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Charente (16) Angoulême arrondissement - 310

                      Parallélisme et Différences                    Villebois,  qui  fut  sans  doute  un  simple  prieuré-cure,
                                                                     n'offrait  pas  le  même  intérêt.  Il  semble  aussi  que  le
         Les villes fortifiées du comté d'Angoulême Barbezieux,      patrimoine religieux de la ville ait témoigné, sinon d'une
        Blanzac,  Cognac,  Confolens,  Jarnac,  La  Rochefoucauld,
                                                                     moindre ferveur, plutôt d'une plus faible vitalité urbaine.
        Marthon, Montbron, ont été victimes de démolitions qui
        ont fait disparaître leurs enceintes de façon à peu près     Un  rapprochement  intéressant  est  toutefois  à  établir
        totale  ou  les  ont  réduites,  comme  à  Angoulême,  à  de  entre  les  nefs  des  deux  églises  conservées,  où  des
        simples murs de soutènement. Grâce à Duviert, nous           vaisseaux uniques larges et faiblement percés de baies
        connaissons Angoulême (par deux vues), La Rochefoucauld      sont couverts de berceaux brisés subdivisés seulement
        et Montbron au début du XVII  siècle. Nous savons aussi      en deux longues travées, solution conservatrice et même
                                       e
                                                                                                    e
        quel était l'aspect de la chemise du donjon de Montbron,     archaïsante au début du XIII  siècle, des constructions
        et sans doute l'emprise de celle du donjon de Villebois,     gothiques  peu  nombreuses,  mais  imposantes,  étant
                                                                                                          e
        modifiée sur le même tracé et entourée de corps de logis     apparu dès le dernier tiers du XII  siècle en Angoumois
        entre le XIII  et le XV  siècles. Ce tracé sert encore de    comme en Périgord. La sculpture, dans les deux nefs, est
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                                e
        soubassement aux constructions de l'époque classique.        également médiocre, faite sans doute par des praticiens
                                                                     locaux  routiniers.  Une  enquête  de  l'Inventaire
        La double agglomération de Montbron, l'une d'origine
                                                                     monumental dans le tissu urbain médiéval et classique
        féodale, autour du château, l'autre religieuse, autour du
                                                                     ferait mieux ressortir dans les deux cas la physionomie
        prieuré, n'existe pas à Villebois, où le château, beaucoup
                                                                     des constructions anciennes de ces deux agglomérations
        plus important, n'est pas intégré à l'enceinte urbaine,
                                                                     aux différentes étapes de leur histoire.
        mais domine la bourgade, et où la création monastique,
                                                                      Bulletins et Mémoires de la Société Archéologique et
        voisine de la plupart des châteaux, s'était effectuée à
                                                                          Historique de la Charente, n. 1, 1986, pp. 36-45
        une distance de deux kilomètres environ au nord-est,
        au  lieu-dit  “Le  Peyrat”,  établissement  détruit  et  mal
                                                             22
        connu  que  nous  avons  tenté  d’étudier  ailleurs .  La
        réussite urbaine ancienne de Mo ntbro n comme entité
        sociale vivante est un fait sous l'Ancien Régime.

        Villebois, beaucoup plus dépendante de la vie du château,
        ne s'est développée que plus tardivement. Et si l'une a
        su unir en un tissu urbain commun, à partir du XIXe
        siècle, ses deux noyaux d'origine castrale et monastique,
        la basse-ville s'étant seule atrophiée, Villebois n'a vu créer
        autour  de  son  prieuré  du  Peyrat  qu'un  hameau
        insignifiant, simple rue dont la modestie témoigne du
        manque  de  rayonnement  de  cette  petite  fondation
        religieuse.

        Tout  un  système  de  châteaux  de  faible  importance,
        d'abord défensifs, puis résidentiels, existait autour de
        Montbron. Il y a été fait allusion. Il en allait de même
        autour de Villebois, puissante place forte entre Angoumois
        et Périgord, mais le dessin de Duviert n'en porte pas trace.
        On constate par ailleurs que l'actuelle église de Montbron,
        sanctuaire relativement important relevant d'un grand
        ordre monastique, possédait une dignité monumentale
        dont  elle  a  conservé  le  souvenir,  malgré  les
        reconstructions  du  siècle  dernier.  On  se  rappellera
        qu'elle  était  accompagnée,  intra  et  extra-muros,  de
        nombreuses autres églises ou chapelles.

        22 Dubo urg-No ves  (P.),  Les  églises  à  coupoles  des  diocèses
        d'Ango ulêm e et de Saintes, BSAO, 1980, pp. 439, 454.

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