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Charente (16) Angoulême arrondissement - 560
qui furent présents, et d’après les indications d’un écrit après avoir assisté à certains miracles, entendu le récit
qui accompagnait la trouvaille, on découvrait les reliques des autres, reçut la bénédiction des reliques de saints, ils
de la très Sainte Marie-Madeleine et du saint et glorieux retournaient chez eux, joyeux, enthousiastes et chantant
martyr Vincent et beaucoup de miracles d’origine divine en chœur” .
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et merveilleux et extraordinaires y furent accomplis et
Malgré cet enthousiasme dès le début du XIX siècle, on
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constatés, non seulement dans l’église et autour de
ne signale plus de miracle et le pèlerinage déclina
l’église, mais même dans les chemins et les villages, les considérablement puisque le puits fut comblé vers 1870.
châteaux et les villes, sur des gens restant dans leurs
Gauguié indique que si on allait autrefois en procession
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propres demeures. Beaucoup d infirmes et de débiles,
à la source le 8 septembre cette coutume était déjà
d’aveugles, de boiteux, de sourds et de muets, de
abandonnée en 1868. Ganachaud dans ses souvenirs
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démoniaques, de prisonniers, d’autres parvenus au note qu’on allait en pèlerinage à Notre-Dame de Tous-
terme de la vie ou retenus par diverses maladies et
Biens, mais sans préciser ni quand, ni pourquoi.
afflictions, aussitôt que par eux-mêmes ou par les leurs,
ils faisaient le vœux de se rendre à cette sainte église et Pourtant, vers 1895, un curé de Xambes entreprit de faire
réclamaient le secours de Dieu, de sa très Sainte Mère, revivre ce pèlerinage; il chercha longtemps chez les
de la bienheureuse Marie-Madeleine, se levant tout à antiquaires une ancienne statue de la Vierge, finit par en
coup, ils devenaient sains et saufs, de quelque infirmité découvrir une qu’il déposa provisoirement dans le
ou maladie qu’ils fussent atteints. clocher.
Alors, avec une immense allégresse, ils venaient à la dite C’est celle que M. Bayet décrit comme la déesse mère de
sainte église et y apportaient les images représentatives Xambes.
de leurs infirmités modelées dans la cire, d’autres les En dépit de ces efforts le pèlerinage du Puits du Miracle
témoignages de leur reconnaissance, c’est-à-dire que les n’a pu retrouver son ancienne vogue et c’est surtout par
femmes offraient ainsi leurs coiffes, les boiteux et les tradition et curiosité qu’il est encore suivi.
débiles, la santé recouvrée, donnaient en ex-voto les
bâtons qui leur avaient servi à les soutenir ; d’autres leurs
couvertures et leurs vêtements; d’autres les suaires qui Contribution au Folklore Charentais, Angoumois, Aunis,
avaient été préparés pour leur mort et d’une voix Saintonge - Dévotions et Saints Guérisseurs - Presse
vibrante, ils proclamaient et confessaient les miracles Universitaire de France - 1956
divins opérés en leur personne-
Beaucoup de malades se faisaient porter; là sur des
litières et des brancards ou en chariots traînés par des
bêtes de somme ou à dos de cheval ou par les moyens
les plus divers et un grand nombre recouvrait la santé.
Grâce à tant et à de si éclatants miracles, l’affluence fut
si grande de ceux qui venaient prier, que l’eau des puits
et des fontaines de ce village et de la région put à peine
suffire aux multitudes qui s’y pressaient et alors les
pèlerins barbouillaient leurs visages et leurs têtes avec
la boue des fontaines épuisées et portaient à leurs
malades l’eau du puits et beaucoup étaient guéris.
L’église aussi et la localité n’arrivaient pas à contenir une
si grande multitude, qui se répandait par les places, les
maisons, les jardins, les vergers, les champs cultivés et
la rase campagne avec des flambeaux, des torches et des
cierges et passait la nuit en veille dans des transports de
joie et d’allégresse. 2 Roger GRAND : La vie de Saint-Amand de Boixe et les origines de
l’abbaye. Angoulême, brochure de 112 pages.
Le lendemain, après les cérémonies de la messe et
3 GAUGUIÉ, déjà cité.
l’accomplissement de leurs vœux et de leurs offrandes, 4 GANACHAUD, déjà cité
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