
ville et en ce Païs, dont nous devons l'institution au zèle
comprendre l'importance, il faut — est-il besoin de le
dire? — Faire abstraction des œuvres d'assistance
4 Lo uise du Massez était fille de Bernard de Béo n du Massez,
établies en France par voie législative en ces dernières
seigneur de Bo uteville, mort en 1608, et de Lo uise de
années: bureaux de bienfaisance, secours aux vieillards,
Luxem bo urg, morte à Bo uteville le 16 juin 1647, à 80 ans. Elle
aux familles nombreuses, aux femmes en couches, aux avait épousé en 1623 Henri-Auguste de Lo m énie de Brienne,
conseiller d'Etat, devenu comte de Mo ntbro n, l'année suivante,
par acquisition de cette terre. Celui-ci décéda en 1666, laissant
1 Règlem ens de la Co nfrairie de la Charité de Jésus-Christ, une belle collection de 560 manuscrits, qui fut vendue à Lo uis
établie dans l'église de Saint-Maurice de Mo nbero n.. Broch. XIV, et qui forme aujourd'hui, à la Bibliothèque Nationale, le
petit in-quarto, de 52 pages, plus VII pages liminaires pour fonds Brienne.
l'épître; imprimée en 1691, vraisemblablement à Angoulême; 5 Le P. Coste: Saint Vincent de Paul; correspondance., entretiens,
la 1re page indiquant le nom de l'imprimeur manque. do cum ents, t. III, p. 140.
2 Bull. de la Soc. arch. et hist. de la Charente, annexe 1920, p. 6 Charlo tte-Jacqueline était fille de Nico las Brulard, marquis de
44. Mercuriales d'Ango ulêm e, par M. Geo rge. La Bo rde, premier président au Parlement de Bo urgo gne, et de
3 Voir en particulier les registres paroissiaux de Marie Cazel. Elle avait été mariée, le 6 février 1689, à Lo uis-
Saint-André de cette époque. L'église, polluée par la Henri de Lo m énie de Brienne, comte de Mo ntbro n, fils d'autre
population qui s'y est réfugiée, doit être réconciliée. Lo uis-Henri, et d'Henriette Bo uthillier.

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