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Charente (16) Vues anciennes - 172

                                                 Bibliographie: Marie Gounin

                                                              Jean Talbert


        Marie  Gounin,  Le  Front  sur  la  vitre,  les  Editions    Seule, la charité l'anime.
        d'Aquitaine, Bordeaux, 1938.                                 Vous dites aux hommes détruits
                                                                     Par l'angoisse, au bord de l'abîme:
        Cédant à l'impatience de ses amis, Marie Gounin avait
                                                                     “Sentez-vous que mon cœur vous cherche dans la nuit?”
        publié sous le même titre, en 1935 — nous en avons
        rendu compte dans les Etudes Locales de juin 1936 —          Près de la bienfaisante flamme
        quelques poèmes que nous retrouvons dans le présent          Venez vous réchauffer ce soir
        recueil.  En  trois  ans,  le  nombre  des  poèmes  s'est    — Sois pour eux le puissant dictame,
        singulièrement augmenté: il passe de dix-sept à soixante-    “0 feu! Source de vie et d'éternel espoir!”
        dix. Même unité d'inspiration que dans les précédents
        recueils,  même  sûreté,  même  variété  dans  la  facture, La froide saison se termine,

        même musicalité :                                            Déjà tiédit l'après-midi.
                                                                     Les plus chagrins font bonne mine
        Douceur des sons, musique, ah ! je ne veux que toi           Au “retour du printemps, du soleil et des nids.”
        Sur mon visage amer et sur mes yeux pleins d'ombre.          Alors renaît le goût de vivre.
                                                                     ...
        Qu'elle chante l'automne ou l'hiver, qu'elle évoque les
                                                                     Allons cueillir notre butin,
        jours heureux de son enfance ou de sa jeunesse, qu'elle
                                                                     Inclinant le front sur... le livre,
        peigne des portraits ou des intérieurs proches de ceux
        de Jarraud par la simplicité, la vigueur et l'émotion, elle  “Dans ces pages au vent qui cherchent leur destin.”
        affirme une maîtrise qui vaudra à tels de ses poèmes —         Etudes Locales, 19  année, n. 183, Juillet 1938, pp.
                                                                                            è
        citons par exemple la Vie brève ou l'Inutile retour — de                              166-168
        figurer dans les anthologies 1. L'accent pénétrant de sa
        mélancolie laisse une impression profonde. La meilleure
        preuve de l'influence qu'elle, exerce sur ses lecteurs, c'est
        qu'ils éprouvent le besoin de lui répondre en sa langue...

        J'ai lu votre livre, Madame,
        Et page à page recueilli
        Les confidences où votre âme
        Ressuscite “les jours tombés au noir oubli”

        Vous avez bien choisi le titre:
        L'hiver, par delà les jardins,
        Vous voyez, le front sur la vitre,
        “L'horizon mol et bleu des coteaux limousins.”

        Vous rêvez, suivant les nuages,
        Aux bonheurs emportés comme eux,
        Et priez, devant ces ravages:
        “Guérissez le tourment de ce cœur malheureux.”


        Mais, hélas ! la vaine espérance!
        Rien ne console votre cœur.
        Il veut dormir dans le silence:
        “La nuit qui vient sera ta pitoyable sœur.”


        1 M. l'inspecteur général Ab der Halden a publié l'an dernier un
        recueil de morceaux choisis où figure
        un poème de Marie Gounin.

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