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Charente (16) Angoulême arrondissement - 878
Notre Dame de Bellevau
Marc Leproux
Dévotions et Saint Guérisseurs
A trois kilomètres du bourg, presque à la limite avec joindre à la procession avec leurs bannières
celle de Dignac, se trouvent la chapelle et la fontaine respectives. Maintenant, la dévotion a lieu en
de Bellevau placées toutes les deux sous le patronage présence de l’Evêque. En 1947, un camelot y vendait
de Notre-Dame. même des médailles.
Non loin de là subsistent les vestiges d’un ancien En 1949, le pèlerinage eut lieu le 7 août et la messe
ermitage en grande partie noyé dans les frondaisons. fut célébrée en l’église monolithe devant un afflux de
On y voit une grande salle de réunion ou de pèlerins venus de tous les coins de la Charente. “A
réfectoire. Les cellules creusées dans le rocher calcaire l’heure du déjeuner qui fut un vaste pique-nique, tous
sont disposées en longues files sur deux rangs les coins de la vaste plaine furent remplis d’une foule
superposés. La chapelle taillée dans le roc se joyeuse qui prit le repas de midi”. L’après-midi, après
compose de deux nefs ; 1 une creusée dans le rocher la pittoresque bénédiction des enfants si nombreux
est ornée de colonnes et éclairé par un oculus percé cette année, eut lieu sous la présidence de
dans la voûte, elle communique par un couloir Monseigneur l’Evêque, la belle procession à Notre-
sinueux avec les autres salles. Une construction qui Dame-de-Bellevau aux accents d’un cantique
paraît romane, où se trouvait l'autel, coupe le devant. spécialement composé en son honneur et à laquelle
La seconde nef est plus récente. participaient outre les autorités civiles, et religieuses
une foule plus compacte encore que le matin .
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Une légende dont le thème est celui de la statue
récalcitrante qui reprend sa place, se rattache à ce Au pèlerinage de 1952 on vit même deux vieillards
monument. “Autrefois, cette chapelle abritait une marcher sur les genoux pour atteindre la fontaine.
belle statue enviée par les habitants du bourg de Sers
Quand le pèlerinage se faisait surtout en vue
qui s’en emparèrent pour la déposer dans leur église.
d’obtenir de la pluie, le prêtre ne manquait pas de
Le lendemain, la statue était revenue dans la
plonger le pied de la croix dans l’eau de la fontaine.
chapelle” . On ne connaît pas la date de la fondation Mais une année, comme la pluie ne venait pas, le
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de cet ermitage, mais il y a tout lieu de croire qu’il
sacristain de Dignac assura qu’il fallait baigner non
remonte à l’époque de celui de Saint-Marc près
seulement le pied mais la croix toute entière. Une
d’Angoulême, c’est-à-dire vers le VI siècle. Il fut de
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nouvelle procession fut organisée et sur le chemin du
nouveau occupé quelques temps au XVII siècle. La retour comme les pèlerins atteignaient les
e
Fontaine sourd au pied des rochers, à deux mètres à
“Chaumes” ils furent surpris par un orage
l’est de la chapelle, et va alimenter des réservoirs
formidable . Le 3 août 1947 la cérémonie se déroula
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aménagés peut-être par les ermites. Elle est très
en présence de l’Evêque et le 4 quelques gouttes de
réputée pour ses vertus curatives qui en font encore pluie tombèrent.
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actuellement un lieu de pèlerinage. Sur le côté se
trouve une croix de bois d’un mètre de hauteur qui La fontaine de Bellevau est en outre visitée pour
disparaît sous les ex-votos. C’est sans doute la diverses raisons. Le mardi de Pâques, les femmes
fontaine la plus fréquentée de l’Angoumois; mais le stériles y viennent demander la fécondité et les
culte y revêt maintenant un caractère liturgique nourrices y baigner leurs seins seins ou tremper leur
officiel avec le clergé des paroisses voisines qui s’y linge pour avoir beaucoup de lait.. En 1868, cette
rend en procession croix et bannière en tête. curieuse légende: “Il y avait autrefois à Bellevaud une
famille nombreuse très pauvre. La mère étant morte
Il y a une cinquantaine d’années les habitants de en couches, l’aîné, pour calmer les cris de son jeune
Bouex, de Sers, de Vouzan ne manquaient pas de se
frère, lui présenta son sein. Le lait lui vint et il pu
nourrir le jeune enfant.” C'est en souvenir de ce
1 Rapporté par M. Alcide DURUISSEAU de Bouex (1945).
miracle que les nourrices continuent à demander à la
2 On cite une dame de Bordeaux qui en 1938 vient en chercher
une provision et lors du pèlerinage de 1952 un pèlerin qui en 3 D’après les journaux locaux du moment.
emporta une bonbonne d’une cinquantaine de litres. 4 Selon M. Henri LACOMBE.
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