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Charente (16) Vues anciennes - 303

        direction, se dresse un autel dédié à saint Jean-Baptiste chapelle  dédiée  à  saint  Laurent.  En  l’an  XI  (1803),
        ; il est totalement dépourvu de décorations et paraît suivant l’expertise qui en fut faite, « les murs étaient fort
        abandonné  de  la  piété  des  fidèles.  Parallèlement  à anciens, en mauvais état et menaçant d’une prompte
        celui-ci, sur main gauche, s’élève un autre autel consacré chute ». Elle fut estimée 100 francs et vendue à des
        à saint Eutrope; au-dessus, le saint est représenté sous particuliers qui s’en servirent pour des usages pro fanes.
        une peinture un peu « grosse », et deux chandeliers de Cette chapelle subsiste encore, vouée au même abandon.
        bois sont de chaque côté de l’autel. Arrivé au chœur,
                                                                     A l’extrémité de cette paroisse, à Luget, se trouvait aussi
        nous apercevons tout autour les stalles de bois ou plutôt
                                                                     un  oratoire,  dépendant  de  l’abbaye  de  Grosbot 12  en
        les « bancs » des chanoines, le lutrin vieilli, qui semble
        pencher  sous  le  poids  de  l’antiphonaire  et  de  divers  Angoumois  :  de  cette  ancienne  fondation  il  ne  reste
                                                                     aucun vestige intéressant. Après le départ des religieux,
        autres livres de chants ; sur la gauche, non loin d’une
                                                                     les  terres  et  les  bâtiments  furent  affermés  et  les
        porte qui communique avec la cour du château, on voit
                                                                     redevances versées à la recette de cette abbaye : cet état
        le banc du seigneur; enfin, dans le sanctuaire se dresse
        le maître-autel à gradins, avec rétable en bois et sans      de choses se continua jusqu’en 1789.
        aucune dorure : au-dessus du tabernacle, construit et                                     II
        orné de la même façon, on distingue un tableau assez
        vieux sur lequel est représenté saint Sébastien.                     LES CHANOINES DE PRANZAC

        Si, d’autre part, nous nous transportons dans la cha pelle   Dans l’ancienne et primitive circonscription du diocèse
        latérale, nous découvrons au pied du chœur l’autel de        d’Angoulême, alors fort restreinte, Pranzac était la seule
        Notre-Dame; il est surmonté d’un tableau extrêmement         paroisse rurale, si nous nous en rapportons au pouilléde
        “noirci et troué” sur lequel est peinte l’Assomption de      1597, dans laquelle il y eût un chapitre. Ces chanoines
        la sainte Vierge; en outre, sur le rétable, deux statues en  formaient-ils seulement un chapitre collégial, ayant ses
        bois sculpté figurant la sainte mère de Jésus-Christ. C’est  dignitaires,  ses  insignes  et  ses  prérogatives,  ou  bien
        ce  même  autel  que  plus  tard  l’évêque  d’Angoulême,     n’étaient-ils que de simples chapelains chargés du service
        Joseph-Amédée  de  Broglie,  après  avoir  donné  le         de la paroisse? Jusqu’à présent, aucune lumière n’a été
        sacrement  de  confirmation  aux  habitants  de  Saint-      faite sur ce sujet. Le souvenir des chanoines de Pranzac
        Constant  et  de  Bunzac 9,  réunis  ce  jour-là  à  ceux  de  ne  nous  est  resté  que  grâce  aux  quelques  lignes  de
        Pranzac,  désignera  comme  “autel  priviligié”  pendant     l’auteur de la Statistique monumen tale de la Charente, quand
        sept années en faveur des âmes du purgatoire 10.             il  nous  dit  “que  les  chanoines  de  cette  paroisse
                                                                     envoyèrent leur député aux assemblées du clergé pour
        Le chœur de la chapelle sert de sacristie ; là encore nous   l’élection de la députation aux Étais généraux en 1789”.
        distinguons la bannière paroissiale avec l’image de saint    Aujourd’hui, nous pouvons émettre une idée plus nette
        Cybard, le dais, la croix en cuivre pour les processions     sur  l’existence  et  le  rôle  de  ce  chapitre  durant  une
        et les dalmatiques employées aux grands jours de fête.       période de plus de deux siècles.
        Telle était alors la disposition intérieure de l’église de
        Pranzac ; aujourd’hui, une sacristie a été construite, le    En l’an 1520, Jean Renouard, seigneur de Pranzac, mû
        chœur de la chapelle a repris sa destination première,       par un sentiment de haute piété à l’égard de ses parents
        l’autel de la sainte Vierge la place qui lui était due. Les  tant vivants que trépassés, désireux lui-même d’assurer
        divers  autels  ou  les  anciennes  images  attestant  des   le salut de son âme et sur le point de quitter la terre,
        dévotions particulières n’existent plus ; seul le culte de   institue de son plein gré quatre stipendies dans l’église
        Marie a survécu 11.                                          de Pranzac. Que faut-il entendre par cette donation?


        Tout  proche  du  parc  seigneurial,  au  hameau  de         L’acte de fondation, que nous donnons pour la première
        Flamenac  (Flaminiacum),  existait  au  siècle  passé  une   fois  dans  toute  sa  teneur,  nous  indiquera  les  clauses
        9 Communes du canton de La Rochefoucauld (Charente).         diverses de ces bénéfices 13. Avec le consente ment de
        10 1760, 10 juin. - Registres paroissiaux.                   l’évêque  d’Angoulême,  ces  stipendies  doivent  être
        11  L’ouverture des tombeaux dans l’église n’était autorisée que  12 Commune de Charras, canton de Montbron (Charente). Voir
        moyennant une redevance de 6 francs pour chaque inhumation, à ce sujet : Girard, été que d'Angoulême, par l’abbé Marat u. —
        à payer à la fabrique par les familles des défunts. Cette redevance Minutes de Jean Mousnier, notaire à Angoulême.
        était fixée à 3 francs quand l’inhumation avait lieu sous le ballet  13 Archives de la Charente, série H; copie vidimée. (Voir aux
        de l’église.                                                 pièces justificatives.)

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