Page 304 - Canton_LaRochefoucauld-0-wn
P. 304

Charente (16) Vues anciennes - 304

         desservies en l’église paroissiale de Pranzac par quatre Qui ne connaît l’adage: “Très faciunt capitulum”? Le désir
         prêtres; ceux-ci seront tenus chaque jour et à perpétuité exprimé par le fondateur de voir une stipendie unie à
         d’y célébrer une messe “en notte avec vigiles de morts perpétuité  à  l’église  de  Saint-Cybard  de  Pranzac  est
         en haut répons et oraisons accoutumées pour le salut réalisé,  et  l’évêque  d’Angoulême,  en  nommant  au
         de  l’âme  du  donateur,  ses  parents  et  amis,  vifs  et bénéflce-cure  de  cette  paroisse,  conférera  en  même
         décédés; ils feront annoncer lad. messe en sonnant la temps le bénéfice d’une stipendie. De son côté, le curé
         cloche quinze coups à loisir et après en bransle; à l’issue de la paroisse, en vertu de son titre curial, jouit aussi du
         de  chaque  messe,  un  Libera  en  haut;  le  jour  de  la droit de nommer à la seconde chanoinie; il devient par
         Fête-Dieu, ils diront matines, - primes, tierces, sexte, là le doyen du chapitre, dénomination qu’il conservera
         none, vespres et complies, etc.; - en faisant led. office, dans certains actes jusqu’à l’abolition des bénéfices; il
         ils seront revêtus chacun d’un - surplis, et pour chaque en est aussi le seul et unique dignitaire. Quant aux deux
         defiant que chacun d’eux fera - aux susd. obligations,      autres  stipendies,  c’est  au  seigneur  de  Pranzac  qu’il
         seront  tenus  mettre  douze  -  deniers  tournois  en  un  appartient d’y pourvoir. Ainsi, les chanoines stipendiés
         tronc qui sera mis par eux - dans lad. église; en retour,   voient leur institution confirmée, à la condition toutefois
         le seigneur de Pranzac donne et lègue à perpétuité les      qu’ils  rendront  à  l’évêque  d’Angoulême  et  à  ses
         dixmes  et  droits  quelui  et  ses  prédécesseurs  ont     successeurs  l’hommage  qui  leur  est  dû,  comme  les
         accoutumé jouir, prendre et percevoir audit lieu”.          seigneurs dudit lieu l’ont toujours fait.

         Il  ressort  de  ce  document  que  ces  quatre  stipendies  Avant que l’acceptation du legs fût agréée par l’autorité
         n’ont pas été instituées pour le service de la paroisse de  compétente, le donataire, Jean Renouard, était mort; son
         Pranzac, aussi les prêtres ou gens d’église qui doivent     fils,  Pierre  Renouard,  nouveau  seigneur  de  Pranzac,
         jouir  de  ces  bénéfices  ne  peuvent-ils  être  regardés  hésita  probablement  quelque  peu  à  acquitter  les
         comme prêtres auxiliaires. Ils ne sont point non plus       engagements  paternels,  puisqu’il  fut  sommé  par  les
         affectés au service spécial d’une chapelle, ils ne peuvent  parties intéressées de se prononcer à cet égard. Quoi
         donc pas être considérés comme chapelains ; et si, dans     qu’il en soit, il consentit par-devant témoins à exécuter
         le texte de cette donation, ils ne sont pas, il est vrai,   les clauses de cette donation (1521) 15.
         qualifiés  de  chanoines,  ne  sont-ils  pas  néanmoins
                                                                     C’est donc sous le régime de cette organisation que le
         assujettis à une règle commune? Ne doivent-ils pas, en
                                                                     chapitre de cette paroisse subsistera durant une période
         dehors des cérémonies de la paroisse, chanter ensemble
                                                                     de  près  de  trois  siècles.  Néanmoins,  d’après  une
         les  prières  liturgiques  à  des  heures  déterminées  et
                                                                     déclration  fournie  par  ces  chanoines  le  8  septembre
         suivant certaines prescriptions? Ne sont-ils pas obligés,
                                                                     1640, il semble résulter que quelque modification fut
         à une époque fixe de l’année, de réciter en habit de
                                                                     apportée  au  règlement  primitif  de  la  fondation.  Ces
         chœur le saint office tout entier? En un mot, ne sont-ils
                                                                     derniers reconnaissent « qu’ils sont au nombre de quatre,
         pas tenus d’accomplir les fonctions annexées à leurs
                                                                     qu’ils “ont été fondés et établis en titre de chanoines et
         titres plus particulièrement dans cette église de Pranzac,
                                                                     stipendiés en l’année 1520 par Jehan Renouard, écuyer,
         à laquelle, selon le désir du pieux donateur, les quatre
                                                                     sieur de Pranzac, et depuis ont été augmentés par dame
         stipendies devaient être unies à perpétuité?
                                                                     Gabrielle de Mareuil” . Faut-il, d’après cela, admettre
                                                                                             16
         Ainsi, que manque-t-il donc à toutes ces raisons pour
                                                                     que le nombre des bénéficiers se soit accru, grâce à des
         que  ces  futurs  bénéficiers  soient  assimilés  aux
                                                                     générosités  de  cette  noble  bienfaitrice?  Nous  ne  le
         ecclésiatiques attachés à une église collégiale et qu’ils
                                                                     croyons point.
         puissent  comme  eux  s’intituler  chanoines?  Est-ce
         l’érection canonique de la fondation?                       Vers la fin du XVIII  siècle, Gratien Roux, le père de
                                                                                            e
         Elle fut formulée l’année suivante, le 4 avril 1521, par ce Jacques Roux qui conduisit Louis XVI à l’échafaud
         Antoine d’Estaing, évêque d’Angoulême .                     et dont nous aurons à nous occuper plus loin, écrivant
                                                    14
         L’autorité religieuse vient de parler; elle a consacré par à l’un de ses neveux au sujet des stipendies de Pranzac,
         son  approbation  le  legs  du  seigneur  de  Pranzac; “assure que les seigneurs dudit lieu sont fondateurs de
         désormais, les quatre stipendies formeront un chapitre quatre  stipendies  dans  l’église  de  cette  paroisse,  dont
         collégial et les titulaires seront qualifiés de chanoines.
                                                                     15  Archives  de  la  Charente,  série  H;  copie  vidimée.  (Pièces
         14 Archives de la Charente, série H; copie vidimée. (Voir aux  justificatives.)
         pièces justificatives.)                                     16 Minutes de Chaigneau, notaire à Pranzac.

                                                           © CatillusCarol.Corp
   299   300   301   302   303   304   305   306   307   308   309