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Charente (16) Vues anciennes - 176

toutes pièces par l'architecte de l'abbaye. Je ne crois pas qui est contraire au génie architectural du XIe siècle: ils
que les bâtisseurs du monastère aient voulu faire un tour sont donc enterrés 2
de force en construisant cet établissement dans un
marais; car s'ils avaient construit dans ces conditions, ils 2.- Pour atteindre l'escalier du clocher, qui,
vraisemblablement, avait sa première marche au niveau
étaient assez habiles pour l'avoir fait de telle sorte que
du dallage de la nef, il faut aujourd'hui descendre 0.48 ;
m
les édifices élevés puissent résister aux eaux; or, toutes
et il y a lieu de croire que ce n'est pas la première marche
les parties du monastère situées au N. de l'église, sont
détruites depuis des siècles ils n'avaient donc pas compté qu'on atteint, car on arrive ainsi à un mètre dans
l'intérieur de la tour.
avec un marécage et avaient construit en terre saine ainsi
que nous allons le montrer. 3.- Enfin, à l'extrémité N. du transept, on trouve, à
l'extérieur, la trace d'une porte; mais pour pouvoir passer
Situons le plus exactement possible la pré-clôture de
l'abbaye. sur le seuil de cette porte, il faudrait la déblayer de 1.50
à 2 mètres.
De mes observations personnelles, que j'exposerai
Ces trois observations prouvent bien que le pavé
lorsque mes recherches m'auront fourni assez de
primitif est loin sous le pavé actuel, 1.50m environ; il
matériaux pour faire un travail d'ensemble, il apparaît
que le monastère occupait un rectangle limité: au N. par est donc au niveau du seuil de la maison Béquet qui
dépendait de l'abbaye et qui est en terre saine; et j'en tire
une partie de l'étang; à l'O. par un chemin partant de
cette conclusion que toutes les constructions faites sur
l'étang longeant le ruisseau de la fontaine, passant
le même plan n'étaient en aucune façon dans un
derrière la maison Béquet et grimpant sur le coteau. (Ce
chemin reliait, en ligne droite, le moulin banal au four marécage et que par suite la question "pourquoi avoir
bâti dans un marais?" ne peut pas se poser.
banal; au S. par le coteau; à l'E. par une ligue
sensiblement parallèle au mur O. et passant à environ Cherchons maintenant d'où provient le marécage.
100 mètres du chœur de l'église.
Toute la partie du monastère, dans laquelle se trouvait
Dans ce rectangle, les constructions étaient établies sur l'église, était naturellement déclive jusqu'à la rivière - la
deux plans d'un niveau différent. Le plan supérieur était vraie - non l'étang actuel. Pour avoir un sol horizontal,
compris entre le coteau et l’église: il était à 1.50 ou 2 l'architecte a fortement remblayé jusqu'à l'étang. Il est
mètres au-dessus du dallage de la nef. Là se trouvaient possible de se rendre compte de l'importance du remblai
le préau, le promenoir, la salle Capitulaire, le réfectoire, en considérant les terres au N. de la digue, là où elles
les cellules; la fontaine, qui émergeait beaucoup plus n'ont pas été remuées et en traçant une ligne idéale de
haut qu'aujourd'hui, envoyait très probablement un filet la base de cette digue au pied du coteau.
d'eau sous le préau. L'église, les bâtiments d'exploitation
et les constructions disparues entre l'église et l'étang Si l'on remarque que le sol en contrebas de l'étang,
occupaient le plan inférieur. derrière la chaussée, n'est pas marécageux malgré sa
situation, on voudra bien admettre que la terre, sous le
Si le dallage de l'église était au niveau de celui de la remblai, ne l’était pas davantage; et si l’on se rend
maison Béquet, on ne pourra se refuser à admettre que compte que le marais n'existe que là où la terre a été
le tout était en terre saine, personne ne pouvant avoir
rapportée, on sera obligé de convenir que l'étang est la
l'idée de placer une église de telle sorte que le chemin cause du marécage.
qui y conduirait fût impraticable.
L'architecte a cru qu'un simple talus pourrait, sans
Examinons donc l'église. Elle est enterrée du dehors aucune maçonnerie, arrêter les eaux sur la rive S. de
puisque pour y pénétrer il faut descendre 6 marches
l'étang; et les eaux n'ayant pas de digue devant elles, se
(environ 0.80m) et le dallage actuel est lui-même sont lentement infiltrées dans les terres remuées:
surélevé d'environ un mètre au-dessus du dallage
2 L'abbé Michon fait cette constatation dans sa Statistique
primitif. Voici ce qui prouve cet exhaussement:
Monumentale. M. l'abbé Rousselot se rappelle que M. Védy, curé
1.- Les piliers de l'intérieur de l'église, tels qu’ils se de Cellefrouin, fit des fouilles pour retrouver le pavé primitif;
présentent aujourd’hui n'ont pas de soubassement ce malheureusement les notes de M. Védy sont perdues et M. l'abbé
Rousselot, qui était alors enfant, n'a conservé que le souvenir de
la tranché.

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