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Charente (16) Angoulême arrondissement - 274

Cartulaire de Saint-Amant-de-Boixe

M. Debord – maître assistant de l'Université Caen (1972)

Le cartulaire original composé dans la première moitié rayon de 10 km.
du XIIIe siècle rassemblait 325 actes datées entre 988
Le faire-valoir direct ne se pratique que sur une surface
et 1251. Il intéressait 40 communes et renfermait 11
réduite et l’essentiel du temporel est constitué par des
chartes épiscopales et 15 chartes comtales.
redevances payées par des tenanciers. Le rayonnement
Ce cartulaire est une source de renseignements précieux de l’abbaye est assez faible, mais son rôle local n’est pas
pour: négligeable tant sur le plan spirituel, encouragements
donnés au pèlerinage de Notre Dame-de-Xambes, que
1 - éclaircir l’histoire de l’abbaye.
sur le plan économique. L’abbaye joue alors un rôle de
2 - évoquer la société du premier âge féodal. banque rurale, fournissant des deniers à des personnes

3 - une évocation par les moines de l’histoire sociale et engageant tout ou partie de leurs biens.
des usages de leur temps. Les deux principaux maîtres du sol sont à cette époque,

Avant l’an mil on pouvait distinguer sur la rive droite, le comte, puis l’évêque d’Angoulême qui disposent de
à l’ouest de la Charente, une région très peuplée, domaines fonciers importants. Après vient le lignage
occupée depuis longtemps. des seigneurs de Tourriers (de 1080 à 1300). Le reste du
pays apparaît très morcelé aux XIIe et XIIIe siècles, aux
Sur La rive gauche au contraire, le pays est peu peuplé.
mains d’une foule de moyens propriétaires fonciers, qui
Il est recouvert en grande partie par une forêt de 6 à 7 km
exploitent directement une terre en réserve et reçoivent
de largeur et s’étendant sur une grande longueur, la forêt
pour le reste cens et agriers de nombreux bordiers qui
de la Boixe, soudée à cette époque, à la
ne paraissent fournir aucun travail sur la réserve.
Braconne, aux forêts de Tusson et d’Aulnay.
Ni la noblesse, ni les liens féodaux ne sont clairement
A l’époque gallo-romaine, cette région formait un définis sur le plan juridique.
important carrefour de routes, surveillées par trois castra
Ce n’est qu’au cours du XIII siècle que des liens
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principaux Marcillac, Andone, Châteaurenault, castra
féodaux consistants seront définis et établis.
qui appartenant aux comtes d’Angoulême, connurent
des fortunes diverses. C’est ainsi qu’entre 1020 et 1028, A partir d’une indication de la charte N. 2 du cartulaire,
la forteresse d’Andone fut abandonnée pour un château indiquant le transfert de la forteresse à Montignac, M.
fortifié, mieux placé à Montignac. Debord a entrepris la fouille de la “molte d’Andone”,
emplacement de l’ancien Castrum.
L’abbaye de Saint-Amant-de-Boixe aurait été fondée
dans les dernières années du VIe siècle par un pieux On se trouve là en présence d’une enceinte circulaire.
ermite, disciple de saint Cybard. Ce premier La fouille entreprise a permis de déceler les vestiges
établissement aurait été détruit par les Normands. Les d’une construction établie après 1020-1028, date du
comtes d'Angoulême en auraient usurpé les vestiges. transfert de la forteresse à Montignac. Ces vestiges
Mais en 988, le comte Amaud Manzer aurait décidé de datant de la fin du X siècle confirment l’hypothèse de
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restituer ces biens à l’Eglise et aurait bâti un nouvel travail à l’origine de la fouille.
établissement dans la Boixe. Un but politique se mêlait
Mais à un niveau plus bas que les fondations de cette
à cette restitution.
construction, la fouille de 1971, a amené la découverte
L’abbaye dotée tout d’abord par le comte Guillaume IV, d’une couche archéologique (niveau III) qui a livré de
fils du précédent, végète jusque vers 1050. A partir de nombreuses taegulae, des tessons de céramique antique,
cette date, elle prend un grand essor qui s’achève vers un antoninianus de Valérien-le-Jeune émis en 256-258.
la fin du XIIe siècle. Cette couche s’appuie sur la roche en place.
En deux siècles et demi, l’abbaye s’est constituée un Il résulte de la présence de cette dernière couche
domaine compact, ramassé pour l’essentiel dans un archéologique que l’occupation du site d’Andone

remonterait au III siècle après J.-C.
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