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Charente (16) Vues anciennes - 59

pousser le sport jusqu’à faire la descente de la fosse Si nous comptons les distances parcourues par les
mobile. explorateurs, nous trouvons un total de soixante mètres
en profondeur.
Les voyages à bicyclettes, au cours desquels les
explorateurs étaient chargés de cordages, de bois, La coupe et le plan dessinés par André Besson concordent
d’engins de toutes sortes, furent nombreux et pénibles. avec les travaux de M. Martel, mais la descente a été de
6 mètres de plus (60 au lieu de 54).
Ils construisirent un palan au-dessus de l’ouverture, ils
essayèrent, faute d’échelles, de la corde à nœuds, mais En admettant qu’à l’époque des grandes réserves, les
le moyen était impossible en raison de la profondeur: deux bassins soient remplis d’eau jusqu’à une hauteur
André Besson fabriqua un appareil à pieds qui permit avec de seize mètres et que les dernières fissures du fond
une corde lisse de faire l’ascension et la descente avec aient dix mètres, on constate que ce réservoir souterrain
bien moins de peine. a, dans sa plus grande profondeur, 26 mètres d’épaisseur
et que le niveau supérieur de l’eau est à 34 mètres
L’exploration de la première salle fut relativement facile
au-dessous de l’orifice supérieur qui s’ouvre à une
et sans trop de périls à courir; car ils arrivèrent sur un
altitude de 115 mètres. — Si nous déduisons de cette
cône formé par les débris provenant de l’ouverture.
altitude les 60 mètres explorés, il reste encore cinquante-
C’est là sur cette première esplanade que tomba en 1901 cinq mètres pour arriver au niveau de la mer.
une femme d’Agris qui s’était jetée avec son enfant dans
l’abîme. Elle en fut retirée par un sieur Rivière de la D’autre part, nous savons que le lit de la Touvre est à 46
Grange. mais on ne retrouva pas l’enfant. mètres; il reste donc une différence de 9 mètres,
auxquels il faut ajouter les 11 ou 12 mètres pour
Au mois d’avril 1919, une seconde visite eut lieu et nos
atteindre l'ouverture du gouffre, soit un total de 20
jeunes explorateurs constatèrent, comme Martel. la
mètres de différence entre les dernières fissures connues
présence d’eau dans le fond du premier bassin et dans
de la fosse et le gouffre.
le second. Au mois d’août 1921, nouvelle proposition
d’exploration; la sécheresse était grande et on disait que On peut donc dire, sans se tromper, que la Touvre n'est
la Touvre avait baissé d’au moins 30 cent. Une partie fut pas près, de se laisser pénétrer plus avant dans ses
donc organisée, à laquelle prirent part MM. Besson, réserves souterraines.
Pressicaud, Hodayer et Darthout. Ils constatèrent, en effet,
En félicitant les jeunes explorateurs et en leur rendant
que l’eau avait disparu dans les deux bassins; mais, mal
hommage pour leur dévouement, nous leur souhaitons
outillés, ils ne visitèrent pas le deuxième bassin et
bonne chance pour la visite projetée au trou de Chaniers,
remirent au dimanche du milieu de septembre
c’est là un genre de sport à la fois instructif, agréable et
l’excursion finale qui devait être concluante avec les
d’un grand intérêt pour notre histoire locale.
dires de M. Martel. M. Paul-Louis Besson, juge à Bône,
voulut être de la partie ainsi que Gaston Beausoleil; tous Pour se renseigner sur les travaux de M. Martel, on peut
les cinq descendirent; seul, M.
se reporter:
Hodayer resta à l’orifice pour porter secours en cas de 1 - A la Coupe de la Fosse Mobile (Martel, 11 avril 1892,
danger. page 380 des Abîmes, in-4o, Paris, Delagrave).

Ce ne fut pas chose commode que cette exploration, en 2 - Au Bulletin de la Société de Géographie, 15 juillet 1901,
raison du rocher qui gêne la descente et de l’étroite
pages 35 et 38, pour l’excursion du 25 septembre 1900
ouverture d’entrée; cependant ils y arrivèrent et virent
une masse de débris de bois, de troncs d’arbres qui Ou au nouveau Traité des Faux souterraines, page 316,
occupent une partie de la salle et tombent en pente Martel. Editeur, Dom Gustave, Paris.

abrupte du côté du nord-est. Seul, André Besson put
Etudes Locales, 2e année, N. 8, janvier-février 1921
s’avancer sur cette pente et joindre une fissure finale
qu’il sonda au moyen d’une pierre attachée à une corde;
il trouva environ 10 ou 11 mètres.

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