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Charente (16) Angoulême arrondissement - 191
renonce à « tout droit de service et exercice », c’est- avait revendu à la famille Forestas. En 1710,
à-dire des corvées et le droit de guet, rappelant qu’il Alexandre Galard de Béarn donne en afferme une
dépend de la châtellenie seigneuriale de partie de ses revenus à Antoine Forestas. Cette
ferme comprend les dîmes de l’enclos de Rauzet, 23
La Rochebeaucourt. Reste à l’abbé de Grandmont à
signer l’acte pour valider définitivement l’accord, le boisseaux 2 mesures de froment, 6 boisseaux de
correcteur ne suit pas. seigle, 29 boisseaux d’avoine, 4 boisseaux et demi de
châtaignes, un quart de livre de cire, 24 poules, 8
Ce droit d’exploit nous est précisé par un acte de fromages, 21 livres 7 sols de rente due sur la prise de
1403. Chaque habitant du hameau de la Pouyade a la franchise de Rauzet, 4 mesures de froment, 4
de tout temps pu faire paître son bétail dans le bois mesures d’avoine et 2 chapons sur le grand et le
essarté ou non contre une redevance pour le petit étang de Rauzet . A défaut d’éclairer avec
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seigneur de La Rochebeaucourt de trois boisseaux certitude sur les rentes
d’avoine comble. Cependant, les tenanciers n’ont
pas accès au bois mis en défens et au bois du et dîmes perçues par les Grandmontains avant 1563,
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Queyrel situé entre le moulin de Rauzet et La la liste indique les productions de la franchise .
Rochebeaucourt. Chacun peut couper du bois le En bref Rauzet dispose des revenus qui lui
long du chemin à condition de remettre au sergent permettent d’envisager sereinement l’édification de
vingt œufs à Pâques. Les tenanciers ont droit de ses bâtiments au XIII ème siècle, sans doute avec
prélever le bois mort (pour le chauffage), la fougère l’aide de puissants protecteurs dont le seigneur de
et les feuilles (pour la litière) et les genêts (fourrage ou La Rochebeaucourt.
litière pour les animaux, ou genêts secs pour le feu).
Ceci autorise à avoir une vision moins misérabiliste
Cet accord confirme que le domaine de Rauzet n’est des constructions et en particulier de la salle
pas encore donné à ferme. Rauzet bénéficie des Capitulaire, qui était malgré tout une salle
revenus de sa réserve, c’est-à-dire de l’exploitation de d’apparat . N’existe-t-il pas dans les environs des
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son domaine rapproché et de ses étangs. La éléments lapidaires visiblement en réemploi?
méthode régressive, à partir des archives du Une hypothèse : le remontage d’éléments
XVIII ème siècle, instruit sur les revenus potentiels. Les
architecturaux à Rougnac
Grandmontains disposent du domaine des
Monneries qui produit du froment, du seigle de L’église Saint-Pierre de Rougnac est un prieuré-cure
l’avoine . Ce domaine d’une trentaine d’hectares se du Peyrat depuis 1220. Lors de la (re)construction,
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compose de prés, terres, chaumes, marais et bois pour rattraper la pente du terrain, une crypte a été
frettes (châtaignier, “bois à faire cercles” utilisé aussi établie. Dans une autre campagne au XV ème siècle,
pour le charbon de bois). cette crypte est prolongée vers l’ouest .
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Les archives modernes apportent d’autres précisions Est-ce alors que l’on cherche à embellir l’entrée de la
sur les revenus qui peuvent être attribués à Rauzet. Il crypte? On y voit sur le mur nord une litre funéraire.
faut rappeler que Rauzet a dû pâtir de l’édit du 17 On a remonté là parfois maladroitement trois baies
mai 1563 de Charles IX et des suivants sous Henri 24 2 E 544, Fillion, Angoulême. Ibidem, p.77 2 E 2967,
III qui ordonne la mise en vente du temporel des Dereix, Gardes. Ibidem, p.81.
25 L’enclos ou la franchise englobe l’espace où les
religieux. Avant 1611, le comte de Brassac avait
Grandmontains ont l’entière juridiction : la justice, les droits
acquis le domaine de Rauzet et ses revenus. Il en
de mutation ou de lods et ventes…
boisseaux de froment, 2 boisseaux de seigle, 26 C’est la salle où les frères lisent un chapitre de leur règle,
12 boisseaux d’avoine, 15 sols, 3 chapons, 3 poules. C’est prient pour les morts, reçoivent les donations, et où le
peut-être suite aux baux « à nouveau cens et rente seigneuriale supérieur donne la correction.
[de] la presque totalité » de la paroisse de Combiers en 1486, 27 J. GEORGE, A GUÉRIN-BOUTAUD, Les églises
“ayant trouvé le pays […] abandonné, dépeuplé et en partie romanes de l’ancien diocèse d’Angoulême, Paris, 1928, p. 171
désert par l’émigration des habitants causée par le fléau des ; litre p. 314. J. GEORGE, Les églises de France, Charente,
longues guerres de Guyenne”, J 1137, famille Laroche. Paris, 1933, p. 212. A. GAUGUIÉ, La Charente communale,
23 B 1/467, La Rochebeaucourt, registre, 1713. J 1153. Q 24, Angoulême, 1868, p. 390. Archives de l’évêché, Registre vert,
n° 18. Q III-62 (revenus estimés à 420 livres en 1791). Textes mention d’une reprise des voûtes de la crypte. Un nouvel
publiés dans M. LARIGAUDERIE BEIJEAUD, Recherche escalier remplace celui de la crypte primitive situé le long du
sur les prieurés grandmontains de Charente, op.cit., p. 79-84. mur nord.
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