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Charente (16) Angoulême arrondissement - 197

                                                                                      La Dame de la Tour

                                                                                 (Légende du Montbronnais)


                                                                              Mlle Chabellard, institutrice à Montbron
                                                                    A  4  kilomètres  de  Montbron,  tout  près  de  la  route  de
                                                                    Montbron à Rouzède, non loin du petit village de Vergnas,
                                                                    il existe une grosse motte de terre circulaire connue dans
                                                                    le pays sous le nom de la Tour. Là s'élevait autrefois un
                                                                    ancien château féodal complètement détruit aujourd'hui,
                                                                    mais dont on pouvait encore voir les mines il y a une
                                                                    trentaine d'années.

                                                                    Dans ce château vivait autrefois une dame très belle, mais
                                                                    orgueilleuse et méchante.

                                                                    Jeune  fille,  elle  se  moquait  des  paysannes  qui  avaient
                                                                    beaucoup d'enfants, les trouvant ridicules et sottes. Elle
                                                                    ne tarissait pas de railleries et de sarcasmes à ce sujet.
                                                                    Pour la punir, l'année qui suivit son mariage, Dieu la
                                                                    rendit mère de six enfants d'un coup.

                                                                    L'orgueilleuse se révolta contre la punition divine et, à la
                                                                    pensée qu'elle allait être un objet de risée pour celles dont
                                                                    elle s'était si souvent moquée, elle résolut de faire périr
                                                                    elle-même  ses  enfants  avant  que  la  nouvelle  de  leur
                                                                    naissance se répandit dans le pays, et elle alla les noyer
                                                                    dans  une  petite  fontaine  qui  se  trouve  à  200  mètres
                                                                    environ de La Tour.
                                                                    Quelque temps après, dévorée de remords, elle voulut
                                                                    entrer en religion pour expier son crime. Avant de dire
                                                                    adieu au monde, elle fit jeter dans la fontaine tous ses
                                                                    trésors et ses bijoux merveilleux, "trois grandes corbeilles
                                                                    pleines".

                                                                    Or, depuis cette époque, bien des gens ont essayé de
                                                                    s'approprier ces trésors en les retirent de la fontaine, Mais
                                                                    la protection divine s'étend sur ce qui fut la tombe des
                                                                    petits innocents et jamais nul n'a pu réussir à tarir la
                                                                    fontaine. Bien plus, dés qu'un incroyant essaye, il s'élève
                                                                    sur tout le pays, en moins de temps qu'il ne faut pour
                                                                    l'écrire,  un  orage  épouvantable  avec  éclairs,  tonnerre,
                                                                    pluie, vent, grêle, qui oblige l'audacieux à s'enfuir au plus
                                                                    vile. L'orage cesse alors comme par enchantement et le
                                                                    ciel redevient immédiatement d'une limpidité parfaite.
                                                                      Etudes Locales, 12e année, N. 113, juillet 1931, pp.
                                                                                              175-176











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