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                                                        Marillac-le-Franc

                                                      D'après M. Ernest Vincent,
                                          membre de la Société de géographie de Rochefort.
                                        (Communiqué par M. Ferrant, instituteur à Marillac.)



                               1.- Le Pays                           pour se former et se creuser un chemin plus large, à
                                                                     travers les couches stratifiées.
        La Ligone forme à l'est des vallées de la Tardoire et de la
        Touvre  une  des  limites  de  ce  crible  énorme,,  fait  mie La composition intérieure du sol que l'on trouve au fond
        concrétions calcaires, qui s'étend sur le canton de La de la vallée annonce qu'il a été formé successivement
        Rochefoucauld. Elle prend sa source à la fontaine Marotti, du  limon  et  du  dépôt  des  eaux.  On  trouve,
        sur la commune d'Yvrac; sa direction, jusqu'à hauteur du journellement,  dans  les  matières  pierreuses,  des
        bourg de Marillac, est du sud-est au nord-ouest; puis elle coquillages et autres fossiles, indiquant que les grands
        s'infléchit brusquement vers le sud-ouest et, après un trajet cours d'eau ont rongé la plupart des rochers nus que
        d'un kilomètre, elle se coude au terroir des Gannes, se l'on aperçoit sur les flancs décharnés des coteaux: du
        dirigeant à l'Ouest pendant trois kilomètres. Elle se jette côté des gouffres se dressent le plus souvent les rochers
        dans la Tardoire, en amont de La Rochefoucauld, après un à pic, dont la base a été minée pendant longtemps par
        parcours total de dix kilomètres.                            des eaux rapides qui se sont facilement creusé un lit
                                                                     entre des pierres calcaires peu compactes.
        Elle reçoit, au-dessous de Marillac, un affluent, le Margot,
        presque aussi important quelle-même. Ce ruisseau, qui Le Roc de Gobelet, avant d’être converti en moellons de
        arrose  la  commune  d'Yvrac,  coule  parallèlement  à  la construction dressait sa masse imposante au- dessus de
        Ligone  à  une  distance  moyenne  d'un  kilomètre.  Et la Ligone.
        peut-être trouverait-on l'étymologie du mot Ligone dans
                                                                     A sa base, un large banc de pierre semblait avoir été
        la disposition. des deux cours d'eau, si l'on se rapportait
                                                                     taillé dans le roc par la main de l'homme. A Gabouri,
        au mot latin Ligo, onis, qui signifie hoyau, instrument de
        fer à deux fourchons. Mais une branche du hoyau s'est        malgré les carriers, il reste encore une belle grotte qui a
                                                                     servi  souvent  de  refuge  à  des  mendiants.  Dans  une
        brisée et le Margot, englouti lui-même par les gouffres,
                                                                     grotte découverte récemment au terroir de la Grange,
        n'arrive  à  son  confluent  qu'aux  époques  de  grands
                                                                     on  a  retrouvé  de  nombreuses  stalagmites  qui  se
        débordements. Dès 1781, la Ligone n'arrivait plus à La
        Rochefoucauld. Depuis cette même époque les gouffres se      dressaient au-dessus d'une épaisse couche de limon.
        sont encore creusés plus nombreux. Ils commencent            Ces dépôts, qui se forment encore aujourd'hui, étaient
        maintenant a l'endroit où la Ligone fait un coude pour       dus  surtout,  aux  temps  géologiques,  aux  pluies
        se diriger au sud-ouest ils finissent aux Gannes, lorsqu'elle  diluviennes qui s'infiltraient lentement et sans cesse dans
        prend  la  direction  de  l'Ouest.  Les  excavations  sont   les roches, en entraînant des particules calcaires.
        toujours sur la droite du ruisseau.
                                                                     En étudiant la préhistoire de notre contrée, la première
        La  ligne  qui  sépare  les  terrains  argileux  des  terres  invasion du sol par l'homme parait être venue du centre
        calcaires partage la commune en deux parties égales. Au      des terres. L'homme primitif descend les vallées de la
        levant et sur la gauche du ruisseau, on trouve le silex;     Tardoire et du Bandiat; il explore le voisinage et c'est ainsi
        sur la droite, on rencontre la pierre à chaux.               qu'il arrive à occuper la vallée de la Ligone.

        A partir du moulin de la Martine ou Risotte, à la hauteur    Des recherches furent commencées de ce côté, il y a
        du bourg, la vallée de la Ligone commencé à s'élargir. En    quelques années, lorsque des carriers eurent mis à jour
        même  temps,  les  crevasses  souterraines  font  leur
                                                                     une grotte sur la rive droite du ruisseau, près de Marillac.
        apparition dans le lit du ruisseau et sur sa rive droite.    L'excavation,  assez  exiguë,  formait  deux  chambres.
        Parfois, au moment des pluies, des affaissements du sol      Dans une première fouille, on trouva au milieu d'une
        se produisent au milieu de la croûte végétale; ce sont       épaisse couche de limon, une dent de cheval primitif. Il
        des trous de deux à cinq mètres de profondeur. Les
                                                                     n'y eut pas d'autres recherches à l'intérieur, mais autour
        gouffres  profitent  parfois  de  ces  légères  excavations  de  la  caverne  on  ramassa  des  flèches  en  silex


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