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Charente (16) Angoulême arrondissement - 294

                           Les Fortifications                        parlent  guère.  Ce  dernier,  qui  paraît  n'avoir  pas  été
                                                                     voûté à l'époque romane, a été intérieurement modifié
        On  les  suit  sur  les  deux  dessins,  avec  leur  absence
                                                                     au  XVIIe  siècle,  et  pourvu  alors  de  plafonds  à  la
        presque totale de crénelage, leur escarpe et leur fossé      française à poutres apparentes, et de deux cheminées
        sec. Elles formaient une enceinte au contour arrondi,
                                                                     portant, sur leur manteau, un décor peint. Quel est
        avec  un  seul  angle  droit  au  nord-est.  Leur  valeur
                                                                     l'âge de ce donjon? sa construction en pierre d'appareil
        défensive était médiocre; une porte, visible au sud-ouest,
                                                                     et  ses  contreforts  d'angles  ou  ce  qui  en  subsistent
        n'est  qu'un  arc  surmonté  d'une  bretèche,  et  l'on
                                                                     l'apparentent  à  ceux  que  le  sud-ouest  a  produits  au
        n'aperçoit qu'une tour de flanquement vers le sud-est.
                                                                                           3
                                                                     début du XIIe siècle .
        Elles  ont  disparu,  à  l'exception  d'un  fragment  de
        courtine en moellon irrégulier qui subsiste au nord sur      Moins  archaïque  que  ceux  de  Marthon  ou  de  La
        une douzaine de mètres, privé de son couronnement,           Rochefoucauld,  moins  monumental  et  plus  pauvre  de
        mais on pouvait encore en deviner le tracé sur le plan       structure, il pourrait se situer entre ceux-ci et ceux de
        cadastral de 1833. Le point fort de cette enceinte était     Montignac  et  de  Bayers,  et  être  l'œuvre  de  Robert  de
        évidemment le château. Elle laissait, on l'a dit, en dehors  Montbron,  fils  d'Audouin  Borel,  c'est-à-dire  daté  des
        d'elle  le  prieuré  dit  de  Notre-Dame,  dit  encore  de   alentours de 1100 ou des premières décennies du XIIe
        Saint-Maurice, dont les crénelages qui l'avoisinent sur le   siècle, ou avoir été bâti par son successeur Dolmas de
                                                                               4
        dessin  de  1612  laissent  à  penser  qu'il  possédait  une  Montbron .  La  cour  quadrangulaire  disparue  qui  lui
        fortification  indépendante.  Ce  que  confirme  l'étude     servait de chemise a pu être rajeunie au XVe siècle, avec
        actuelle sur le terrain. Le prieuré était à l'est des murailles  sa tour carrée à mâchicoulis et ses petites échauguettes
        urbaines, distant d'environ 270 .                            carrées.
                                         m
                               Le Château                            Celles-ci font penser à celles que l'abbé Robert de Courbon
                                                                     faisait ajouter sur les contreforts de son église de Bassac,
        Il  en  subsiste  encore  un  gros  donjon  roman            en Saintonge, dans les années 1450. Les constructions du
        rectangulaire,  avec  une  porte  en  plein  cintre  sans    XV  siècle, sont attribuées par Marvaud à Marguerite de
                                                                         e
        archivolte,  murée,  sur  la  face  est,  et  des  traces  de  Rohan,  comtesse  d'Angoulême,  à  qui  François  II  de
        contreforts.  Il  avait  été  épaissi  par  un  second  corps  Montbron avait vendu sa terre en 1471 , et ceci est très
                                                                                                              5
        quadrangulaire à la fin du XV  siècle, pourvu à cette date   plausible. On retrouve dans leurs ouvertures la sévérité
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        de baies à meneau ou à croisée, et flanqué au nord d'une     qui caractérise les logis des châteaux d'Angoulême et de
        vis octogonale avec une porte en accolade à sa base. Cet     Cognac,  édifiés  par  Jean  de  Valois,  l'époux  de  cette
        ensemble subsiste encore, rasé en sifflet, et tel il apparaît  comtesse , austérité qui ne fait que refléter la sobriété
                                                                               6
        dès  1609.  Ce  traitement  des  superstructures,  marque    des  constructions  royales,  par  exemple  au  Plessis-les-
        d'infamie, est difficile à localiser dans l'histoire. Mais ce  Tours . Le château dut être renouvelé dans le premier
                                                                           7
        qui se lit fort bien sur le croquis le plus récent, c'est la  quart du XVIe siècle.
        chemise de ce donjon, scandée de petites échauguettes
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        carrées fort élégantes sous leur toit en pyramide. Une
                                                                     à l'angle nord-ouest de l'actuelle place des Tilleuls, de
        tour carrée plus importante apparaît nettement sur le
                                                                     création  postérieure  à  1833,  ne  peut  avoir,  vu
        dessin le plus récent.
                                                                     l'importance  de  ses  dimensions,  qu'appartenu  à  une
        En outre, les deux croquis font état, hors les murs, d'une   monumentale lucarne Renaissance des années 1525. On
        grosse motte dans laquelle on pourrait ne voir qu'un         ignore la date de dérasement du donjon, visible sur les
        terrassement destiné à supporter de l'artillerie, mais qui   croquis de 1609 et 1612 et sans changement depuis.
        est peut-être en fait le support d'un donjon primitif,       Marvaud nous dit  que le château "avait été démoli par
                                                                                        8
        comme à Aubeterre, et tel que M. Deyres en a décelé
        dans les premiers temps du monde féodal, à Langeais          3  Chatelain (A.), Donjons romans des Pays d'Ouest, Paris.
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        et ailleurs . Cette motte, qu'on n'a pas fouillée, porte     4  Marvaud (F.), Notice sur les seigneurs de Mo ntbro n, MSAHC,
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        maintenant  une  maison  de  construction  récente.
                                                                     5  Marvaud, op. cit.
        L'église Saint-Pierre, disparue, paraît avoir été incluse    6  Dubo urg-No ves  (P.),  Forteresses  et  résidences  des  comtes
        dans la chemise du donjon et les pouillés anciens n'en       d'Angoulême dans leur capitale, MSAHC, 1979-80, pp. 37-62.
        2 Deyres (M.), La donjon de Langeais, Bull. Monum., 1970, pp.  7 Gébelin (F.), Les châteaux de la Lo ire, Paris, 3e éd., 1947.
        179-193.                                                     8 Marvaud, op. cit.

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