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Bibliographie: Marie Gounin
Jean Talbert
Marie Gounin, Le Front sur la vitre, les Editions Seule, la charité l'anime.
d'Aquitaine, Bordeaux, 1938. Vous dites aux hommes détruits
Par l'angoisse, au bord de l'abîme:
Cédant à l'impatience de ses amis, Marie Gounin avait
“Sentez-vous que mon cœur vous cherche dans la nuit?”
publié sous le même titre, en 1935 — nous en avons
rendu compte dans les Etudes Locales de juin 1936 — Près de la bienfaisante flamme
quelques poèmes que nous retrouvons dans le présent Venez vous réchauffer ce soir
recueil. En trois ans, le nombre des poèmes s'est — Sois pour eux le puissant dictame,
singulièrement augmenté: il passe de dix-sept à soixante- “0 feu! Source de vie et d'éternel espoir!”
dix. Même unité d'inspiration que dans les précédents
recueils, même sûreté, même variété dans la facture, La froide saison se termine,
même musicalité : Déjà tiédit l'après-midi.
Les plus chagrins font bonne mine
Douceur des sons, musique, ah ! je ne veux que toi Au “retour du printemps, du soleil et des nids.”
Sur mon visage amer et sur mes yeux pleins d'ombre. Alors renaît le goût de vivre.
...
Qu'elle chante l'automne ou l'hiver, qu'elle évoque les
Allons cueillir notre butin,
jours heureux de son enfance ou de sa jeunesse, qu'elle
Inclinant le front sur... le livre,
peigne des portraits ou des intérieurs proches de ceux
de Jarraud par la simplicité, la vigueur et l'émotion, elle “Dans ces pages au vent qui cherchent leur destin.”
affirme une maîtrise qui vaudra à tels de ses poèmes — Etudes Locales, 19 année, n. 183, Juillet 1938, pp.
è
citons par exemple la Vie brève ou l'Inutile retour — de 166-168
figurer dans les anthologies 1. L'accent pénétrant de sa
mélancolie laisse une impression profonde. La meilleure
preuve de l'influence qu'elle, exerce sur ses lecteurs, c'est
qu'ils éprouvent le besoin de lui répondre en sa langue...
J'ai lu votre livre, Madame,
Et page à page recueilli
Les confidences où votre âme
Ressuscite “les jours tombés au noir oubli”
Vous avez bien choisi le titre:
L'hiver, par delà les jardins,
Vous voyez, le front sur la vitre,
“L'horizon mol et bleu des coteaux limousins.”
Vous rêvez, suivant les nuages,
Aux bonheurs emportés comme eux,
Et priez, devant ces ravages:
“Guérissez le tourment de ce cœur malheureux.”
Mais, hélas ! la vaine espérance!
Rien ne console votre cœur.
Il veut dormir dans le silence:
“La nuit qui vient sera ta pitoyable sœur.”
1 M. l'inspecteur général Ab der Halden a publié l'an dernier un
recueil de morceaux choisis où figure
un poème de Marie Gounin.
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