Page 634 - Canton_Villebois-Lavalette-0-wn
P. 634

Charente (16) Angoulême arrondissement - 634

                 COMMUNE DE RONSENAC                                 les deux cours d'eau vont porter leurs eaux dans la
                                                                     Lisonne, après avoir fertilisé d'excellentes prairies.
         On arrive à Ronsenac soit par le chemin de fer de
        Bordeaux, que l'on quitte à la station de Charmant,          Le  sol  de  la  commune  est  maigre,  peu  fertile  en
        soit par La Vallette, dont il n'est éloigné que de trois     grains,  mais  très  bon  pour  la  vigne;  les  vins  et  les
        kilomètres; c'est une promenade. — Ce bourg, situé           eaux-de-vie y sont de bonne qualité.
        au  fond  d'un  vallon,  à  vingt-quatre  kilomètres         Les truffières y sont communes et abondantes. Il en
        d'Angoulême, contient 200 habitants. C'est le chef-          est deux fort connues sous les noms singuliers de la
        lieu  d'une  commune  fort  importante,  puisqu'elle         Feline  et  de  la  Ratterie.—  Parmi  les  anciens  fiefs,
        mesure 2,672 hectares de superficie et compte 1,101          citons le logis de Bernac, autrefois à la famille de La
        habitants. C'était une seigneurie importante, dont les       Loubière et, tout près, le hameau de Chez-Vinaigre,
        possesseurs  partageaient  les  revenus  et  les  droits     où se trouve un dolmen entouré de menhirs que des
        seigneuriaux avec le curé ou doyen de Ronsenac.—             fouilles  exécutées  il  y  a  quelques  années  ont  mis  à
        Sa vaste église précuriale, dont il ne reste que la nef      jour. Ce sont des pierres debout en silex rougeâtre
        et  deux  bas-côtés,  témoigne  de  la  richesse  des        qui  ont  dû  servir  de  sépulture  à  des  héros  de
        moines  de  l'ordre  de  Cluny  qui  l'habitaient.  Le       l'époque  celtique  tombés  sur  un  champ  de  bataille.
        portail, à plusieurs voussures, est décoré de colonnes       Une légende curieuse est attachée à ces monuments
        et de chapiteaux du goût le plus délicat. Bâti au XII      e  des âges antéhistoriques.
        siècle,  cet  édifice  n'a  jamais  été  complètement
                                                                     A la venue du Christ, les fées, dont le règne était fini,
        terminé, car les chapiteaux seuls des bas-côtés sont
                                                                     demandèrent  une  grâce  au  Seigneur  avant  de
        décorés  de  feuillages  et  d'animaux  symboliques.  Le
        tout,  murailles,  piliers  et  chapiteaux,  est  recouvert  mourir.  Dieu  leur  promit  que  leur  dernier  souhait
                                                                     serait  accompli.  —  Nous  désirons,  dirent  elles,  que
        d'un  affreux  badigeon  jaune-vert  qui  a  dû  imiter  le
                                                                     nos  dépouilles  reposent  sous  des  tombes  de
        bronze. Je regrette de ne pouvoir citer les noms du
                                                                     diamant. — Ainsi fut fait. Mais comme la cupidité
        curé  et  du  maire  qui  ont  eu  cette  idée  ingénieuse.
        Bronzer les murs d'une église! —                             humaine, alléchée par cette précieuse matière, venait
                                                                     profaner ces sépultures, Dieu changea les tombes de
        A côté de l'église sont les bâtiments encore debout,         diamant en pierre; ce sont les menhirs et le dolmen.
        du moins en partie, de l'ancienne abbaye.
                                                                     La table de ce monument druidique après de quatre
        La  porte  d'entrée  a  conservé  quelques  traces  de       mètres de longueur sur deux et demi de largeur, et
        sculpture; le reste n'a  rien de remarquable, à part ses     repose sur trois supports également en silex. — Ces
        grandes  et  belles  caves,  d'une  construction  très       pierres des fées ne sont pas les seules curieuses dans
        soignée.  —  Le  château  de  Ronsenac  n'est  plus          le pays. Tout près de Bernac, dans un vallon, on voit
        qu'une  ruine;  une  tour  carrée  à  mâchicoulis  et  à     la  pierre  tournante  qui,  suivant  la  tradition,  tourne
        créneaux en est le seul débris; elle se trouve enclavée      toutes  les  fois  qu'elle  entend  sonner  midi  à
        dans des constructions modernes. On monte par un             Ronsenac. Ce prodige ne doit pas s'accomplir tous
        escalier étroit percé dans la muraille, et l'on arrive à     les jours.
        une belle salle voûtée désignée dans le pays sous le
        nom de la Prison. Au-dessous est le cachot; il sert de       Comme  établissement  industriel,  je  ne  puis  citer
                                                                     dans  la  commune  que  la  tuilerie  de  la  Pepine,  au
        cave  aujourd'hui.  Cette  demeure  seigneuriale  devait
                                                                     milieu des bois Les autres villages sont: Isle (48 h.), la
        être assez considérable,car la tradition a conservé le
                                                                     Michelie  (23  h.),  Charbonnier  (48  h.),  Maine-aux-
        souvenir  de  l'emplacement  d'autres  tours  à  une
        certaine  distance  de  celle  qui  est  encore  debout.     Anges  (32  h.),  Chez-Goreau  (29  h.),  Chez-le-Faure
                                                                     (28 h.), Corlut (49 h.), le Net (29 h.), le Pic (25 h.) le
        Ronsenac  était  aux  Arnauld.  —  Le  registre  d'état
                                                                     Boubas (23 h.), la Côte (28 h.), Bregedus (20 h.), etc.
        civil  de la commune date de 1605.
                                                                     La frairie se tient à Ronsenac le 24 juin, jour de la
        Une  des  curiosités  de  Ronsenac,  c'est  sa  fontaine
        intarissable,  qui  donne  une  eau  excellente,  bienfait   Saint-Jean. Elle est très fréquentée
        inappréciable  dans  cette  région  généralement  assez        La Charente Communale Illustrée, Alcide Gauguié,
        pauvre sous ce rapport. La fontaine de Ronsenac va                               1865, pp. 380-383
        se jeter dans le ruisseau de Gurat, le Gabarre, et de là


                                                           © CatillusCarol.Corp
   629   630   631   632   633   634   635   636   637   638   639