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Histoire d'un Apanage: le Duché d'Angoumois

L. Bertrand, Directeur d'école à La Rochefoucauld

Le roi Angoumoisin François Ier, avant d'être le don à S. A. R. Charles-Philippe de France, comte d'Artois,
successeur de Louis XII, était, à la mort de son père, qui fut plus tard Charles X.
Charles d'Orléans, l'unique représentant de la branche des
En prenant le pouvoir après Louis XVIII (1824), Charles
Orléans-Angoulême. Il épousa la fille de Louis XII, Claude
de France, 1506, et devint roi en 1515. Il laissa alors à sa X mit à sa place en Angoumois Louis-Antoine Bourbon, duc
d'Angoulême, son fils, qui épousa la fille de Louis XVI.
mère, Louise de Savoie, son apanage d'Angoumois qu'il
Ce fut le dernier duc d'Angoulême.
érigea en duché-pairie. Pendant seize ans, elle
l'administra et, à sa mort, cette terre fut cédée à Charles En 1773, ce duché comprenait 24 grandes terres
d'Orléans, frère du roi. Comme ce dernier mourut sans féodales ou fiefs dignitaires, c'est-à-dire venant
enfants, l'Angoumois fut remis à la couronne (1548), directement du roi; il y avait eu depuis longtemps des
car les apanages devaient faire retour au domaine royal échanges ou des engagements entre seigneurs; afin de
après l'extinction de la ligne masculine. Mais l'apanagiste retirer les biens engagés et d'augmenter les propriétés
avait le droit de donner jouissance de portions de son du comte d'Artois, le roi ordonna tout un plan
fief (biens loués ou échangés) à des engagistes d'administration, si bien qu'en 1781 les retraits furent à
moyennant un prix déterminé, toujours avec faculté de peu près achevés. Mais en 1790, les lois des 22
rachat. novembre et 1er décembre ordonnèrent que les
aliénations antérieures à 1566 seraient valables, tandis
C'est en vertu de ce droit que Cognac, qui était le plus
que celles qui étaient postérieures à cette date seraient
beau fleuron du duché-pairie, fut cédé à titre d'échange
révoquées sauf remboursement des sommes versées.
par un contrat signé de Louis XV (1779), au duc de La
Vauguyon qui en fit une seigneurie particulière, malgré Dans les environs de La Rochefoucauld, nous trouvons
les protestations des habitants, malgré les arrêts des fêtes les renseignements suivants concernant les paroisses
de la Toussaint (1262- 1269) qui déclaraient le comté d'Agris, La Rochette, Jauldes et Coulgens. En 1703, Jean
d'Angoumois indémenbrable et enfin malgré le testament Gervais, sieur du Châtenet et
de Philippe- le-Bel (1314) et les lettres patentes d'Henri III
(1578) considérant les terres du duché inaliénables. François Fureau s'étaient rendus acquéreurs de la haute,
moyenne et basse justice et en même temps des droits
L'Angoumois fit partie du domaine royal sous Henri II et et rentes dus au roi dans les paroisses d'Agris, La Rochette
François III. Charles IX en fit don à Henri d'Angoulême, et Jauldes, et, par acte du 22 septembre, il fut attribué,
fils bâtard d'Henri II, grand prieur France, qui, à sa mort, moyennant la somme de 2,514 livres 15 sols, 1. à Jean
le passa, à titre de réversion à la couronne, à Diane sa
Gervais les droits de justice; 2. à Fureau les agriers et le
sœur. droit de chasse dans la forêt de Braconne.

Louis XIII en dispose à son tour en faveur de Charles de Après leur mort, leurs héritiers restèrent possesseurs de
Valois, fils naturel de Charles X (1619). Louis XII ces droits et au 20 février 1766 ils les vendirent à Jean
confirma la jouissance de cette possession; ensuite ce
Caminade, bourgeois de Paris, déjà engagiste de 13
fut le duc de Joyeuse, époux de Françoise de Valois, fille parties des domaines de Touvre, Ruelle, Angoulême, Coulgens
unique de Charles (1654}, qui en bénéficia. En 1655, et du domaine des Gentils (paroisse de Mornac). Les
Louis XIV autorisa le fils unique du duc de Joyeuse, conditions d'engagement furent acceptées pour 2,720
Louis-Joseph, prince de Joinville, à administrer le fief, qui,
livres 14 sous 10 deniers et payées par Jean-Claude-Olivier
après la mort du prince, revint au duc d'Alençon, puis à Caminade entre les mains du fondé de pouvoir des
Elisabeth d'Orléans, duchesse d'Alençon, pour retourner à héritiers Gervais et Fureau: M. Brice François, procureur
la couronne à la mort de cette dame (1696). Ce fut pour au Parlement.
peu de temps car en 1710 Louis XIV le donna en
apanage à son petit-fils Charles de Bourbon, duc de Berry, Ces héritiers, Fureau, Gervais, étaient alors: Jean Gervais,
et, à la mort de ce dernier, il revint encore au domaine seigneur de Puymerle-en-Aussac, Pierre

royal jusqu'en 1773, époque à laquelle Louis XV en fit

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