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Charente (16) Vues anciennes - 249
La Lanterne des Morts de Cellefrouin
M. Leproux
Instituteur à Chasseneuil - 1924
Dans le cimetière de Cellefrouin, on trouve un Pendant longtemps on a recherché quel pouvait être
monument. historique très intéressant datant du XI l’intérêt de ces monuments situés généralement dans les
e
siècle. cimetières et élevés au Moyen-Age. D’après les
chroniques et les chartes de l’époque, il ressort
C’est une lanterne des morts qui, de l’avis de plusieurs
évidemment que ces édifices avaient un double but
historiens, est la plus curieuse que nous possédions en
vénérer les morts, et écarter, la nuit, les pèlerins de ces
France. Sa hauteur partant des gradins mesure environ
champs funèbres.
12.50m. Ces gradins supportent un piédestal composé
de quatre assises. Les trois premières sont assez Cependant ces explications ne semblent pas devoir
massives, mais le monument devient plus élancé et plus s’appliquer, tout au moins entièrement, au monument
gracieux à partir de la quatrième qui forme une corniche que nous étudions. En effet, si la lanterne de Cellefrouin
en saillie. se trouve actuellement dans le cimetière, elle n’y était
pas à son origine, car celui-ci date d’une époque assez
L’intérieur du monument est creux jusqu’au sommet; récente.
une ouverture est pratiquée dans le fût, mais le conduit
est si étroit que seul un enfant peut s’y introduire pour D’autre part, une collègue m’a fait remarquer le fait
atteindre la lanterne. Ce fût est formé par huit colonnes suivant chacune des ouvertures principales éclaire dans
accolées, dont quatre grosses correspondant aux la direction des quatre vallées que l’on découvre du
fenêtres de la lanterne, et quatre plus petites. Ces sommet de la lanterne: celle du Son, de la Sonnette, de
colonnes sont munies de griffes à leur partie inférieure, la Bonnieure et de la Tardoire. D’après cette orientation,
ce qui se rencontre très rarement et qui ajoute beaucoup vraiment remarquable, il est donc possible de conclure
d’intérêt au monument. Leur partie supérieure, formée que la lanterne servait dans la nuit, comme point de
par des chapiteaux sans aucune sculpture, est couronnée repère aux voyageurs égarés dans une de ces vallées et
par un clocheton conique rappelant les flèches romanes surtout aux moines quêteurs attardés dans leurs courses,
que l’on trouve parfois dans les églises de la région et car il est bon de dire que Cellefrouin possédait une
que nous appellerons la lanterne proprement dite. abbaye importante, fondée en 1025 par l’évêque de
Périgueux. Nous en reparlerons plus tard, ainsi que de
Elle est constituée par huit. assises ornées de dents
son église et de quelques coutumes intéressantes, en
triangulaires. La dernière de ces assises, qui termine la
étudiant l’histoire de cette commune.
lanterne, est surmontée d’une boule qui supportait une
croix, malheureusement brisée.
Quatre petites fenêtres, correspondant, nous l’avons dit, Etudes Locales, 42 année. nº 38, février 1924, pp. 49-51
aux quatre colonnes les plus grosses, ajourent ce
clocheton. Vers le milieu du cône on remarque
cependant une cinquième ouverture plus petite que les
autres qui n’avait, je pense, d’autre utilité que de laisser
échapper la fumée. Les autres fenêtres avaient pour but
de faire rayonner autour du monument la lumière du
fanal, car nous avons une preuve incontestable qu’une
lampe était attachée intérieurement, au sommet de
l’édifice l’abbé Michon, dans le courant du siècle dernier,
a pu constater qu’un crochet en fer était fixé à la partie
intérieure du fût; je n’ai pu m’assurer s’il y était encore.
Il servait, sans aucun doute, à retenir la corde destinée
à abaisser la lampe quand on voulait l’allumer.
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