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Charente (16) Vues anciennes - 89
Tout le gros grain est consommé par les animaux, Depuis une vingtaine d'années, on a planté un peu de
surtout par les porcs qu'on engraisse en grande quantité vigne. Les cultivateurs la soigne avec intelligence par les
parce que, avec le commerce tel qu'il se pratique depuis procédés nouveaux et sont heureux de faire un peu de
la période de guerre, on y fait des bénéfices vin comme jadis. On dit que, dans, cinq ou six ans,
considérables. Je puis citer l'exemple suivant comme chaque cultivateur pourra récolter presque sa provision.
absolument exact: le 16 décembre 1919, à la foire
De 1815 à 1885 la valeur des terres avait doublé; de 1885
d'Aunac, un cultivateur a acheté deux porcelets de trois
mois pour la somme totale de 300 francs et les a à 1914, cette valeur a subi un fléchissement progressif.
Les nouvelles conditions économiques créées par la
revendus, le 16 septembre 1920, pour 2.060 francs. Les
guerre ont, ici comme partout, provoqué une hausse
gens de la culture trouvent qu'on ne perd ni son temps
énorme dans le prix des terres. Toutes celles qui ont été
ni les produits de la terre avec de tels résultats et font
volontiers des rapprochements entre les prix et les vendues depuis six ans l'ont été dans des conditions qui
étonnaient les vendeurs eux-mêmes.
bénéfices actuels et ceux d'autrefois.
En somme, les conditions et les procédés de l'agriculture
Grâce à' l'extension donnée à l'élevage, on dispose de
se sont profondément modifiés depuis 35 ans et il est
beaucoup d'engrais naturel. Cependant on ne s'en
contente pas et, à juste titre, y ajoute-t-on des engrais incontestable que de grands progrès ont été réalisés, en
raison surtout de l'emploi de plus en plus répandu des
chimiques pour les deux tiers environ; on en emploierait
machines agricoles et des engrais chimiques, de la
même bien davantage s'ils étaient à des prix plus
pratique plus étendue de l'élevage et d'une application
abordables.
mieux comprise de la coopération. Mais il est non moins
Céréales et fourrages sont exclusivement coupés par des certain que des améliorations restent à poursuivre dans
machines; la faucille est devenue un outil presque l'avenir.
inemployé et la faux ne sert plus qu'à faire les chemins
Bulletin départemental de la Charente, Etudes locales,
sur le tour des pièces à faucher ou à moissonner, avant
d'y passer avec la faucheuse ou la moissonneuse. On se 2e année, n. 10, avril 1921, pp. 69-73.
sert de machines à deux fins qui fauchent ou
moissonnent selon les besoins. On en trouve une de ce
genre dans chaque maison de culture. Les
moissonneuses-lieuses sont plus rares; leur prix étant
bien plus élevé, elles sont mieux appropriée à la grande
culture, à moins que l'association n'intervienne. On en
compte quatre seulement dans la commune. La
première moissonneuse employée ici a été achetée il y
a environ 35 ans; la première moissonneuse-lieuse, il y
a une douzaine d'années, et la première charrue Brabant
depuis dix ans déjà.
Une autre machine - qui n'est point agricole, pourtant -
rend aux cultivateurs des services appréciables ,dans
leurs travaux. C'est la bicyclette avec laquelle ils gagnent
énormément de temps pour se rendre à leurs champs
et en revenir plusieurs fois dans la journée Ainsi
disparaît peu à peu l'antique usage du repas de midi pris
sur place... D'ailleurs aujourd'hui le cultivateur gagne et
dépense l'argent facilement. Tous ont des bicyclettes.
Les femmes s'en servent également. On ne marche
guère plus.
C'est un signe des temps…
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