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Charente (16) Vues anciennes - 168
Cellefrouin…
“C'était, dit-on, autrefois, une ville immense qui
s'étendait sur les communes environnantes et qui
s'appelait la ville des Lans.
Rien n'appuie cette croyance, si ce n'est, dans la pensée
du peuple, les restes d'un camp antique, quelques débris
de murs oubliés que le paysan déterre en de rares
en-droits et des Chirons, tas de pierres qui masquent
parfois d'anciennes constructions.
En réalité, Cellefrouin est une énigme pour les gens du
pays. Tandis que tous les villages de la région, grands et
petits, sont bâtis sur les hauteurs ou sur les flancs des
coteaux, Cellefrouin seul est au fond de la vallée, dans
un lieu humide, sans soleil et sans vue. Comment les
premiers habitants ont-ils pu se fixer en cet endroit?
A cette question que tout le monde se pose, la légende
seule jusqu'ici s'est chargée de répondre. On raconte
que l'église devait être bâtie sur la hauteur, en plein soleil,
mais que, chaque nuit, le travail de la jour-née était
démoli. Voyant dans ce fait un signe de la volonté du
Ciel, le chef maçon aurait lancé son marteau dans les
airs en s'écriant 'là où mon marteau tombera, l'église
s'élèvera'.
Le marteau tomba sur le bord de la vallée au milieu du
marécage. Néanmoins le chef maçon tint parole et
l'église y fut bâtie. Cette légende n'est point propre à
Cellefrouin. On en trouve une à peu près semblable au
sujet de l'abbaye de Puypéroux...”
Abbé Rousselot, thèse: “les modifications phonétiques
du langage étudiées dans le patois d'une famille de
Cellefrouin en Charente” (chapitre 1: géographie et
histoire, p. 152);
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