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Charente (16) Vues anciennes - 41
Annexe V La Croix de la Tuilière à Agris
Vicomte de Massougnes des Fontaines
La Croix de la Tuilière à Agris.
[LXII] M. de Massougnes présente plusieurs environ quatre fois plus petit, est séparé du premier par
photographies et un dessin, dont il a prié M. Imbert de une scotie rudimentaire, d'une concavité faible et assez
contrôler sur place l'exactitude, relatifs à une ,croix de irrégulière, et se relie par un plan horizontal formant
carrefour située à Agris, et de laquelle il donne une tablette au fût, en fort retrait, de la colonne.
description/détaillée et son interprétation personnelle
(Annexe V). La première assise de ce fût, d'environ trois quarts
moindre, en hauteur, que la plupart des autres, fait partie
M. George émet quelques réserves au sujet de du même bloc que la base tout entière et n'offre aucune
l'attribution au XIIe siècle d'un monument aussi fragile, différence sensible, tant pour l'aspect que pour la taille
et à sa conservation à travers des périodes de troubles de la pierre, avec les assises supérieures. Toutes sont
aussi prolongées que celles dont a souffert la région de également recouvertes, par places, du lichen si mordant
La Rochefoucauld il fait observer que les griffes aux de nos régions, qui y dessine des arabesques
angles, surtout quand elles affectent la forme de boule, capricieuses, et plusieurs de ces pierres portent, aux
peuvent se rencontrer jusqu'au XVe siècle. joints, des écornures, des traces d'éclatement plus ou
moins profondes qui ne peuvent guère s'expliquer que
M. Courivault de la Villate se demande si les monuments
par la chute du monument à une époque déjà ancienne.
de ce genre, qui présentent une grande analogie de
Car ces traces ont elles-mêmes repris la teinte et subi
forme avec les lanternes des morts, n'ont pas eu une
l'invasion de lichen des autres parties de la pierre.
autre destination que de porter une croix et qui leur
Enfin, les joints se montrent, par endroits, fort
permît de guider les voyageurs.
empâtés par le ciment, qui les déborde comme pour
remplir les creux laissés par les éclatements.
La face principale (fig. 1) est orientée presque Au sommet de ces dix assises cylindriques, la colonne
exactement au nord. Le socle, qui est en même temps est couronnée par un tronc de cône en saillie assez
un autel, ou reposoir, se compose d'un massif accentuée, dont l'ornementation très caractéristique a
rectangulaire de trois assises. La plus basse, en partie beaucoup souffert des intempéries, de la végétation
détruite, laisse voir le blocage intérieur et repose sur parasitaire et de la chute probable à laquelle je faisais
une fondation de maçonnerie plus large, elle- même allusion tout-à-1'heure. Les faces nord et sud sont celles
fortement déchaussée, aujourd'hui, par les nivellements où cette ornementation est le moins visible. C'est à
successifs du carrefour. La table de cet autel se profile l'ouest, et particulièrement à l'est, lorsque le monument
en un entablement très saillant, fait d'un bandeau carré est éclairé par un beau soleil matinal, que le très faible
soutenu par deux larges cavets. Deux petits trous relief du dessin offre des ombres assez accentuées pour
cylindriques, sur la table, à droite et à gauche, semblent qu'il soit alors aisé d'y reconnaître, à l'œil nu comme à
avoir été destinés à recevoir les montants d'une la lorgnette, les détails suivants:
décoration provisoire, telle que des guirlandes de la
Fête-Dieu. A la base du cône (fig. 2), un petit bandeau, ou
plate-bande, carré, assez mince, au-dessus duquel
La base de la colonne (fig. 2) est formée d'une petite s'enlève, sur le fond plat d'une petite gorge, une rangée
plinthe carrée, surmontée de deux tores, l'inférieur assez serrée de petites pyramides, ou pointes de diamant,
très gros, aplati de telle sorte que ses flancs sont dans un peu sommaires. Un second bandeau plat, plus large
le même plan vertical que ceux du tore supérieur et de que le premier, sépare cette gorge à pointes de diamant
la plinthe. Il est relié à celle- ci, aux quatre angles, par d'une autre gorge identique. Puis une large rangée de
des griffes dont trois sont martelées au point d'être hautes dents de scie, d'un relief très faible, la pointe en
indéfinissables, tandis que la quatrième, à l'angle nord- bas, est délimitée, au-dessus, vers le milieu du cône, par
est, affecte les contours très précis d'une boule, un peu un ressaut, aujourd'hui fort émoussé, sur lequel la moitié
abîmée elle-même. Le tore supérieur, d'un volume supérieure forme un léger retrait. Cette dernière région
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