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Charente (16) Angoulême arrondissement - 264

        eut du mal pour élever sa nombreuse famille pendant “de racler et biffer de manière à ne plus reparaître, les armoiries
        les années troublées par les guerres de religion.            et litres, signes d’orgueil et de vanité qui blessent ouvertement
                                                                     l’égalité et la liberté des fidèles”.
        Les protestants traversèrent nos contrées en 1562, puis
        en 1568, un peu avant la bataille de Jarnac, où fut tué Le  prêtre  de  Montbron,  membre  du  Conseil  Municipal,
        Condé, oncle de Henri IV. Les troupes indisciplinées et fondateur, avec ses deux vicaires, de la société des amis
        cruelles  du  capitaine  huguenot  de  Clermont  d’Amboise de  la  Constitution,  toute  la  bourgeoisie  de  Montbron
        logèrent  dans  le  château  de  Marie  de  Ferrière,  qu’on notaires,  médecins,  avoués,  propriétaires  fonciers,
        appelait aussi “la demoiselle de Marandat”. Elle les traitait commerçants, signèrent la délibération.
        du mieux qu’elle pouvait car elle redoutait ces rudes
                                                                     La décision fut aussitôt mise à exécution, le mausolée
        soldats qui faisaient ripaille à ses dépens, mangeant ses
                                                                     du chœur, les armoiries, les litres, disparurent. On peut
        volailles, ses bêtes, buvant son vin.                        voir  encore  les  armes  des  du  Rousseau,  martelées,
        Un jour, ayant sans doute bu plus que de coutume, ils illisibles, surmontant la porte extérieure de la chapelle
        la  torturèrent  pour  lui  faire  dire  où  elle  cachait  ses Notre-Dame-de-la-Pitié.
        trésors. Avec des pelles rougies dans les flammes du
                                                                     Si les armoiries de la clef de voûte de la chapelle qui
        foyer, ils lui brûlèrent la plante des pieds:                viennent d’être mise à jour ont subsisté, elles le doivent

        “ils lui firent — disent de vieux textes — dix à douze rayes, à  l’épaisse  couche  de  plâtre  qui  les  recouvrait  et  les
        tirant  la  peau  par  esguillettes,  depuis  la  cheville  des  pieds cachait aux regards.
        jusqu’aux hanches.”
                                                                     De nos jours, elles n’humilient plus personne, elles sont
        En 1581 de Clermont d’Amboise fut condamné à mort par le témoin d’un passé révolu, mais portent en elles un
        contumace, car il s’était enfui, et sa famille fut obligée peu de l’histoire de Montbron, cette histoire que nos

        à verser une rente à Marie de Ferrière et à ses enfants.     pères, à nous tous, ont faite.
        Un arrêt du parlement de Paris, en date du 22 août 1581,       Supplément au Bulletin Mensuel n. 6 de 1972 de la
        nous donne de nombreux détails sur cette triste affaire.        Société Archéologique et Historique de la Charente

        La chapelle des de Ferrière n’était pas la seule chapelle
        noble de notre église. D’autres familles de Montbron en
        possédaient sous l’ancien régime .
                                            2
        La chapelle de Marandat, située à l’extrémité du transept
        nord et ouvrant directement sur le vieux cimetière qui
        entourait en partie l’église, menaçait ruine à la fin de la
        Révolution. Jean Gédéon du Rousseau de Chabrot, premier
        maire de Montbron, élu en 1790, la fit démolir, sous le
        Consulat, et elle ne fut jamais reconstruite.

        La famille de Lambertie possédait, dans le choeur même
        de l’église, un mausolée de “trois pieds d’élévation” et
        avait fait placer, à la voûte de l’église, ses armoiries et
        ses litres.

        La municipalité de Montbron, celle qui avait, en 1791,
        demandé avec insistance qu’on conservât la, chapelle
        des lépreux:
        “pour que chacun puisse pratiquer un acte de dévotion envers la
        Sainte Vierge, en sa manière accoutumée”,

        décida, le 5 mai 1792, d’abaisser le mausolée du chœur
        au niveau du sol:




        2 Voir registres de la municipalité de Montbron, 1791.

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