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Charente (16) Vues anciennes - 279
C'est dans ce dernier que j'ai vu deux figurines, seigneuriale s'intitule seigneur de la Bergerie et de
représentées en relief sur le manteau de la cheminée du Chabroux 1.
premier étage. Elles sont d'un travail tout à fait grossier
Plus tard, ces biens du logis sont divisés entre les
et n'ont rien à envier au moyen-âge pour la conception
enfants et la richesse foncière diminue. D'après la
du dessin. La première, en f orme de médaillon,
matrice cadastrale de 1752, le château, avec ses
représente un visage joufflu, avec un nez épaté et une
dépendances, se compose d'une cuisine, salle, chambres
bouche énorme; les yeux manquent d'expression. La
basses et hautes et plusieurs petits appartements,
deuxième met en relief le torse nu d'un homme, avec le
écuries, granges à foin,, chais, celliers, - eaux, toits, cour,
même hébétement dans le regard et l'absence de
avant-cour, jardin, étang, les rivages, la chaussée, enclos,
proportions; il n'y a point de délicatesse dans les
prés, taillis, etc.
membres; aucun coup de ciseau ne révèle des muscles
et ne donne au corps une physionomie quelque peu Ses domaines et rentes sont formés d'une métairie de
vivante. 105 journaux 160 carreaux; 332 journaux 8 carreaux des
logis et réserve; une métairie “imposée faute de donner”
A première vue, il y a dans l'édifice un détail de
de 39 journaux 169 carreaux; 4 journaux de vignes
construction qui choque. Dans le milieu du corps de
particulières; 260 boisseaux de rente de tous grains,
bâtiment s'ouvre, sur la terrasse, une large porte à deux
mesure de moulin.
battants, de style tout à fait moderne tandis que, de
l'autre côté, ou voit une porte basse, étroite, portant à Etudes Locales, 6e année, n. 56, décembre 1925, pp.
son dessus un motif d'ornementation ogivale. La 264-267
première donne accès dans le salon de réception et
l'autre dans le couloir. Tout en bâtissant un logis du
XVIIe siècle, l'ouvrier a voulu emprunter aux autres
époques par ses figurines et sa porte ogivale;
malheureusement, son travail n'est qu'une ébauche et,
en mélangeant les styles il n'a réussi qu'à obtenir une
association disparate, compromettant le plan général de
l'édifice et ne permettant pas d'assigner une date de
construction.
D'aucuns prennent les étroites fenêtres pratiquées au
bas des murs pour d'anciennes meurtrières, ayant la
même date que la porte ogivale et, avec ces données, ils
prétendent qu'un manoir s'élevait autrefois à la place du
logis actuel.
Je n'ai trouvé nulle part les armoiries de la famille
seigneuriale, elles figuraient, parait-il, sur des plaques de
cheminée qui ont disparu.
Pendant la Révolution, après l'abandon du château, la
commune laissa ouvert le pavillon de l'est. Un bal public
y fut organisé tous les dimanches; à la sortie de la messe,
on voyait les jeunes gens passer par la petite porte
pratiquée dans le mur de clôture de la cour seigneuriale,
en face des portes de l'église, et se diriger, avec les jeunes
filles, vers les vieilles salles féodales, qu'ils égayaient un
instant.
A la lin du XVIIe siècle, le château de Marillac possède
deux hameaux des environs. Un membre de la famille
1 Registre de l'état civil de Marillac, année 1698.
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