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Charente (16) Vues anciennes - 305

        l’une appartient à M. le curé de Pranzac. Comme doyen,       documents  certains,  par  exemple  les  minutes  des
        il  a  droit  de  nommer  à  une  autre.....  Le  seigneur  de  notaires,  les  registres  dudit  lieu  et  des  paroisses
        Pranzac s’est réservé le droit de nommer les deux autres     circonvoisines, que sur un intervalle de deux siècles.
        chanoinies ou stipendies.....” .                             Durant ce temps, il en est peu de ces dignitaires, suivant
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                                                                     nos  recherches,  qui  soient  parvenus  à  tenir  un  rang
        Ainsi, à cette époque, les nominations se font encore
                                                                     distingué dans la hiérarchie ecclésiastique; quelques-uns
        de  la  même  manière  qu’aux  premiers  jours  de  la
                                                                     seulement, vers la fin du XVIIIe siècle, ont acquis une
        donation; il n’y a donc pas eu de changement dans le
                                                                     renommée tristement bruyante ; nous commencerons
        nombre des titulaires; dès lors, l’augmentation dont il      par ces derniers.
        est parlé plus haut doit s’entendre plutôt de certains
        revenus ajoutés aux anciens par la dame de Mareuil.          Jacques Roux, chanoine de Pranzac, naquit au bourg
                                                                     de cette paroisse le 21 août 1752 20; par la mort de son
        D’ailleurs, un autre document en date du 25 mai 1792,
                                                                     frère Francois, il devint l’aîné de douze enfants.
        relatant en entier les pieuses libéralités de la dame de
        Mareuil,  vient  corroborer  notre  assertion:  c’est  la    Son père, Gratien, qui se trouve lieutenant d’infanterie
        transcription d’un legs qu’elle fit en 1590 au chapitre de   en 1748, plus tard qualifié d’ancien officier au régiment
        cette église .                                               de Hainaut, apparaît comme juge assesseur au marquisat
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                                                                     de  Pranzac  (1780)  ;  il  était  lui  aussi,  croyons-  nous,
        Mais  ces  chanoines  furent-ils  toujours  bien  fidèles  à
                                                                     originaire de cette même paroisse, car nous voyons vers
        observer  la  résidence?  N’étaient-ils  pas,  comme  il
                                                                     1713 un Claude Roux, sieur des Ajounières, conseiller
        arrivait pour d’autres chapitres, promus à cette dignité
                                                                     aux  grandes  Voiries,  posséder  la  charge  de  juge  de
        sans qu’ils pussent en remplir toutes les obligations?
                                                                     Pranzac et y résider. Sa mère, Marguerite de Montsalard,
        Généralement, jusque vers la moitié du XVIIIe siècle,        sortait de la paroisse de Bussière en Périgord. Quoique
        ces dignitaires résidaient pour la plupart dans le bourg     l’aîné, le jeune Jacques se sentit porté vers le service de
        de Pranzac ou dans les paroisses limitrophes ; des actes     l’autel; à peine âgé de quinze ans, il est clerc tonsuré,
        notariés en font foi. Chaque jour, revêtus d’un simple puis le comte des Cars, voulant donner une marque
        surplis, devant leurs stalles modestes et sans relief, que de bienveillance à sa famille et lui faciliter le cours de
        l’on  voyait  encore  en  1860  et  qui  ont  été  vendues son éducation, le nomme chanoine de Pranzac (1767).
        depuis,  ils  satisfaisaient  à  leurs  devoirs.  Si  parfois  il Ses études terminées, il enseigne, en qualité d’auxiliaire
        survenait que de jeunes clercs fussent nommés à ces des  Lazaristes,  la  philosophie  au  séminaire
        bénéfices  sans  pouvoir  en  remplir  les  charges,  ils d’Angoulême  (1779);  en  même  temps  il  prête  son
        devaient, en vertu de l’acte de fondation, pourvoir à leur concours au curé de Saint- Martial pour les fonctions
        remplace ment moyennant une rétribution. Et c’est de         du ministère de la paroisse.
        la  sorte  que  l’œuvre  pie  du  seigneur  de  Pranzac  se
        maintint jusqu’à la Révolution 19.                           Nous le trouvons sûrement prêtre en 1780, car il dessert
                                                                     à différents intervalles l’église de Pranzac. Plus tard, par
                                    III.                             les soins de Pierre-Auguste Mignot, clerc tonsuré du
                                                                     diocèse d’Angoulême et prieur de La Chapelle- Saint-
        IL nous reste à faire le dénombrement des chanoines
        de cette paroisse ; nous n’avons pu l’établir d’après des

        17 Lettre inédite copiée sur l'original ; 15 décembre 1777. (Voir  20M. le docteur Gigon, dans Les Victimes de la Terreur du déparlement
        aux pièces justificatives.)                                  de la Charente, fait naître J. Roux le 15 juin 1759; il a été trompé
        18 Archives de la Charente. (Voir aux pièces justificatives.)  par la similitude des prénoms donnés à d’autres membres de la
        19 A propos d’une étude sur les tombes du cimetière de Pranzac» même famille. Voici l’acte de baptême: a Le vingt-troisième “août
        publiée dans le Bulletin de la Société archéologique de la Charente 1752 a été baptisé par moy, soussigné, Jacques Roux, fils légitime
        (année 1868-1869), nous osons hasarder ici une simple remarque. de M. Gratien Roux et de damoiselle Marguerite Montsalard, né
        On  nous  dit:  “A  l’un  des  bouts  de  cette  pierre  tombale,  on le jour d’avant-hier au bourg de Pranzac. Le parrain a été Jacques
        aperçoit un personnage mitre; c’était, selon toute vraisemblance, Tourette, le grand-père, et a tenu par commission M. Jacques
        un abbé de la collégiale de Pranzac. Cette tombe peut remonter à la Tourette, son petit-fils, et marraine damoiselle Anne Montsalard,
        fin du XIII è. Siècle.” Cette assertion peut paraître vraisemblable, et par commission damoiselle Anne Montsalard, sa nièce. —
        mais n’en est pas moins un anachronisme réel; de plus, il serait MARQUET, curé de Pranzac.” Cette date concorde, d’ailleurs
        fort téméraire de supposer qu’un doyen du chapitre de Pranzac avec celle de la généalogie dressée par la famille Montsalard. (Voir
        eût eu la prétention de siéger au choeur, mitre en tête.     aux pièces justificatives.)

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