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Charente (16) Angoulême arrondissement - 353

        fouillée clous rouillés, forgés à la main, retenant parfois Quel  que  soit  le  mode  d’ensevelissement,  la  tombe
        quelques fragments de bois.                                  paraissait  toujours  être  protégée,  soit  par  un  lit  de

        Ce qui est également curieux à souligner est le cas précis   pierres — comme nous l’avons vu tout à l’heure — soit
        de la tombe N. 2 dans l’allée A, la plus profonde de toutes  par
        les allées (1 m 20 à 1 m 30), où nous avons trouvé 6 des  dalles  grossièrement  taillées,  pour  les  tombes
        poteries en 3 niveaux:                                       creusées ou construites.
         - à 50    centimètres 2 poteries très brisées.              Notre Champ de Fouilles Comptait 14 Allées

         - à 80   centimètres 2 poteries brisées.                    Dans les 7 premières, de A à G nous avons noté 57 poteries.

         - à 1.20 mètre 2 poteries intactes,                         Dans les 7 dernières, nous comptons seulement 38 poteries,

         - comme si nous avions un cimetière à étages.               et, pourtant, les 7 premières allées sont plus courtes que
                                                                     les  7  dernières,  ce  qui  veut  dire  simplement  que  le
        Ceci paraît vrai pour les allées A et B où le fond rocheux
                                                                     nombre des inhumations augmente quand on va vers
        était très profond mais évidemment ne se répétait pas
                                                                     A,  et  diminue  quand  on  va  vers  N,  ce  qui  est
        dans les allées où le rocher n’était plus qu’à 20 ou 30
                                                                     parfaitement en accord avec les croyances admises. Vers
        centimètres de la surface, comme dans certaines parties
                                                                     A, on s’approche de la Chapelle, vers N on s’en éloigne.
        des allées M et N, par exemple.
                                                                     Au Moyen-Age, il était d’usage de se faire enterrer le plus
                                                                     près possible de la Chapelle ou de l’Eglise.
                                                                     Heureux celui qui touchait les fondations de l’Eglise!
                                                                     Plus on était proche de l’Autel, plus on se rapprochait
                                                                     de Dieu.

                                                                     Même,  en  signe  de  profonde  humilité  et  de
                                                                     mortification,  on  recherchait  volontiers,  comme
                                                                     dernière demeure, le porche, ou le narthex, ou le passage de
                                                                     la porte d’entrée, là où le corps était toujours foulé aux
                                                                     pieds par la multitude des passants et des Fidèles, entrant
                                                                     et sortant de l’Eglise.
                                                                     Le narthex de la petite Chapelle est en effet pavé de larges
                                                                     dalles  tumulaires,  usées,  où  l’on  devine  quelques
                                                                     inscriptions effacées par l’usure du temps.

                                                                     La tradition rapporte même que l’intérieur de la petite
                                                                     Chapelle était autrefois entièrement pavé de ces dalles
                                                                     mortuaires, sous lesquelles étaient ensevelis quelques
                                                                     artisans de la cité. Les outils symbolisant leur profession
                                                                     étaient  gravés  dans  la  pierre.  Cette  pratique  existait
                                                                     surtout à partir du XIVe siècle.

                                                                     L’Eglise  autorisait,  et  percevait  des  droits  pour
                                                                     l’inhumation de ceux qui tenaient à ce privilège.
                                                                     C’était  un  moyen  d’obtenir  des  ressources  pour
                                                                     entretenir la Chapelle et couvrir les frais du Culte.

                                                                     Mais, nous apprennent les liturgistes, seuls pouvaient
                                                                     être ensevelis auprès de l’Autel sur lequel est consacré
                                                                     le Corps et le Sang du Christ, le Fondateur de l’Eglise, ou le
                                                                     corps des Évêques ou des Abbés, et exceptionnellement,
                                                                     un laïc connu et vénéré pour ses grandes vertus.




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