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Charente (16) Angoulême arrondissement - 238
sans une éraflure, représente un intérieur d'hôpital. La
composition disposée d'une façon quelque peu naïve,
donne à première vue l'impression d'une scène de
théâtre, avec son décor de fond parallèle au spectateur
et ses figurants symétriquement placés à droite et à
gauche.
En réalité elle constitue, un très curieux document, aussi
bien par les détails du mobilier, que par les costumes et
les attitudes des personnages représentés.
Dans une vaste pièce, dont les murs sont garnis de
nombreuses étagères surchargées de flacons et de
bocaux aux formes surannées, on voit, à droite, un
groupe assez bien composé, formé par des religieuses
pratiquant une saignée au bras d'une dame à demi
couchée et vêtue d'un costume élégant; à gauche une
autre religieuse fait un pansement à la jambe d'un paysan
assis sur une chaise, avec auprès de lui ses instruments
de travail. Au milieu, dans le fond, une large .ports
ouverte laisse apercevoir une autre salle où des
religieuses s'empressent autour de lits visibles en partie
seulement.
Cette peinture est intéressante à un triple point de vue.
Sa facture la date incontestablement de la seconde
moitié du XVIII siècle et le peintre a dû reproduire
e
fidèlement la salle où il travaillait, nous n'avons pas
découvert de signature.
Les infirmières portent l'ancien costume des sœurs de
Sainte-Marthe; il serait possible que nous ayons, grâce à
ce document, le modèle le plus exact qui existe de ce
vêtement.
Les deux groupes symbolisent l'esprit de charité qui
animait les Dames hospitalières donnant leurs soins
indistinctement aux pauvres comme aux riches.
Quel est le donateur de cette toile? Peut-être une
personne notable de Montbron. M. le chanoine Chevalier
nous a dit toutes les sympathies qui entouraient la
Confrérie. Peut-être aussi un malade reconnaissant; à
cette époque, certains artistes allaient parfois de paroisse
en paroisse, mettre leur talent à la disposition des
desservants ou des chefs de communautés désireux
d'orner leur église d'images pieuses. L'un d'eux a pu
tomber malade, être soigné à l'hôpital et une fois guéri,
remercier les religieuses en leur offrant cette peinture.
Petit problème qui ne sera sans doute jamais résolu.
Bulletins et Mémoires de la Société Archéologique et
Historique de la Charente, pp. XLVI-XLVIII
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