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Charente (16) Angoulême arrondissement - 209
blessure apparente à l'intérieur de cette église, qui est en plus grand, sur des chapiteaux de la salle
remarquablement conservé, alors que l'extérieur est Capitulaire de Badeix. Les angles vifs des voussures
informe. et des pieds droits sont largement biseautés, les
bases des colonnes sont enterrées.
Ici, le matériau est tout
différent de celui qui a servi à Le chevet est bien conservé. Une double voussure
Etricor et à Badeix. Ce n'est entoure chaque fenêtre, comme à Badeix. Il n'y a pas
plus le sombre granit, mais de cordon d'encadrement. Mais un détail curieux
un calcaire dur, mérite d'être noté. A la naissance de l'arc de chaque
probablement tiré des fenêtre l'angle rentrant du pied droit externe est
carrières de Saint-Sornin (à barré par un plateau triangulaire, porté par un petit
20 kilomètres de là), qui cul-de-lampe étoilé. Ce motif est taillé dans une dalle
rappelle, par sa blancheur qui forme en même temps les sommiers des deux
inaltérée, le tuffeau des belles arcs concentriques. Tout à fait insolite et original, il
églises de la vallée du Thouêt. rompt heureusement la monotonie des grands arcs
du chevet.
De la base des murailles au
sommet de la voûte le Les bâtiments claustraux s'appuyaient sur l'élévation
parement est fait de massifs sud. A l'est de la porte mutilée, les traces
réguliers, jointés d'arrachement de deux murailles parallèles,
impeccablement par un perpendiculaires au mur goutterot, et un départ de
ciment d'une extrême dureté. voûte de grand appareil, indiquent qu'il y avait là une
Les joints portent encore des salle de 5 mètres de large, amorce de l'aile est. De
traces de peinture ocre. Vue l'autre côté de la porte, en haut de la muraille, une
par une matinée ensoleillée, rangée de corbeaux permet de situer là
quand la lumière entre à flots l'emplacement du cloître.
par les trois baies de l'abside, Ni à Etricor, ni à Badeix, il ne reste trace de clocher
cette nef toute blanche,
ou de campanile. A Rauzet, un trou percé dans la
complètement nue, où rien
voûte de la nef, à 2 mètres environ de sa jonction
n'accroche le regard, est
avec l'abside, servait certainement au passage de la
d'une impressionnante corde d'une cloche logée dans un campanile
majesté qu'augmente encore dépassant le toit.
la hauteur des voûtes (deux
fois la largeur). Cette ruine magnifique, vouée à une destruction
totale imminente, étonne par la solidité incroyable de
A l'extérieur, c'est la grande ses voûtes qui, depuis plus d'un siècle, résistent
misère. Du côté nord, tout le
victorieusement aux injures du temps, que pas une
parement extérieur s'est
racine n'a réussi à traverser et qui n'a cédé qu'au
effondré, disjoint
point faible qu'est la jonction de la voûte en tiers
par d'énormes racines qui point avec le cul-de-four. Partout ailleurs, elle est
descendent de la voûte intacte et elle ne tombera que quand les murs auront
jusqu'au sol. Il est impossible cédé.
de dire s'il y avait des
Il est trop tard pour la sauver et c'est grand
contreforts. Le portail nord dommage, car elle est un témoin unique dans notre
est en plein cintre, avec deux
région de l'évolution de l'architecture grandmontaine
voussures portées par des pieds droits dont les
au début du XIIIe siècle.
angles rentrants s'ornaient de quatre colonnettes
rondes. Deux ont disparu, mais les quatre petits A l'extérieur, c'est la grande misère. Du côté nord,
chapiteaux qui les surmontaient sont en place. Ils ont tout le parement extérieur s'est effondré, disjoint par
des tailloirs carrés. Les angles de leurs corbeilles sont d'énormes racines qui descendent de la voûte
ornés de feuilles d'eau avec leurs bords réunis en V jusqu'au sol. Il est impossible de dire s'il y avait des
sur les faces, motif que nous avons déjà rencontré, contreforts. Le portail nord est en plein cintre, avec
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