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Charente (16) Angoulême arrondissement - 449

                                                      La Forêt de la Boixe       1

                           Communiqué par Mlle Mouroux, institutrice à Saint-Amant-de-Boixe


        1 Ces notes ont été recueillies par le Docteur Camille Sauvage, Chevalier de la légion d'honneur, Professeur  agrégé de la Faculté de
        Médecine de Paris, Accoucheur des Hôpitaux, mort pour la France le 24 janvier  1918. Elles nous ont été communiquées par Mme
        Sauvage, Institutrice honoraire en retraite à Saint-Amant-de Boixe, ancienne Directrice de l'Ecole communale de la rue Cler (Paris
        VIIe). Nous lui adressons nos remerciement


                            I. — Les Origines                        méridionale. On les désigne dans les chartes  antiques
                                                                     sous le nom de Chaussade.
        L'antiquité de la Boixe. — La Boixe faisait anciennement
        partie d'une longue bande de bois qui, des  confins de       Luc ou bois sacré. — Au plus épais de la forêt, il y avait
        l'Aunis s'étendait jusqu'en Périgord, en passant sur les     un luc dédié à Apollon. Le sanctuaire païen  fut remplacé
        limites du Poitou et de la Saintonge et en  traversant       par  une  basilique  consacrée  à  saint  Pierre  et  qui  fut
        l'Angoumois. La partie centrale n'a jamais été déboisée      détruite par les barbares.
        et elle a conservé des monuments  préhistoriques (Pierre Vers le milieu du VIe siècle, l'ermite Amant s'établit dans
        Levée  entre  le  Maine  et  Aussac,  Pierre-des-Fades, cet endroit après l'avoir exorcisé, et sa  retraite devint
        Gros-Dognon, etc.). La Société  archéologique a fait plus tard le monastère bénédictin qui porte son nom.
        fouiller  une  dizaine  de  ces  tertres.  Ce  gui  n'est  pas C'est là ce que raconte l'auteur de la légende du saint.
        douteux,  c'est  la,  destination    funéraire  de  ces
                                                                                       II. — Le Moyen Age
        monuments.
        Rien dans ces sépultures ne permet de leur attribuer une                         a.- Les Seigneurs
        date approximative, et le fait qu'on n'y rencontre  guère
                                                                     Sous  la  féodalité,  la  Boixe  faisait  partie  d'immenses
        que des instruments ou armes en pierre n'autorise pas
                                                                     domaines  échus  aux  évêques  d'Angoulême  qui  la
        à conclure d'une façon absolue qu'elles  remontent à un
                                                                     donnèrent  en  fiefs  aux  comtes  et  il  semble  qu'au
        âge où les métaux n'étaient pas connus. Les ossements
                                                                     commencement  du  XIIIe  siècle  les  Lusignan  la
        qu'elles contiennent, brisés,  à demi-pourris, n'ont pu
                                                                     considéraient      comme      dépendant       du    comté
        dire s'ils sont ceux de nos ascendants ou d'hommes plus
                                                                     d'Angoulême. Elle a depuis été rattachée à la Saintonge.
        éloignés qui, partis  d'Orient avant nos pères, poussés
        plus loin, se seraient arrêtés au bord de l'Océan.           Elle fut partagée.

                                                                                                            e
        Le nom de Boixe. — Ce nom appartient à l'ancienne            Dans les premières années du XIII  siècle, un canton
        langue du pays, où les mots “bouesson”,  “boissières”        de la foret appartenait à une famille Ferrant qui,  vers
        ou “boisières” servent à désigner des terrains couverts      1428, le céda aux frères Jean et Pierre de Luxé
        de broussailles; la Boixe a été  aussi au Moyen Age le       En 1299, un seigneur de Luxé l'abandonna à Aimar de
        nom  d'une  petite  garenne  royale  près  de  la  ville     Valence,  un  châtelain  de  Montignac,  en  échange  du
        d'Angoulême,  puis  celui  d'un    village  aujourd'hui      droit de haute justice sur ses terres.
        englobé dans un faubourg, où une rue est encore ainsi
                                                                     L'achat  de  Montignac  et  de  Tourriers  par  les  La
        nommée.
                                                                     Rochefoucauld, à la fin du XIVe siècle, réunit toute la
        Ru, riou, ri. — Cours d'eau qui ne méritait pas le nom       Boixe  dans les mêmes mains.
        de rivière (le ri de Segonzac).
                                                                                           b.- Les Moines
        Avant  d'être  un  nom  propre  “Rhin”  a  été  une
        appellation  générique  qui  n'a  gardé  sa  signification   Les  Bénédictins.  —  Le  monastère  de  Saint-Amant,
        propre  que  dans  le  bas  Poitou  où  l'on  dit  que  “les  d'abord construit au milieu de la forêt, fut rebâti  vers
        bécasses sont au Rhin” quand elles se tiennent près des      1025, là où il est resté depuis, par le comte Guillaume.
        petits ruisseaux parce que la terre est gelée.               Environ un demi siècle après que les religieux eurent

        Voies traversant la forêt. — Voie de Nantes à Périgueux,     quitté la forêt, Gauthier "venant du pays de  France",
        un  peu  à  gauche  du  chemin  actuel  de  Mansle    à      voulant se faire ermite, trouva à sa convenance le lieu
        Saint-Amant.  —-  Saintes  à  Clermont  dans  la  partie     abandonné où il restait un jardinier; ce dernier lui céda


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